Dans quels genres d'hôtels dorment les coureurs du Tour de France ?
L'organisateur de la course se charge de répartir les équipes dans les établissements. Du 2 au 4 étoiles, tous sont tenus de respecter un strict cahier des charges.
Richie Porte a fait grand bruit lors du Tour d'Italie 2015. Pendant que ses coéquipiers couchaient à l'hôtel, le leader de la Sky dormait dans un camping-car tout équipé, garé sur le parking. Face au tollé suscité par ce traitement de faveur - car, oui, c'en est un -, la presse a été conviée à bord, dans une opération de communication transparence. L'équipe Sky a quand même dû renoncer à faire bénéficier Christopher Froome du même dispositif sur la Grande Boucle, indique CyclingPro.
Obligation de dormir à l'hôtel prévu
Peu avant le départ, l'Union cycliste internationale (UCI) a clarifié en urgence le règlement : "Les organisateurs doivent assumer les frais de pension des équipes de la veille du départ jusqu’au dernier jour ; les coureurs doivent loger dans les hôtels mis à disposition par l’organisateur durant toute la durée de l’épreuve." Vexé, Chris Froome a publié la photo d'une nuit d'étape passée sur le sol, lors d'un précédent Tour de France. "Davantage de ça cette année ! Bravo l'UCI."
#FBF to that time I slept on the floor at the TDF.. More of that this year! Good going @UCI_cycling #progress pic.twitter.com/xAN1yaynbP
— Chris Froome (@chrisfroome) 19 Juin 2015
Une moyenne de standing et un traitement équitable
Le leader de la Sky exagère sans doute. C'est l'organisateur A.S.O. qui gère les hébergements pour les équipes. Et s'il est parfois difficile de trouver des 4 étoiles pour l'intégralité des 22 équipes, les organisateurs tentent de respecter une moyenne. Mais les heureux d'un jour ne le sont pas toujours, toutes les équipes étant logées à la même enseigne. "Sur la totalité de la Grande Boucle, A.S.O. s’arrange pour que la totalité des équipes soient logées dans des hôtels de 2,5 étoiles de moyenne, expliquait l'ancien intendant des coureurs du Tour de France, interrogé en 2012 par L'Avenir. D’un quatre étoiles, on peut donc passer à un deux étoiles le lendemain…" Bonne pioche pour la Movistar, en 2013.
Dejamos atrás el magnífico Château de la Bourdaisière rumbo a la salida de hoy. No hubo sustos por la noche! :-) #TDF pic.twitter.com/b6Eap40wMk
— Movistar Team (@Movistar_Team) 12 Juillet 2013
Autre exemple : le 6 juillet, lors de la nuit en Belgique, quatorze équipes ont séjourné dans un établissement quatre étoiles (Eurotel, Van der Valk, Château des Thermes de Chaudfontaine, Ramada Plaza City Center, Posthotel), six dans un hôtel trois étoiles (Château de Limont, Hove Malpertuus, Park Inn Liège Airport), et deux ont passé la nuit au Campanile de Liège, classé deux étoiles. Les coureurs commentent parfois avec humour leurs nuitées. Quelques jours plus tard, Gregory Rast (Trek) publie cette vue imprenable sur les toilettes, depuis son lit. "Ibis ?", lui répond alors son coéquipier Yaroslav Popovych, absent du Tour. "Non, Kyriad."
My bed view tonight! Perfect I don't need to stand up in the night in case I need to pee!! pic.twitter.com/kGUUV6CpTJ
— Gregory Rast (@gregory_rast) 8 Juillet 2015
Les hôtels soumis à un cahier des charges précis
Une équipe cycliste compte environ 35 personnes, coureurs et staff compris. Tous les établissements retenus par l'organisation doivent répondre à un cahier des charges très précis de cinq pages, avec un déroulé heure par heure. Le jour de l'arrivée des coureurs, à midi, "l'intendant accompagné de notre cuisinier italien passera juste avant l'arrivée des équipes pour mettre au point les derniers détails", précise la copie consultée à Arras par 20 Minutes. Et dès l'aube, le lendemain, les mécaniciens "apprécieront un café avant de prendre le petit-déjeuner complet avec le reste de l'équipe". Malgré tout, une petite sortie de route est toujours possible. Demandez plutôt à Gert Steemans, triste lauréat en 2013 d'une chambre équipée d'une fenêtre branlante et de recoins moisis.
Great hotel today! #TdF2013 pic.twitter.com/lqpNsrPirE
— Gert Steegmans (@GertSteegmans) 18 Juillet 2013
Mais les établissements doivent aussi composer avec les demandes spécifiques des équipes. Astana doit passer la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juillet au Ty-Lann de Saint-Avé (Morbihan), un établissement deux étoiles. La pression est sur les épaules de la gérante, rapporte Ouest France, car elle devra fournir plusieurs mets, dont des crevettes roses décortiquées et des avocats mûrs en lamelles. Sans compter une vinaigrette réalisée à l'huile de colza première pression et coupée à l'eau. Attention, un chef sera là pour vérifier. "On nous a surtout demandé des légumes, des salades de fruits et plusieurs types de pains différents", confie l'hôtel Ibis de Cambrai, cité par La Voix du Nord.
Pas toujours évident de trouver un logement en montagne
L'installation des équipes pose également des problèmes logistiques, d'autant que certaines comme Bretagne-Séché Environnement, disposent d'une cuisine mobile, qu'il faut caser sur le parking. Sans compter le manque de place, alors qu'il faut loger 4 500 suiveurs (coureurs, journalistes et organisateurs compris). "Pour les étapes qui s'achèvent dans l'est des Pyrénées, l'hébergement peut aller jusqu'à Toulouse", expliquait l'organisation à francetv info.
De bien petits tracas, à entendre l'ancien cycliste Raymond Poulidor, dans les colonnes de Metronews : "Je me souviens qu'après une journée sous la pluie, on dormait sous la tente ou sur des lits de camp, dans des collèges (...). Celui qui se payait un hôtel était mis hors-course." A la guerre comme à la guerre.
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