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Chris Froome n'est pas la tasse de thé des Anglais

REPORTAGE | Des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sur les Champs-Élysées à Paris pour l'arrivée "champagne" du dernier Tour de France. Une arrivée au crépuscule pour clore de manière exceptionnelle cette centième édition de la Grande Boucle. Et dans le public, de nombreux drapeaux britanniques. Des supporters venus pour Chris Froome, un peu, mais surtout pour Mark Cavendish.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (BS Radio France)

L'an dernier, lors de la première victoire anglaise sur le Tour
de France, la Grande-Bretagne s'était littéralement prise de
passion pour Bradley Wiggins. Drapeaux, produits dérivés,
l'Angleterre avait succombé une véritable Wiggomania. Cette année,
l'engouement est beaucoup moins fort pour Chris Froome. Un simple "Anglais d'adoption" pour bon nombre de ses
compatriotes.

Ainsi, au bord des Champs-Élysées, Mickaël et Frank arborent
fièrement leur "Union Jack", le drapeau Anglais. "Nous sommes là
pour Mark Cavendish"
, explique Mickael venu spécialement à Paris pour voir son champion remporter une
cinquième victoire d'affilée sur les champs. C'est loupé
puisque le natif de l'île de Mann a été coiffé sur la ligne par
l'Allemand Marcel Kittel. Néamoins, pas question de reporter leur
fougue sur le vainqueur du Tour. "Chris Froome, on ne l'aime
pas trop
", explique Frank qui poursuit :

"Il n'est pas vraiment
Anglais dans son coeur, il a juste un passeport britannique."

Né loin de la Grande-Bretagne

Car Christopher Froome est né il y a 28 ans loin de la Grande-Bretagne.
À Nairobi, au Kenya. Il a ensuite fait une partie de sa scolarité
en Afrique-du-Sud – il parle d'ailleurs anglais avec l'accent du
pays - avant d'être recruté par une équipe de vélo sud-africaine.
Il ne prendra la direction de l'Europe, puis la nationalité
britannique que sur le tard. Un homme qui vit désormais sur les
hauteurs de Monaco.

David Millar, l'un des Britannique du peloton, ne voit pas
véritablement Chris Froome comme un compatriote : "Pour
moi aussi il est Kenyan et je pense qu'au fond de lui, il est Kenyan.
Sa nationalité, il l'a eue grâce à sa licence britannique."
David Millar apprécie toutefois le coureur et l'homme :

"C'est
un beau vainqueur, un homme très gentil et un vrai gentleman."

Tous dans le peloton louent d'ailleurs son caractère en or. À commencer par le manager de la Sky, Dave Brailsford : "C'est quelqu'un de très intelligent, de très très gentil et de très très poli." Et Dave Brailsford de poursuivre :

"On a l'impression qu'on peut le manipuler, mais ce n'est pas le cas !  Dedans il y a un bagarreur,  autrement on ne gagne pas le Tour."

"Il court avec le drapeau britannique, il est Anglais "

John, venu en famille n'est – et de loin pas – anti-Froome.
Toute la joyeuse bande a un T-Shirt floqué "Chris Froome" et la petite
dernière âgée de quelques mois seulement un joli maillot jaune.
"Chris Froome est un très grand champion et il va remporter
plusieurs Tour"
, jure-t-il. "Il est Anglais et grâce à
lui nous entendrons 'God save the Queen ' sur les
Champs-Élysées."

Un peu plus loin, Mark et son amie, qui viennent eux aussi
d'outre-Manche, ont sympathisé avec des Australiens. Tous saluent la
victoire de Chris Froome, une victoire 100% anglaise à leurs yeux.
"Il court avec le drapeau britannique, il est donc
britannique. Il va gagner en plus trois Tours"
, assène
Mark. "C'est un superbe champion" , renchérit Eric,
l'Australien.

Chris Froome va avoir une année pour tester et accroître sa popularité
nouvelle. Dominateur sur le Tour, il a été régulièrement sifflé
par une petite partie du public. Et surtout, il pourra étrenner son
statut de "number one" l'an prochain, dans son pays. En
2014, le 101e Tour de France s'élancera de Leeds, comté de
Yorkshire, en Grande-Bretagne.

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