Toulon et l'Usap au révélateur gallois
Toulon va savoir
Le RCT a été gâté. Toulon pouvait difficilement rêver plus explosifs débuts en Coupe d'Europe que les Irlandais du Munster, doubles champions d'Europe (2006, 2008) et grands favoris de la poule, les entreprenants Gallois de Neath-Swansea Ospreys de Shane Williams, remontés à bloc par leur troisième échec en quart de finale contre Biarritz au printemps dernier et les London Irish, actuels leaders du championnat d'Angleterre et tout aussi revanchards après avoir échoué aux portes des quarts la saison passée malgré leur victoire à Dublin face au Leinster. Les Rouge et Noir, qui évolueront pour l'occasion dans une sémillante tenue bleue et blanche estampillée "Europe", entame leur périple par la réception des Ospreys, la formation phare du pays de Galles.
Pour ce choc, Philippe Saint-André devra se passer du demi de mêlée Pierre Mignoni et du 3e ligne et capitaine Jo Van Niekerk, respectivement blessé à l'aine et relevant d'une angine. Mignoni, victime d'une légère élongation à l'aine, sera remplacé à la mêlée par l'Australien Matt Henjak, tandis qu'Olivier Missoup devrait relayer Van Niekerk, qui cèdera son brassard à Juan Martin Fernandez Lobbe, l'homme à tout faire. Le recours à Henjak oblige Saint-André à ne retenir qu'un seul autre joueur non-communautaire dans son groupe, en l'occurrence l'Argentin. Le règlement n'autorise en effet que deux joueurs de ce profil sur la feuille de match. L'ouvreur argentin Felipe Contepomi et le pilier Néo-zélandais Carl Hayman (remplacé par Kubriashvili) en font les frais. Saint-André a également décidé de laisser au repos le talonneur Sébastien Bruno, qui a disputé la totalité des 9 matches de Top 14, tout comme l'ailier Rudi Wulf, pour la même raison. Ils seront respectivement remplacés par Jean-Charles Orioli et par l'international anglais Paul Sackey, au début de saison hésitant. Les Varois se veulent prudents à l'heure de défier l'un des plus gros morceaux du continent. Une défaite serait problématique dans cette poule où seul le premier devrait obtenir le précieux sésame. Mayol va devoir pousser.
Perpignan pour un coup
Autre confrontation franco-galloise, Llanelli/Perpignan. L'Usap ne pouvait rêver mieux que de retrouver Trévise, où il s'était lamentablement incliné l'an passé ce qui avait plombé d'emblée son parcours, et les doubles champions de Leicester dans leur stade de Welford Road, théâtre d'une promesse non tenue par les Catalans en 2009. Les hommes de Jacques Brunel devront d'abord se méfier des Scarlets de l'ouvreur Stephen Jones, réputée plus faible franchise galloise mais qui reste sur des succès face aux Stade Français et Brive en Coupe d'Europe.
Pour bien démarrer leur aventure, les Champions de France 2009 ont tout intérêt à claquer une performance au Parc y Scarlets, l'antre ultra-moderne de leurs hôtes. Pour ce duel déjà important, Perpignan récupère quelques blessés des dernières semaines comme Britz, Vilaceca, Chouly, Edmonds ou encore Tchale-Watchou. Le 3e ligne samoan Henry Tuilagi, convoqué le 20 octobre devant la Commission de discipline de la Ligue nationale de rugby après son exclusion définitive contre La Rochelle en Top 14, est suspendu dans l'attente de sa convocation. Il manquera également le match du 17 octobre face aux Italiens de Trévise. Un coup dur quand on connaît la force de pénétration du "colosse du Pacifique".
Racing: éviter le courant d'Eire
Les deux autres équipes engagées ce samedi évoluent dans la même poule: il s'agit de Clermont et du Racing. Le leader du Top 14 mais novice au niveau européen, espère jouer les trouble-fêtes dans ce "groupe de la mort". Orphelin de l'entraîneur Michael Cheika, artisan du sacre de 2009 parti au Stade Français, le Leinster de Brian O'Driscoll repart à l'assaut, rassuré par son récent succès contre le Munster en Ligue Celtique venu après un médiocre début de championnat (trois échecs en quatre matches). Les Saracens entraînés par Brendan Venter et son imposante colonie de joueurs sud-africains leur disputeront normalement la tête de la poule avec le Clermont de Morgan Parra, sacré champion de France après un siècle d'attente et qui a fait de la Coupe d'Europe son objectif principal de la saison. Le Racing, en position d'outsider, a tout à gagner à Dublin. Non pas dans le nouvel écrin de l'Aviva Stadium (ex Landsdowne Road) mais sur la pelouse de la RDS Arena. "Si on fixe des ambitions, on limite les joueurs et la capacité du groupe. On parle toujours en termes de progression et d'amélioration. L'ambition est de bien jouer", confie ainsi l'adjoint de Pierre Berbizier, le néo-zélandais Simon Mannix. "C'est le même challenge auquel nous sommes confrontés dans le Top 14", remarque Mannix. "Pour nous, il n'y a rien qui change. Cela reste le haut niveau."
Mais contre un Leinster qui pèse 97 rencontres de H Cup et qui a été sacré champion d'Europe en 2009, la tâche s'annonce rude. Pour compenser ce déficit d'expérience, des internationaux comme Nicolas Durand, Lionel Nallet ou Sireli Bobo peuvent aider tout comme la forme affichée par le (parfois) phénoménal François Steyn. Le Racing misera sur ses points forts: conquête efficace, assise défensive forte et jeu au pied long, sans oublier un jeu d'attaque en progrès. La bonne prestation samedi dernier à Toulouse, champion d'Europe en titre, récompensée par un point de bonus défensif (28-23), a rassuré les Ciel et Blanc sur leur capacité à élever leur niveau et à respecter un plan de jeu. Reste à concrétiser dans la capitale irlandaise en évitant le courant d'Eire.
Clermont croît en son étoile
Clermont est champion de France en titre et a l'expérience de 45 matches européens en sept participations. Les Saracens de Londres en seront à leur 26e match et leur cinquième H Cup. L'affiche fait rêver car elle met aux prises deux des meilleures équipes européennes. Les "Saraboks" de Brendan Venter et sa cohorte de Sud-Africains (14 en tout !) ne débarqueront pas en Auvergne pour faire du tourisme. Avec des éléments de talent comme le demi d'ouverture Derrick Hougaard ou les internationaux anglais Borthwick et Streetle, l'ancien club de Philippe Sella et Thomas Castaignède postule aux plus hautes récompense, titre national et Coupe d'Europe.
Moins connus en France que les Wasps, Leicester voire les Harlequins, les Rouge et Noir possèdent un pack dévastateur que les Clermontois doivent juguler pour ensuite déployer leurs attaquants (Nalaga, Rougerie, Malzieu, Floch). Un échec d'entrée de jeu à Marcel-Michelin serait rédhibitoire pour des "Jaunards" qui rêvent de conquérir l'Europe après avoir conquis le royaume de France. Gageons que Vern Cotter a prévenu tout son monde du piège anglais. La préparation physique de l'intersaison a été programmée pour que les Clermontois arrivent au pic de leur forme en ce mois d'octobre. A eux de le prouver.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.