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US Open : la bulle anti-coronavirus provoque des allergies

La bulle sanitaire mise en place à l'US Open provoque de nombreux remous entre les joueurs et l'organisation. Benoît Paire, exclu du tournoi à cause d'un test positif positif, dénonce "une fausse bulle" tandis que Kristina Mladenovic se sent traitée comme "une criminelle". A trois semaines de Roland-Garros, les organisateurs suivent le déroulé du tournoi new-yorkais avec attention.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Le Stade Arthur-Ashe vide de spectateurs durant cet US Open 2020. (AL BELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Le premier tournoi du Grand Chelem depuis la reprise de la saison est scruté attentivement par le monde du tennis, et après quelques jours, l'US Open semble tourner au fiasco en terme d'extra-sportif.  La bulle sanitaire, mise en place par la Fédération américaine (USTA) pour organiser au forceps l'US Open malgré la pandémie de coronavirus, provoque des réactions plus ou moins allergiques chez certains joueurs, en particulier dans sa version "haute sécurité".

"Si j'avais su (...), je n'aurais jamais mis les pieds dans ce tournoi"

Mercredi, Kristina Mladenovic a complètement craqué sur le court puis en conférence de presse. Eliminée après avoir mené 6-1, 5-1 et gâché 4 balles de match, la Française s'en est vertement prise à l'USTA. "Si j'avais su que jouer 40 minutes aux cartes, avec un masque, avec un joueur (Benoît Paire) qui a été testé positif - mais finalement négatif - ça aurait entraîné ces conséquences, je n'aurais jamais mis les pieds dans ce tournoi", a-t-elle lâché en comparant sa situation à celle d'une "prisonnière" ou d'une "criminelle".

Pour avoir côtoyé Benoît Paire, qui a été exclu pour un test positif deux jours avant le début du tournoi, la joueuse de 27 ans a en effet été placée dans la "bulle dans la bulle" de Flushing Meadows, où s'appliquent des contraintes bien plus grandes encore que dans le premier cercle du dispositif. Tests quotidiens, isolement, confinement à l'hôtel et surveillance incessante représentent désormais le quotidien difficile de plusieurs joueurs, dont les Français Richard Gasquet, Grégoire Barrère, Adrian Mannarino et Edouard Roger-Vasselin.

"J'ai l'impression d'être Roger Federer"

Mannarino parvient à s'en accommoder. "Peut-être que certains se sentent un peu claustrophobe, moi c'est quelque chose qui ne me dérange pas vraiment. On a tellement l'habitude de vivre dans nos chambres d'hôtel, d'avoir une vie solitaire... C'est un petit peu plus le cas sur ce tournoi", a-t-il souligné.

Barrère, lui, a préféré carrément s'en amuser après sa victoire au 1er tour. "J'ai ma voiture particulière, j'ai des gardes du corps pour aller m'entraîner. Ils nous ont mis dans une pièce écartée : c'est pas comme une loge, mais presque. J'ai l'impression d'être dans la peau d'un Top 5" mondial du tennis, s'est amusé le 93e joueur mondial avant d'oser la comparaison suprême : "Je suis passé d'un "inconnu en Grand Chelem" à "j'ai l'impression d'être Roger (Federer)". "Tant qu'on est dans le tournoi, je ne pense pas qu'on puisse se plaindre", a insisté Mannarino après sa victoire au 2e tour mercredi. D'ailleurs, ce sont bien les éliminés qui se sont montrés les plus virulents contre l'USTA, Mladenovic en tête.

De nombreuses failles dans la bulle sanitaire

Si ce n'est que Novak Djokovic lui-même a reconnu que les conditions de vie dans les hôtels de l'organisation n'étaient pour lui pas acceptables. "Je n'ai pas imaginé une seconde que je pouvais rester dans un de ces hôtels quand j'ai entendu dire que je pouvais avoir la chance de m'installer dans une maison", a-t-il affirmé. C'est d'ailleurs la preuve d'une bulle qui n'en est en fait pas une si au moins un joueur n'est pas contraint de loger dans un hôtel réservé par le tournoi. Les failles sont nombreuses dans le protocole mis en place par l'US Open : un des deux hôtels mis à disposition des joueurs est partagé avec des clients n'ayant aucun rapport avec le tournoi, sans compter que des intervenant sur le site de Flushing Meadows rentrent chez eux le soir...

D'où la menace brandie lundi par Benoît Paire, de "raconter ce qu'il se passe réellement dans cette FAKE BUBBLE (fausse bulle)", il s'est en revanche montré tout en retenue en annonçant mercredi que son dernier test était revenu négatif... "Je vais refaire des tests, mais le dernier était négatif", a-t-il simplement dit sur Instagram.

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S'il s'avère réellement négatif, son cas rappellera furieusement celui du préparateur physique dont le contrôle positif avait placé automatiquement en quarantaine les joueurs Guido Pella et Hugo Dellien, exclus du tournoi de Cincinnati organisé dans cette même bulle de Flushing Meadows juste avant l'US Open. Quelques jours plus tard, un autre test s'était avéré négatif, mais trop tard pour les joueurs qui ont cependant pu participer à l'US Open. Du coup, Pella s'en était pris à l'USTA qu'il avait accusée "de changer les règles" puisque les joueurs ayant côtoyé Paire avant l'US Open avaient été autorisés à jouer le tournoi, contrairement à lui et Dellien pour Cincinnati.

L'organisation de Roland-Garros attentive au déroulé du tournoi

A trois semaines du début de Roland-Garros, les organisateurs scrutent avec attention ce qu'il se passe à Flushing Meadows pour déterminer ce qu'ils proposeront à ces joueurs marqués par leur expérience new-yorkaise.

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