Tsonga a la défaite joyeuse
Salle de presse du court Philippe-Chatrier. 18h15 précises. Jo-Wilfried Tsonga se présente devant une trentaine de journalistes. Le Français aurait toutes les raisons du monde d’avoir le masque. C’est d’abord ce qui transparaît de son visage. Mais très vite, Tsonga se décrispe. Comme si cette demi-finale de Roland-Garros perdue 1h15 plus tôt était déjà rangée dans la boîte à souvenirs. Dans la boîte à bons souvenirs, même. Car au moment de jeter un coup d’œil dans le rétro, au moment de dresser un bilan de sa quinzaine parisienne, le 15e joueur mondial retient ceci : ces Internationaux de France l’ont reboosté. Remis sur les rails après un début de saison tronqué par les pépins physiques. "Ce qui prédomine, souligne Le Manceau, c’est le fait de me dire : ‘Ça avance’. Après tous les pépins que j’ai eus, je suis de retour au plus haut niveau. A un moment donné, quand on bosse, quand on est sérieux, les résultats reviennent."
Durant ses treize minutes d’interview, Tsonga a varié son jeu. D'abord campé sur sa ligne de fond de court, pour reconnaître "un peu de déception" d’avoir échoué face à Stanislas Wawrinka. "Oui, j’aurais aimé aller plus loin." Mais, admet-il, le Suisse "a été meilleur". "Dans le premier set, développe-t-il, Stan m’empêchait d’être agressif. Les balles m’échappaient un peu. A un moment donné, dans le deuxième set, il a baissé un peu. Ça m’a permis de sortir la tête de l’eau. Sur l’ensemble du match, il a été plus réaliste." C’est sûrement la seule contrariété de sa deuxième demi-finale sur la terre battue parisienne : Tsonga n’a concrétisé qu’une seule de ses dix-sept balles de break. "C’est vrai que j’ai eu pas mal d’occasions. Je n’ai pas su les saisir quand elles se sont présentées. J’aurais dû être plus opportuniste."
Deux fous rires coup sur coup
Ce mea culpa, il l'exprime sur un ton empreint de fatalisme. Sans se réfugier derrière la chaleur étouffante du Central, "qui ne l'a pas spécialement gênée". Ni derrière une ambiance qui aurait pu s'électriser davantage. "Le public a été top. Il m'a applaudi à ma sortie du court. C'est un vrai signe de reconnaissance." D'où, sans doute, ces multiples sourires esquissés en conférence de presse. Elle tourne presque à la comédie lorsqu’il est interrogé sur ce "Calme-toi ! Calme-toi ! La vie est belle" lâché dans le quatrième set. "Je ne me disais pas ça à moi. Je disais ça à quelqu’un qui me criait dessus avec tellement d’entrain. Je lui disais : ‘tranquille’, ‘tranquille’." Fou rire dans l’assistance.
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Même scène lorsqu’un journaliste dresse un parallèle entre l’éclosion tardive de Wawrinka et la trajectoire de Tsonga. "Pourquoi Stan a fait la bascule et pas moi ? Si je le savais, j’aurais agi depuis longtemps… " Nouvelle hilarité générale. Il est 18h28 dans les méandres du Central. La conférence de presse touche à sa fin. Tsonga la conclut par cette confidence, pleine d’espoirs à l’heure de troquer la terre battue pour sa surface de prédilection, le gazon : "Je suis pressé d’attaquer la suite. J’espère ne pas m’arrêter là. Que physiquement, je vais tenir le coup. Que je pouvais jouer un peu plus et répéter ce genre de situations." Rideau. Son Roland-Garros. L'interview aura duré treize minutes chrono.
VIDÉO : La réaction de Tsonga sur le plateau de France Télévisions
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