Tennis : Swiatek et Djokovic d'un côté, Osaka de l'autre... La décision de ne pas attribuer de points à Wimbledon divise les joueurs et les joueuses
L'ATP et la WTA ont décidé, en réaction à l'exclusion des Russes et Biélorusses par le tournoi anglais, de priver celui-ci de ses points.
C'est, pour le moins, une décision controversée. En affirmant qu'aucun point ne serait distribué à Wimbledon, l'ATP et la WTA ont scindé en deux le monde du tennis. Avec cette mesure, les instances dirigeantes du tennis mondial ont voulu réagir à la décision inique du All England Club d'écarter les joueurs russes et biélorusses du tournoi en réaction à l'invasion de l'Ukraine.
Cette sanction n'a pas fait l'unanimité au sein de la communauté des joueurs. La raison de la discorde est simple : l'absence de points risque de bouleverser sérieusement les classements de beaucoup de joueurs et joueuses. Eliminée d'entrée à Roland-Garros, Naomi Osaka a été la première à réagir, lundi 23 mai.
Un tournoi privé de sa substance ?
"Je ne suis pas sûre à 100% d'aller à Wimbledon", a déclaré la Japonaise. Et de se justifier : "J'aurais aimé accumuler de l'expérience sur gazon, mais je suis une joueuse motivée par mon classement, par le fait de le voir monter". Pour l'ex-numéro 1 mondiale, qui n'a jamais été plus loin qu'un 3e tour à Londres en quatre participations, Wimbledon serait privé de sa substance s'il n'y avait pas de récompense sportive sous forme de points.
"Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que si je joue à Wimbledon sans points en jeu, ça revient un peu à une exhibition. Chaque fois que j'ai l'impression qu'un tournoi ressemble à une exhibition, je ne peux tout simplement pas y aller à 100%", a-t-elle ainsi admis. Et de conclure : "L'intention est bonne mais la réalisation, c'est n'importe quoi".
Un avis partagé par certains, dont Marton Fucsovics, quart de finaliste à Londres l'an passé. "Vous êtes sérieux l'ATP ? Je vais passer de la 60e à la 130e place" a pesté le Hongrois. Au delà de la simple considération comptable, cette décision conjointe de l'ATP et de la WTA ne passe pas non plus du côté des joueurs ukrainiens. Sergiy Stakhovsky, qui a rejoint l'armée de son pays, a vivement réagi dès vendredi : "Dire que je suis déçu par l’ATP serait un euphémisme, avait-il écrit. Jamais je n’aurais imaginé que quiconque puisse se tenir du côté des envahisseurs et des meurtriers... Journée honteuse pour le tennis."
Même en cas de victoire, Djokovic pourrait se retrouver 3e mondial après Wimbledon
Dans ce maelstrom de critiques, certaines voix contraires se sont pourtant élevées. Et ce sont des voix qui portent. Celles des deux numéros un mondiaux, Novak Djokovic et Iga Swiatek. Tenant du titre sur le gazon londonien, le Serbe a réaffirmé considérer comme une "erreur" la décision du tournoi visant les Russes et les Biélorusses. "C'est une situation perdant-perdant", a-t-il insisté en regrettant que Wimbledon ou la Fédération anglaise (LTA) n'aient pas cherché de terrain d'entente avec les joueurs et joueuses de ces deux pays.
À titre plus personnel, le manque à gagner en points est considérable pour Djokovic. "Cette année je vais perdre au total 4 000 points d'Australie et de Wimbledon parce que je n'aurai pas été autorisé à les défendre. Donc, évidemment, ça m'affecte très négativement", a rappelé le Serbe qui avait été expulsé de Melbourne avant le début du premier Majeur de l'année, dont il était également tenant du titre, pour avoir refusé de se vacciner contre le Covid-19.
Pour Swiatek, "il y a bien plus de choses importantes que des points"
Malgré cela, celui qui pourrait se retrouver 3e mondial à l'issue de Wimbledon, même en cas de victoire finale, ne compte pas faire pour autant l'impasse. "Les tournois du Grand Chelem demeurent des tournois du Grand Chelem. Et Wimbledon a toujours été un rêve pour moi quand j'étais enfant. Je ne le vois pas au travers du prisme des points ou du prize money", a-t-il déclaré.
Motivation différente mais position identique pour Iga Swiatek. La numéro 1 mondiale fait, quant à elle, passer le message politique avant tout : "Je suis d'accord pour jouer, avec ou sans points. La Pologne soutient l'Ukraine, nous sommes deux nations proches. Il y a bien plus de choses importantes que des points, c'est la façon dont je vois les choses."
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