Le jour où les échappées sont apparues sur le Tour
Ils sont souvent sur le devant de la
scène, aiment accélérer et faire la course en tête. Ils
s'échappent parfois dès le premier kilomètre avant de rouler en
petit groupe pour tenter d'arracher la victoire d'étape. Ces
cyclistes, ce sont les rouleurs. Ils sont apparus dès le départ du
Tour, même si, à l'époque, la notion de peloton n'existait pas
comme maintenant.
"Un bon rouleur, c'est quelqu'un
qui aime être échappé avec d'autres, en petit comité. Être
devant sur le Tour de France, avec tout le public qui vous encourage,
ça fait plaisir" , explique Christian Palka, spécialiste du vélo
à Radio France et ancien coureur professionnel. "Ce sont avant tout
de bons bourricots, des 'roule-toujours'. Ils font le boulot à un
rythme élevé mais régulier" , précise-t-il dans ce jargon propre
au cyclisme.
Mais un bon rouleur n'est pas seulement
un dur au mal. C'est également un coureur qui a un sens aigü de la
tactique. "Il faut avoir du pif, sentir la bonne échappée" ,
raconte Christian Palka. Car être échappé est une science. Pour
rouler vite et bien, il faut être certain d'être avec les bonnes
personnes. Celles, par exemple, qui ne sont pas dangereuses au
classement général et qui vont faire leur part du travail. "Le
pire dans une échappée, c'est le poisson pourri" , explique
Christian Palka.
Des échappées de plus en plus contrôlées
Cette caste – les coureurs finissent
par se connaître à force d'être ensemble devant – a, comme pour
les sprinteurs et les grimpeurs, ses grands noms. Jean Stablinski,
coureur des années 50 et 60 était un spécialiste de la discipline. Il était par exemple capable de casser une première échappée
s'il sentait que quelqu'un pouvait le battre à l'arrivée puis d'en
relancer une avec les bonnes personnes. Dans les années 70,
Jean-Pierre Danguillaume animait régulièrement le peloton.
D'autres grands noms garnissent le mur
des célébrités de ces cyclistes à la mentalité si particulière.
Dans les années 90, Jacky Durand a suscité les applaudissements et
l'engouement du public avec ses longs raids solitaires. Actuellement
Pierrick Fedrigo et Jens Voigt aiment être devant.
Reste qu'au fil du temps, le peloton,
emmené par les équipes de sprinteurs, laisse de moins en moins de
place aux échappées. Les sprinteurs ont comme un chrono couplé à
un GPS dans la tête et savent parfaitement gérer ces échappées
pour les rattraper au bon moment et s'expliquer entre-eux. Depuis le
début du Tour, aucune n'est arrivée au bout lors d'une étape de
plaine.
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