Une France ni céleste, ni funeste
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Il fallait s'y attendre, Raymond Domenech ne pouvait aborder cette Coupe du Monde sans créer la surprise. La titularisation de Diaby à la place de Malouda au coup d'envoi, avec pour conséquence l'abandon du 4-3-3 testé lors des matches amicaux pour revenir à un plus classique 4-2-3-1, en est une de taille. Le système fait ses preuves en début de match, que les Bleus, les Blancs pour l'occasion, abordent avec une détermination rassurante. Oubliés les atermoiements des dernières semaines, le bloc français étouffe complètement son homologue uruguayen, complètement sevré de ballons. Diaby justifie pleinement sa titularisation et, dans un style qui n'est pas sans rappeler celui de Vieira, ratisse et remonte nombre de munitions. C'est sur l'une de ses percées que Ribéry peut déborder dans son couloir gauche avant de centre au premier poteau où Govou ouvre malheureusement trop son pied pour tromper Muslera, le gardien de la Céleste (7e). A la dérive, la formation d'Oscar Tavarez se contente de courber l'échine. Si elle est toujours aussi défensive que ses devancières, au moins l'équipe sud-américaine est-elle beaucoup moins truqueuse et provocatrice que celle qui affronta la France en 2002 (0-0). Et autrement plus douée offensivement. Diego Forlan se charge de le rappeler en décochant une frappe soudaine que Lloris boxe difficilement (16e). Les Français ne se laissent pourtant pas impressionner par l'avertissement de l'attaquant de l'Atletico et ripostent par Gourcuff sur coup-franc. Le milieu tricolore tente de surprendre Muslera en frappant direct mais le portier de la Lazio veille au grain (18e). Après ces premières minutes emballantes, le souffle retombe brutalement. La faute à des Uruguayens qui imprègnent un faux-rythme et à des Français qui ne parviennent pas à le briser. S'en suit une fin de première période lancinante où les occasions de vibrer pour les spectateurs du Green Point Stadium sont rares. Pour ne pas dire inexistantes.
Tout reste à faire
Les 45 dernières minutes confirment la tendance à la baisse. Le jeu française s'étiole, Ribéry ne fait pas la différence, Govou est transparent et Anelka continue de dézoner. Difficile de juger en revanche le secteur défensif, tant celui-ci est peu sollicité par des Uruguayens beaucoup trop timorés. Face à tant de frilosité, l'équipe de Domenech continue donc de dominer physiquement, techniquement. Stérilement surtout. Et l'Uruguay, quand elle se décide à sortir de sa coquille, fait toujours passer un frisson, à l'image de cette reprise de Forlan sur une déviation de Suarez, qui frise le montant droit de Muslera (71e). Les rentrées de Henry et de Malouda insufflent bien un peu de sang-neuf dans les rangs tricolores mais l'animation offensive est bien trop poussive pour ébranler le bloc sud-américain. Celui-ci se fissure tout de même à dix minutes de la fin quand Lodeiro, auteur d'un tacle de boucher sur la cheville de Sagna, laisse ses coéquipiers terminer le match à dix. Les coéquipiers d'Evra, en dépit d'une bonne volonté aussi évidente que leur manque de confiance, ne profitent pas de l'aubaine et doivent finalement se contenter du match nul. Raymond Domenech avait prévenu : "Ce premier match n'est pas décisif". Pas faux au vu des évènements où tout reste donc à faire dans ce Groupe A avec quatre équipes qui se partagent les points. S'il faut trouver un signe vraiment encourageant pour l'équipe de France, on peut se dire que les Bleus avaient débuté leur Mondial 2006 par un 0-0 face à la Suisse avant d'accéder en finale. On connaît la suite...
Julien Lamotte
Yoann Gourcuff : "C'est un résultat un peu décevant surtout qu'on aurait pu faire la différence quand l'Uruguay a été réduit à dix. Il y avait vraiment la place pour marquer. On a essayé de créer du décalage mais on s'est parfois un peu précipité et on a également manqué de réussite."
Patrice Evra : "Je suis vraiment fier de l'équipe, je pense qu'on a fait une bonne prestation. C'est le premier match, il fallait le gagner mais je suis confiant, je suis vraiment confiant pour la suite. On a eu l'emprise du jeu et on méritait vraiment de gagner ce soir."
Raymond Domenech : "C'est frustrant quand on est comme ça, qu'on pousse, qu'on pousse et qu'on se dit: +Il faut que ça rentre+. Mais on est aussi en train de se dire: +Pourvu qu'il n'y ait pas un contre malheureux+ parce que ça aurait été vraiment, par rapport au niveau de ce qu'on a mis dans ce match, vraiment décevant. C'était très crispant mais il y avait quelque chose, il s'est passé quand même quelque chose avec ceux qui sont rentrés, avec ceux qui étaient là, ce rythme qu'on a pu mettre... C'est dommage... J'allais dire que c'était presque un beau 0-0, j'aurais préféré que ce soit un mauvais 1-0. On a eu un adversaire en face, et vous le verrez dans les prochains matches, qui est solide, qui défend bien, qui sort vite et on a su le contrer dans son jeu. On a réussi à l'empêcher de développer pratiquement toutes ses actions. Au niveau du collectif, on a été vraiment performants."
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