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Tsonga: "Je crois en moi"

Premier Français à atteindre les quarts de finale des quatre tournois du Grand Chelem, Jo-Wilfried Tsonga était simplement ravi de s'être sorti des griffes de Wawrinka. Et c'est désormais le N.1 mondial, Novak Djokovic qui s'avance devant lui.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
Jo-Wilfried Tsonga

- Revenons sur hier soir et ce début de 5e set avant l'interruption. Comment avez-vous vécu cela et comment vous êtes-vous préparé mentalement pour cette matinée ?
Jo-Wilfried Tsonga:
"La journée d'hier a été difficile. Il faisait noir et à la fin, il était difficile de continuer. Le juge de chaise a décidé d'interrompre la partie. Je ne sais pas si c'était bon pour moi. De toute façon, c'était comme ça. Aujourd'hui, je suis rentré sur le court avec un bon état d'esprit. J'ai bien dormi, j'ai passé une bonne nuit et ce matin, j'étais prêt à reprendre la partie."

- Expliquez-nous vos émotions aujourd'hui, quand vous êtes entré pour jouer peu de temps et gagner rapidement.
JWT:
"Oui, c'était très intense parce que le match a été interrompu hier. Et toute la nuit, ce matin, j'ai pensé à ce que j'allais faire, comment j'allais jouer. Est-ce que je vais gagner ? Est-ce que je vais perdre ? Lorsque j'ai remporté le dernier point, je me suis senti libéré. C'est pour ça que j'avais beaucoup d'émotions."

"Complètement rincé"

- Jo, avant le tournoi, vous avez dit : "Aucune chance qu'un Français gagne les internationaux de France cette année". Que dites-vous aujourd'hui ?
JWT:
"Toujours la même chose. Je ne suis encore qu'à 30 % du parcours et le plus dur reste à venir. Avant le tournoi, ce que je disais, c'est qu'à l'heure actuelle, personne n'est en mesure de remporter ce tournoi pour le moment car on n’a jamais remporté un tournoi sur terre battue. Peut-être qu'un jour, cela se produira."

- Vous avez fait un échauffement spécial pour arriver en état de semi fatigue sur le court ou transpirant ?
JWT:
"Complètement, j'étais rincé ! J'avais fait un bon échauffement. Je suis arrivé sur le court, j'avais déjà les gouttes qui tombaient. J'étais déjà chaud, presque même trop chaud. Je voulais tout de suite en découdre. J'ai fait une préparation en fonction de ce que je devais faire, c'est-à-dire jouer quelques jeux encore."

- Sur le court, vous avez dit que c'était une victoire mentale, une guerre des nerfs. Par quel état êtes-vous passé et comment avez-vous réussi à gérer vos émotions ?
JWT:
"Oui, depuis hier soir, cela trotte dans ma tête, cela n'arrête pas. Tu dis : Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Qu'est-ce que je peux mieux faire ? Est-ce qu'il faut que j'arrive chaud ? Est-ce qu'il faut j'arrive détendu ? Ou vaut-il mieux être relax  pour bien aborder le truc ? Toutes ces questions me passaient par la tête hier. Quelque part, c'était un peu un supplice jusqu'au moment où finalement, j'ai tapé ma première balle, je me posais quand même 100 000 questions. J'avais vraiment envie de gagner ce match. Cela a été difficile. Je n'arrêtais pas de sautiller sur le match tout simplement parce que j'avais les jambes qui ne tenaient pas très bien. Je préférais plutôt les activer, plutôt que de rester trop impassible."

"Le tennis, c'est une guerre"

