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Serena Williams: nouvelle éclipse ou fin de règne ?

Dans sa 36e année, Serena Williams a mal débuté sa 21e saison professionnelle sur une mauvaise note. Vaincue dès le 2e tour du tournoi d'Auckland par sa compatriote Madison Brengle, l'ancienne N.1 mondiale n'avait plus connu une sortie de route aussi précoce depuis le tournoi de Bastad en 2015. Un épiphénomène ou le symbole de son proche déclin ?
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Serena Williams éprouvée (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Les trois raisons de sa fin de règne

Un corps fatigué

Une épaule douloureuse avait rendu sa fin de saison chaotique. Serena Williams, après avoir remporté son 22e tournoi du Grand Chelem à Wimbledon à mi-saison, n'a plus été à la hauteur. Battue en 8e de finale du tournoi olympique de Rio, vaincue en demi-finale de l'US Open, ce qui avait causé la perte de son statut de N.1 mondiale, occupée depuis 186 semaines, l'Américaine a arrêté les frais. Pas de Masters, seulement du repos et des soins. Mais ce n'était là que la conclusion d'une saison décevante, même si son défi d'égaler le record de Steffi Graf était relevé. En Australie, Angelique Kerber l'avait privée de ce bonheur en finale, comme Garbine Muguruza à Roland-Garros. A Paris comme sur d'autres tournois, elle a montré quelques faiblesses physiques. Or, c'est la base de son jeu depuis toujours. Et ses résultats l'ont montré: seulement deux titres remportés. Une pitance pour elle, qui en avait raflés 5 en 2015, 6 en 2014 ou 10 en 2013. Il faut revenir à 2011 pour trouver trace d'un aussi petit festin.

Une concurrence plus aiguisée

Depuis sa première accession à la 1re place mondiale, en juillet 2002, Serena Williams a été confrontée à des rivales très différentes. Des puissantes Lindsay Davenport  ou Maria Sharapova, à la technique Justine Henin, des éphémères Jelena Jankovic ou Caroline Wozniacki à la bruyante mais inconstante Victoria Azarenka​, sans oublier sa soeur Venus ou Kim Clijsters et Ana Ivanovic. Mais aujourd'hui, une nouvelle génération est face à elle. Angelique Kerber a 28 ans. C'est elle qui a pris le dessus, grâce à ses deux victoires en Grand Chelem en 2016 (Australie et US Open). Comme c'est souvent le cas en cas de suprématie, l'Allemande, comme d'autres, a façonné une partie de son jeu en fonction de la patronne. Solide en fond de court, puissante, rapide, les ingrédients pour pousser la reine Serena dans ses retranchements physiques, elle dont le déplacement n'a jamais été le point fort. Karolina Pliskova, Garbine Muguruza, Simona Halep, Petra Kvitova, Elina Svitolina ou encore Johanna Konta voire Madison Keys sont sur le même moule. Autant de menaces à même de lui barrer le chemin des victoires.

Un âge avancé et de nouveaux horizons

Le 26 septembre prochain, Serena Williams fêtera ses 36 ans. Elle était devenue la N.1 mondiale la plus âgée (battant Chris Evert, âgée de 30 ans et 11 mois en 1985) lors de son retour sur le trône en 2013. Si redevenir la meilleure du monde reste dans ses cordes comme elle l'avait déjà réalisé après une éclipse entre 2004 et 2006 puis en 2011, cela devient de plus en plus difficile. Et l'annonce, voici quelques jours, de ses fiançailles avec Alexis Ohanian et leur futur mariage, peut laisser penser que l'Américaine se tourne un peu plus vers la suite de sa vie. Avec peut-être des envies de créer une famille. 

Les trois raisons de son retour au sommet

Une longue préparation

Contrainte de faire une croix sur la fin de la saison passée, Serena Williams a passé quatre mois sans compétition. Lors de son élimination à Auckland, elle glissait: "Je n'ai jamais retourné aussi mal - ce qui est un peu frustrant après avoir tant travaillé à l'intersaison". Comme à son habitude, l'Américaine a dû travailler physiquement dans cette période. Et comme on l'écrivait précédemment, son jeu repose sur son physique. En forme, elle n'a pas d'équivalence en terme de puissance de frappe. Et son impact psychologique demeure presque intact face à ses rivales, qui savent qu'elles doivent réaliser un match plein pour la dominer. Alors que ce n'est pas toujours son cas.

Beaucoup de points à marquer

Avec ses deux petits titres (Rome et Wimbledon) et ses 3 finales (Australie, Roland-Garros, Indian Wells) en 2016, Serena Williams est loin de ses standards habituels pour les résultats comme pour le nombre de tournois disputés (8). Du coup, 2017 lui offre de multiples occasions de marquer de gros points, pour peu qu'elle ne fasse pas moins bien dans les tournois du Grand Chelem. Si elle est aujourd'hui distancée de 2000 points par Angelique Kerber, cet écart peut se réduire rapidement. Car l'Allemande a déjà perdu des points cette semaine en étant éliminée en quarts de finale à Brisbane, elle qui était finaliste en titre. Et derrière, la nouvelle N.1 mondiale aura de gros points à défendre à Melbourne, comme à Miami et Charleston (demi-finale) ou Stuttgart (victorieuse). Mais c'est surtout dans la deuxième moitié de la saison que Kerber aura beaucoup à perdre.

L'expérience des retours

Qui se souvient qu'en 2006, quatre ans après avoir atteint la 1re place, Serena Williams flirtait avec la sortie du Top 100 ? Genou opéré, des saisons trouées de longues périodes sans match, elle avait presque disparu des écrans. Mais cela ne l'a pas empêché de revenir, encore plus forte. A 35 ans, elle se connaît parfaitement. Et cette fin de saison tronquée, où elle s'est arrêtée après son élimination en demi-finale de l'US Open, lui rappelle que son corps n'est plus aussi solide qu'avant. Et qu'elle doit en prendre soin. Avec 71 titres en carrière dont 22 en Grand Chelem, la possibilité d'égaler l'incroyable record absolu de Margaret Smith Court (24 titres du Grand Chelem avant l'ère Open) est à portée. Cela devrait suffire pour la surmotiver et lui faire oublier tous les tracas.

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