Un Comité exécutif de crise, dans l'ombre de Blatter et Platini
Cette réunion d'urgence a été décidée le 9 octobre au lendemain du énième séisme qui a secoué la Fédération internationale avec la suspension pour 90 jours de Blatter et de Platini, jusque-là le grandissime favori à la succession du Suisse en poste depuis 1998. La cause? Un versement controversé de 1,8 million d'euros du premier au second en 2011, pour lequel Platini a reconnu lundi dans un entretien au Monde qu'il n'y avait pas de contrat écrit. Ce comité marque un tournant majeur: c'est "le premier comité exécutif sans ma présence depuis 40 ans", a expliqué Sepp Blatter, entré à la Fifa en 1975, vendredi à la Radio RROTV.
L'absence forcée de Blatter et Platini, les deux poids lourds du football mondial - Fifa et UEFA - est en soi un événement d'ampleur et symbolise à elle seule la crise sans précédent qui touche l'institution. Il n'y a cependant pas de révolution à attendre de ce CE, qui sera dirigé par le Camerounais Issa Hayatou, président par intérim de la Fifa, et au cours duquel seront dévoilées les premières recommandations de la commission des réformes censée restaurer la crédibilité d'une institution sérieusement malmenée ces derniers mois. Plusieurs pistes sont possibles: limitation du cumul des mandats du président (proposition rejetée par la Fifa en 2014) ou une transparence accrue sur les rémunérations des dirigeants.
A la recherche d'un "plan B"
Même si rien n'empêche la question d'être abordée, le report de l'élection présidentielle ne figure ainsi pas à l'ordre du jour, une unanimité semblant se dégager pour son maintien à la date prévue. L'UEFA a estimé jeudi qu'elle ne devait pas être reportée. Le prince jordanien Ali, l'un des deux candidats officiellement déclarés (avec Michel Platini), a aussi plaidé en ce sens, pour ne pas générer d'"instabilité". "Je ne crois pas que ce congrès (électif) sera repoussé", a de son côté jugé Blatter vendredi.
C'est surtout en coulisses que les débats et les tractations seront les plus nourris. Le CE sera en effet l'occasion pour l'UEFA de sonder les autres Confédérations et de voir si un "plan B" est possible au cas où les affaires tourneraient définitivement mal pour Platini. Les Européens pourraient alors soutenir un candidat issu d'une autre Confédération ou faire émerger un autre Européen. L'entrée en lice éventuelle du patron du football asiatique, le cheikh bahreini Salman ben Ibrahim al Khalifa, vice-président de la Fifa, pourrait ainsi rebattre les cartes.
Un calendrier qui s'accélère
Le temps presse à 5 jours de la date-butoir pour le dépôt des candidatures (le 26 octobre) et les choses pourraient rapidement s'accélérer. La décision de la chambre de recours de la Fifa, saisie en appel par Platini et Blatter, pourrait intervenir cette semaine, selon une source proche du dossier interrogée vendredi par l'AFP. Si la décision lui est défavorable, Platini a déjà déclaré vouloir saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne et l'UEFA a réclamé jeudi "une décision finale sur le fond au plus tard mi-novembre" pour que son patron puisse faire campagne s'il est finalement blanchi. Mais les difficultés ne s'arrêteront pas là pour Platini. Le coup de grâce pourrait venir de la commission électorale de la Fifa qui doit valider, ou non, sa candidature.
Or le panel chargé du volet intégrité des candidats est composé des mêmes personnes qui l'ont suspendu. Et on les voit mal se déjuger. Au-delà de la sentence sportive, Platini pourrait aussi être forcé à renoncer par la justice suisse, qui l'a entendu comme témoin assisté dans l'affaire du versement controversé. Blatter, lui, a le statut de prévenu. Ce climat délétère a été encore un peu plus alourdi par les soupçons de corruption autour de la désignation du pays-hôte du Mondial-2006, organisé par l'Allemagne. Le parquet de Francfort a décidé lundi de se pencher sur la procédure d'attribution. Encore un dossier explosif pour le CE.
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