- Vous avez l'impression d’avoir évolué dans vos intentions quand vous avez été agressif ? Début du cinquième, ce qui fait la différence par rapport à l'année dernière, c’est que vous êtes de nouveau rentré dans le court.
JWT:
"Oui, je suis de nouveau rentré dans le court. Le tennis, c'est une guerre, un gagne terrain. C'est souvent celui qui va être plus dans le terrain qui va gagner. Quand l'adversaire arrive à prendre le pas sur le jeu, c'est lui qui domine et inversement. Le but du jeu est de trouver la bonne tactique ou la faille qui fait que tu arrives à être plus souvent que l'autre dans le terrain. Il se trouve pendant 2 sets, j'étais bien. Après, il a eu une super phase où il a joué un super tennis. Il s'est mis à me gêner avec son revers le long de la ligne et à jouer beaucoup le long de la ligne, ce qui m'empêchait d'être dans le terrain. J'étais obligé de reculer pour aller chercher les balles sur la droite. Il m'a fait mal. Dans le cinquième set, j'ai décidé de couper court à tout cela,  quitte à perdre, au moins à aller prendre la balle encore plus tôt au retour, encore plus tôt dans tout. Cela a fonctionné. C'est le tennis ! Je sais très bien que quand je suis dans le terrain, c'est là où je fais le plus mal, quand je n'y suis pas, je suis le plus mauvais. Mais ça ne tient pas qu'à moi. J'ai un jeu où quelque part je prends beaucoup de risques. Je fais des grosses erreurs. Parfois, c'est difficile parce que quand on joue devant son public et que l'on fait de grosses erreurs, souvent les gens ne comprennent pas. Il y a toute la peine du monde qui nous tombe dessus. Finalement, c'est bien joué, c'est mon jeu. C'est évident qu’il faut que je continue et que je ne me dise pas : « J'ai du déchet, alors je recule ». Dans ces cas-là, j'ai un peu point moins de déchets mais je subis tellement qu'au bout d'un moment, je ne suis plus dedans."

- C'est une première pour vous d'aller en quarts de finale à Roland Garros. Cela fait quoi ?
JWT:
"Je suis heureux d'être en quarts de finale. Pour un joueur qui n'est pas censé être bon sur terre battue, c'est déjà une bonne étape. J'espère que je vais continuer. Je crois en moi, je crois en ce que je fais depuis que je suis tout jeune, je me bats. Je n'ai jamais été le plus doué de ma génération. J'étais bon mais je n'ai jamais été le plus doué. Je n’ai jamais été le joueur qui avait le plus de « talent » Je donne tout ce que j'ai et j'espère que cela va continuer à me sourire comme ça me sourit depuis quelque temps."

- Demain, c'est Djokovic, ce sera le onzième match. Vous avez gagné 5 fois.
JWT:
"Ce n'est pas de vraies statistiques. J'ai gagné 5 fois il y a 10 ans. Il faut compter le nombre de fois où je l'ai battu les dernières fois que l'on s’est rencontré. Ça ne fait pas beaucoup. Cela va être un match très compliqué. Je vais me jeter dans la bataille comme un lion. On verra ce que cela va donner. Je vais tout faire pour lui donner un maximum de fil à retordre."

"Rien à perdre contre Djokovic"

- A Rome récemment et il vous a battu. Pensez-vous que cette fois-ci, vous aurez l'avantage de jouer à la maison ?
JWT:
"De toute façon, ce sera différent. Tous les matches sont différents. Vous ne savez pas comment se sentira votre adversaire, comment vous vous sentirez. De toute façon, ce sera différent parce que je serai devant mon public. C’est trois sets à gagner et c'est un match en 5 sets. C'est différent. Ce sera plus dur pour lui parce que lui a besoin de gagner. Pour moi, pour l'instant, j’ai réalisé mon meilleur résultat jusqu'à présent. Tout ce qui est à venir, c'est du plus. Bien entendu, je serai libéré sur le court parce que je n'aurai strictement rien à perdre contre ce joueur qui est numéro un mondial. De toute façon, je pense que la pression sera sur ses épaules. "

- Quel enseignement du match de Rome avez-vous tiré pour demain, ces interdictions de reculer par rapport à ce que l'on disait tout à l'heure ?
JWT:
"Je pourrai reculer mais pour mieux avancer ! Pour moi, cela va être important de pouvoir le repousser, de temps en temps de le faire décrocher de sa ligne. Et pour le faire décrocher de sa ligne, il faudra que je joue assez profond et que je prenne les choses en main dès le retour. Le retour, cela va être important pour moi de varier, de venir parfois très tôt et de temps en temps de prendre un peu plus derrière pour arrondir et vraiment essayer de le faire sauter de sa ligne. Et Rome, cela a été un match où il y a eu un énorme premier set. Je ne suis pas passé loin dans le premier set. Ensuite, cela a été difficile. Voilà, point final."

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