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Lucas Pouille, les trois victoires qui marquent son explosion au plus haut niveau

A 22 ans, Lucas Pouille a battu Rafael Nadal pour la première fois de sa carrière. C'est aussi la première fois qu'il bat un ancien N.1 mondial. Il y a deux ans, à la même époque, il émargeait à la 205e place mondiale. Aujourd'hui, il est 25e, et ce succès de prestige va encore le faire progresser. Et cette progression trouve sa source dans trois victoires marquantes.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Lucas Pouille a fait tomber Rafael Nadal en 8e de finale de l'US Open

Bercy 2014 - 2e tour - Fabio Fognini

Invité au Masters 1000 de Paris-Bercy dans le tableau des qualifications, Lucas Pouille réalise un tournoi de rêve. Alors qu'il avait vécu une saison de blessures (abdos avant l'été, poignet début juillet), il sort deux membres du Top 70 (Johnson 41e, Nieminen 69e) alors qu'il pointe au 176e rang mondial pour se qualifier dans le tableau final. Et là, il accroche à son palmarès Ivo Karlovic (27e), et Fabio Fognini (20e) en deux jeux décisifs (7-5 et 9-7), avant de tomber avec les honneurs face à Roger Federer pour son premier 8e de finale en Masters 1000 de sa carrière. "Cela a été quelque chose d’important, car il attendait ce genre de performances", analyse Emmanuel Planque, son entraîneur.

C'est à ce moment-là que le jeune joueur de 20 ans modifie son approche du jeu, notamment dans son attitude, après ses blessures: "Il a réfléchi sur sa carrière, sur sa façon de fonctionner, son projet, son attitude, son impatience... Je ne veux pas dire que cela lui a fait du bien, mais il a mis à profit ce moment pour faire un point. Et début septembre, il était dans un tout autre état d’esprit." Ce match, gagné au forceps, contre l'Italien fantasque et talentueux (à qui l'arbitre avait refusé de serrer la main à la fin du match en raison de son comportement), qui plus est devant son public, lui a montré qu'il avait le tennis et le mental pour aller loin. L'année suivante, il entre dans le Top 100, et débute une collaboration avec Yannick Noah, à base de discussions informelles.

Lire aussi: Lucas Pouille, dans les secrets d'une progression

Miami 2016 - 3e tour - David Ferrer

A Miami, pour le premier Masters 1000 de sa saison, Lucas Pouille affronte David Ferrer pour la première fois. Membre presque permanent du Top 10, l'Espagnol est l'une des références du plus haut niveau mondial. Physiquement, sur le plan de la combativité, il ne passe jamais à côté d'un match. Et pour la première fois de sa carrière, le Français s'offre un membre du Top 10 (8e), après avoir sauvé deux balles de match. "La victoire à Miami contre Ferrer est fondatrice car il sauve deux balles de match, qu’il va loin dans l’effort physique et mental", estime Emmanuel Planque. Il battra l'Espagnol plus facilement quelques semaines après à Rome. Ces deux succès, mais aussi les deux acquis contre David Goffin, l'un des outsiders en très grande forme cette saison, lui ont donné confiance en lui. Et durant tout le début de la saison, il a accumulé les matches difficiles, les victoires arrachées dans la douleur.

Lucas Pouille domine David Ferrer à Miami

US Open 2016 - 8e de finale - Rafael Nadal

Depuis le début de sa progression, Lucas Pouille n'a pas eu beaucoup d'occasions de se confronter aux tout meilleurs joueurs du monde. Il n'a jamais joué Novak Djokovic ni Stan Wawrinka sur le circuit, alors qu'il a joué (et perdu) une fois contre Federer, Murray, Berdych ou Tsonga. En préparant sa saison à Dubaï avec les tout meilleurs depuis 2015, il comble ce manque. C'était la deuxième fois qu'il affrontait Rafael Nadal. En 2015, sur la terre monégasque, l'Ibère ne lui avait laissé que trois jeux. Cette fois, Pouille a sorti un match d'anthologie, le troisième consécutif gagné en cinq manches. C'est aussi la première fois qu'il accroche un membre du Big Four (Djokovic, Federer, Nadal, Murray).

"Il est allé chercher cette victoire, je ne sais pas où il est allé chercher cette énergie et cette capacité à rebondir, à se dépasser, à dépasser la peur, la fatigue", s'enthousiasme Emmanuel Planque, son coach. "C'était un combat absolument énorme. Quand bien même il aurait perdu, ça n'aurait pas été un énorme drame parce que des matches, on en gagne, on en perd". Il l'a gagné, et cela comptera forcément dans son évolution. Il s'agit de son deuxième quart de finale en Grand Chelem, le deuxième consécutif après celui à Wimbledon.

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