Lessprinteurs sont apparus très vite dans le Tour de France. Dans lesannées 1930, ils sont synonymes d'élégance aussi bien sur leurvélo qu'en ville. Parmi les noms célèbres de l'époque : l'ItalienRaffaele Di Paco, le Français Charles Pélissier qui – outre sesvictoires au sprint – a comme fait de gloire d'avoir lancé la modedes gants blancs et des socquettes assorties. Il y a également AndréLeducq, surnommé "Dédé gueule d'amour et muscles d'acier"qui remportera les Tours 1930 et 1932.Après-guerre,Rik Van Loy devient précurseur du sprint moderne, en profitantnotamment de l'aide de ses coéquipiers pour s'imposer. Mais le grandnom des années 50 est Français. C'est le "lévrier des Landes": André Darrigade. Considéré comme l'un des plus grands sprinteursde tous les temps, il remporte notamment 22 étapes du Tour et,ramène par deux fois le maillot vert à Paris en 1959 et 1961.Lanaissance du maillot vert Cemaillot vert, qui récompense le meilleur sprinteur, a été créé en1953, pour le cinquantenaire du Tour de France. Et c'est le SuisseFritz Schaer qui le remportera pour la première fois. Depuis, ildonne lieu à une féroce bataille entre toutes les équipes. Et àce jeu là, ce sont les Belges qui gagnent avec 19 victoires loindevant les Français et les Allemands.L'èremoderne est peuplée de véritables spécialistes de la discipline.Les cuisses épaisses, ils font valoir toute leur puissance et leurexplosivité sur une très courte distance. Parmi ces rois du sprint,il y a l'Ouzbek Djamolidine Abdoujaparov – l'express de Tachkent –(trois maillots verts). L'Allemand Erik Zabel (six maillots verts),l'Australien Robbie McEwen (trois maillots).Etdans cette liste, l'un fait presque figure de caricature du sprinteurmoderne, Mario Cipollini. L'Italien compte 12 victoires d'étapes surle Tour mais n'a jamais emmené le maillot vert à Paris. Il apresque tout le temps mis pied à terre dès les premiers cols dehaute-montagne quand il ne finissait pas hors délais.Cessprinteurs sont d'ailleurs parfois accusés d'uniformiser les étapesde plaine avec un scénario écrit à l'avance. L'étape part, descoureurs s'échappent puis peu à peu le train des équipes de sprintrattrape le retard pour permettre à leurs champions de s'affronter.Lalégende dans la douleur Maiscomme souvent avec le Tour, la légende s'est écrite à travers desdrames. Car sprinter est dangereux. À deux cents mètres de la ligned'arrivée, les coureurs sont au coude à coude, les roues sefrottent, les champions frôlent les barrières. En 1958 lors dusprint final, André Darrigade percute ainsi le jardinier du Parc desPrinces qui mourra quelques heures plus tard.En1991, là aussi lors des derniers hectomètres du Tour, Abdoujaparovest victime d'une terrible chute sur les Champs Élysées : il heurteune barrière et tombe. Il conservera néanmoinsson maillot vert.Terribleégalement, la chute de Laurent Jalabert à Armentières en 1994. LeFrançais tombe en heurtant le Belge Willfried Nelissen qui avait lui-même percuté un policier imprudent qui voulait prendreune photo. Laurent souffre de multiples fractures. Et il le raconteraplus tard, cet accident a bouleversé sa carrière; Après 1994,Laurent Jalabert ne participera plus qu'à des sprints occasionnelsdevenant un vrai grimpeur.