Victoire de Roger Federer à Wimbledon : "On a l'impression d'écouter une symphonie quand on le regarde jouer"

Roger Federer a remporté dimanche 16 juillet son huitième tournoi de Wimbledon mais aussi sa 19e victoire en Grand Chelem. Le champion suisse "incarne la "perfection" et est "pour le moment, le joueur du siècle, le modèle pour tout le monde", a réagi sur franceinfo Patrick Moratouglou, coach de Serena Williams.

franceinfo : Qu'est-ce qui fait qu'il est à part ?

Patrick Moratouglou : On a la chance d'avoir les deux plus grands champions du monde de tennis qui jouent en même temps, avec 15 titres du Grand Chelem pour Rafael Nadal et 19 pour Roger Federer. Rien ne dit que "Rafa" pourra battre Roger. Rafa est très marqué terre battue. Personne n'a jamais joué comme Roger Federer. Si on devait décrire le joueur idéal, on le décrirait lui. C'est la perfection, et il va continuer à gagner. Revenir à 35 ans passés et gagner deux tournois du Grand Chelem la même année alors que cela faisait plusieurs années qu'il n'y arrivait plus, c'est exceptionnel. Et je pense qu'il en gagnera d'autres.

"Quand Roger Federer change son jeu, il change le jeu" écrit "L'Equipe" dans son édito, est-ce que ça résume bien l'empreinte que laisse le joueur dans le tennis ?

Oui. C'est le joueur du siècle, pour le moment. Ce sera le modèle pour tout le monde, pour toujours. Si on doit décrire le joueur idéal, le jeu idéal, le revers idéal, le coup droit idéal, la manière de bouger sur un terrain, il n y a absolument rien à redire. On a l'impression d'écouter une symphonie quand on le regarde jouer, c'est extraordinaire. En plus, il bat tous les records, je pense qu'il a prouvé à tout le monde qu'il restera unique dans l'histoire du tennis.

Ça ajoute à sa grandeur d'avoir pu répondre aux difficultés ?

Il était dans un échec relatif ces dernières années, il ne gagnait plus. Mais il a fait les efforts nécessaires et les modifications pour revenir au tout premier plan. Il est revenu de nulle part. Aucun observateur de tennis ne pensait qu'il reviendrait, il était en grande difficulté face à Rafael Nadal, comme face à Novak Djokovik qui le battait de plus en plus régulièrement. Il ne parvenait plus à gagner les tournois du Grand Chelem. Pendant trois ans, il a fait des modifications pour répondre aux nouvelles problématiques. Son plan a fonctionné, ce qui est d'autant plus exceptionnel à son âge, à 32 ans. La pression a eu un effet sur lui, mais c'est un effet bénéfique. Il sait l'utiliser à son avantage. C'est inexplicable parce qu'il a su faire en sorte que cette pression monumentale qu'il a eu sur ses épaules ne soit jamais un poids.