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Serena Williams, Victoria Azarenka, Tsvetana Pironkova… C'est le "Mummy Boom" à New York !

Qui a dit que l'on ne pouvait pas être une championne tout en étant mère ? Les exemples de sportives revenues à leur meilleur niveau après avoir donné naissance à un enfant restent encore rares dans la compétition de haut-niveau, et en particulier dans le tennis. Cette édition 2020 de l'US Open voit pourtant les "tenniswo-mères" se signaler tant par leur nombre que par la qualité de leurs prestations.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Serena Williams et Victoria Azarenka lors du deuxième tour du tournoi d'Indian Wells 2019 (ROB PRANGE / SPAINDPPI)

"Un jour, ma fille pourra dire qu'elle était là, qu'elle s'en souvienne ou non." Dans la bulle de Flushing Meadows, l'heure n'est pas au baby blues, bien au contraire. Le tableau féminin 2020 offre un grand suspense et de belles histoires. Comme celles de Serena Williams, Victoria Azarenka et Tsvetana Pironkova, toutes qualifiées ce lundi en quart de finale. Leur point commun : être revenues sur le circuit WTA après être devenues mères. Derrière la grossesse très médiatisée de Williams et les images de sa fille Olympia présente en tribune pour supporter sa maman durant cet US Open, de plus en plus de joueuses font le choix de mener de front leur carrière et une vie avec un enfant, ce avec succès. Jamais trois joueuses devenues mamans durant leur carrière n'avaient atteint les quarts de finale d'un tournoi du Grand Chelem.

Heureux hasard, elles se situent toutes dans la même partie de tableau. Serena Williams et Tsvetana Pironkova se retrouveront ainsi en quart de finale après leurs succès respectifs sur Maria Sakkari et Alizé Cornet. Celle qui sortirait gagnante de cet hypothétique duel pourrait retrouver Victoria Azarenka en demi-finale. Pour rejoindre le dernier carré, la Biélorusse ne part pas avec les faveurs des classements contre Elise Mertens, 18e joueuse mondiale. Cela ne l'a pas empêché de faire tomber deux têtes de série depuis le début du tournoi : Aryna Sabalenka (N.5) au 2e tour, puis Karolina Muchova (N.20) en huitièmes de finale.

Williams a éclairé une voie déjà tracée

"De plus en plus de femmes sont capable d'atteindre leurs rêves tout en équilibrant cela avec leur rôle de mère. Pour moi, elles sont toutes des héroïnes" a expliqué au site officiel du tournoi Serena Williams, à la recherche du dernier titre qui lui permettrait d'égaler Margaret Court dans les annales du Grand Chelem, et son premier sacre d'envergure depuis sa maternité. Elle suivrait là aussi le destin de Court, absente des terrains pendant près d'un an pour donner naissance à son premier enfant avant de mieux revenir et d'écraser le circuit comme si elle n'était jamais partie avec trois titres du Grand Chelem dès son retour en 1972. Avec l'Australienne, seule sa compatriote Evonne Goolagong, et plus récemment la Belge Kim Clijsters, sensationnelle vainqueur de l'US Open 2009 pour son troisième tournoi post-partum, sont parvenues à décrocher des titres du Grand Chelem après une grossesse.

Mise en lumière par la popularité et le palmarès de Serena Williams, cette double casquette de joueuse et mère n'est donc pas nouvelle mais a bien longtemps été une rareté sur le circuit féminin. Tabou, risque de voir sa carrière s'effondrer, pertes financières… Devenir maman a longtemps été vu dans le tennis comme dans l'ensemble du sport mondial un risque pour les joueuses professionnelles.

De quatre à neuf joueuses-mamans dans le tableau de l'US Open en un an

Pour Victoria Azarenka, à la difficulté d'un retour au jeu après la maternité s'est ajoutée celles personnelles de sa vie de femme. Eloignée des terrains pendant six mois par sa grossesse, elle avait dû mettre à nouveau sa carrière sur pause pendant toute la deuxième moitié de la saison 2017, engagée dans une bataille judiciaire pour obtenir la garde de son fils Leo. S'en sont suivies près de deux années d'errance pour renouer avec le fil de sa vie sur les courts. "Quand on m'a annoncé que j'étais enceinte, j'étais effrayée, ce n'était pas facile, a-t-elle expliqué à la BBC en début d'année. Je savais que j'allais revenir, mais ma première pensée, c'était 'oh mon Dieu, je ne vais plus jamais jouer au tennis de ma vie'. Mais ensuite, je ne pensais qu'à ça, que je ferai mon retour et quand je le ferai. Cette grossesse était une bénédiction mais je voulais toujours avoir mes propres rêves et ma carrière."

L'ancienne numéro un mondiale a concrétisé lors du tournoi de Cincinnati, préambule de cet US Open 2020, son retour au premier plan en décrochant le titre. Et aujourd'hui, elle fait figure d'épouvantail du bas de tableau, se sentant plus forte que jamais. "Je suis sûre que de nombreuses femmes ne pourront pas s'identifier à moi mais je me suis senti tellement mieux après ma grossesse. Je me sentais beaucoup plus forte physiquement, et mon corps s'est tellement amélioré. C'était comme s'il avait enfin grandi pour devenir celui d'une femme."

Etre une mère et une tenniswoman est ainsi de moins en moins perçu comme une anomalie, une singularité. Ces dernières années, Vera Zvonareva, Mandy Minella, Olga Govortsova ou encore Kateryna Bondarenko ont rejoint la communauté des "tenniswomères". Tatjana Maria a pour sa part annoncé en avril dernier qu'elle attendait son deuxième enfant. De quatre en lice à New York l'an passé, elles étaient neuf présentes au premier tour pour cette édition 2020, il est vrai dépeuplée de nombreuses têtes d'affiche.

Le cas de Tsvetana Pironkova, tombeuse de la dernière Française encore en course, Alizé Cornet, est le plus à part puisqu'il s'agit de son premier tournoi de reprise après trois ans d'absence ! "Il fut un temps peut-être pendant un an et demi, deux ans après que je sois devenue maman, où je ne m'imaginais pas vraiment revenir sur le circuit, a-t-elle avoué après son succès contre Donna Vekic au 3e tour. Si vous avez vraiment la bonne motivation, vous pouvez combiner d'être maman et joueuse professionnelle de tennis. Que mon fils ait l'opportunité de me voir jouer, cela me rend tellement heureuse."

Pironkova doit sa présence à un classement protégé, disposition mise en place par la WTA au début de la saison 2019, suite aux réclamations de nombreuses joueuses, notamment après l'annonce de la grossesse de Serena Williams. "Nous avons le pouvoir de faire changer le règlement et nous l'avons fait, s'était félicité Victoria Azarenka à la BBC, elle qui n'avait pu bénéficier plus tôt de cette disposition et était tombée 978e joueuse mondiale en mai 2017. C'est la trace que je veux laisser, que je me bats pour que les femmes soient plus à l'aise, que l'on casse les stéréotypes et que l'on fasse avancer le curseur sur ces questions. Cette évolution va continuer de casser les barrières et les illusions des femmes dans le sport." De nouveaux exploits ce lundi paveraient un peu plus la voie vers ce "mummy boom" du circuit féminin, et ne plus en faire seulement une anecdote.

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