La grande aventure du tour du monde : à l'endroit pour Gabart, à l'envers pour Le Blévec
Quelques heures après son départ samedi matin, Yves Le Blévec (Actual), est parti en sens inverse depuis la baie de Quiberon pour un tour du monde à l'envers en multicoque, inédit et insensé, qui devrait durer 90 jours. François Gabart lui devrait mettre moitié moins de temps. Le navigateur a franchi la ligne samedi au large de Brest à 10h05 à bord de son maxi-trimaran Macif, un multicoque de la catégorie des Ultimes mis à l'eau à l'été 2015.
Le vainqueur du Vendée Globe 2012/2013 s'attaque au record établi par Thomas Coville (Sodebo) le 25 décembre 2016, soit 49 jours 3 heures 4 minutes et 28 secondes. Coville avait explosé la marque précédente, à sa cinquième tentative, profitant d'une fenêtre météo exceptionnelle, soit 8 jours de mieux que le temps de Francis Joyon (57 j 13 h en 2008)."Vu le chrono (de Coville), il est peu probable que je le batte mais il y a un espoir et je m'accroche à ça. Je vais tout faire pour", a expliqué Gabart à l'AFP avant son départ.
Pour réussir son défi, le marin de 34 ans doit arriver avant le 23 décembre à 12h09 GMT. "C'est un truc tout bête mais j'en rêve. Depuis trois, quatre mois, régulièrement je rêve de ce tour du monde", a-t-il raconté. C'est seulement la deuxième fois que Gabart part faire le tour du monde en solitaire, et il s'agit d'une grande première pour lui sur un trimaran. Il n'a fait le tour du globe qu'une seule fois, lors de sa victoire sur le Vendée Globe en 2012/2013.
"Je vais en baver"
Et voilà quatre ans qu'il n'a pas navigué aussi longtemps que les 49 jours qu'il a dans le viseur. "Je sais que je vais en baver et savourer dans la difficulté. Je sais que plus ça va aller et plus ce sera dur. Si tout se passe bien, j'arrive cuit. Mon idée c'est de tout donner, sans se donner de limite", a-t-il avancé. "C'est excitant en tout cas. Je ne sais pas trop comment ça va se passer. J'ai l'impression de retrouver des trucs d'il y a quatre ans ou cinq avant le Vendée Globe. Il faut que j'y aille, ce n'est pas rationnel. Je sais que j'ai besoin d'aller faire ce truc-là", a confié le brillant skipper. Gabart sait qu'il n'est pas en mesure d'exploser le record comme l'avait fait Coville, mais il peut l'abaisser d'environ deux jours.
Cette tentative est davantage "une excellente préparation pour la suite," comme l'a souligné Gabart, en référence à la Route du Rhum en 2018 et au tour du monde des Ultimes en solitaire en 2019. Le Blévec avait envie de quelque chose de différent, lui qui n'a jamais passé plus de 20 jours seul en mer. "C'est une sacré aventure, une sacré inconnue. Il y a de belles zones d'ombre et ça me plaît énormément, d'avoir le petit côté pionnier. J'aurais rêvé être un pionnier de l'aviation", a-t-il souligné. Il a passé la ligne samedi à 15h37 pour un périple d'est en ouest, contre les vents et les vagues.
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