US Open 2024 : "Beaucoup d’inconnues, mais trois noms se dégagent : Jannik Sinner, Carlos Alcaraz et Novak Djokovic", assure Arnaud Clément

Qui pour succéder à Coco Gauff et Novak Djokovic ? Lundi 26 août, la 144e édition de l'US Open débutera à New York. Dernier grand rendez-vous d'une saison marquée par les Jeux olympiques de Paris, le quatrième tournoi du Grand Chelem s'apprête à réunir une nouvelle fois les meilleurs joueurs et les meilleures joueuses du monde dans l'enceinte de Flushing Meadows. Arnaud Clément, ancien numéro 10 mondial et consultant tennis pour franceinfo: sport, livre ses pronostics pour le tableau masculin.

D’après vous, un favori se dégage-t-il dans le tableau masculin ?

Avec les Jeux olympiques qui se sont ajoutés, il y a beaucoup d’inconnues, mais tout de même trois noms qui se dégagent : Jannik Sinner, Carlos Alcaraz et Novak Djokovic. Le premier cité vient de s’imposer au tournoi de Cincinnati, mais on a senti que, par moments, il n’était pas au mieux physiquement. Il a eu un pépin de santé (il souffrait d’une angine) qui l’a empêché de participer aux Jeux olympiques, et il vient de gagner un tournoi sans pouvoir jouer son meilleur tennis de manière régulière. Il faut voir ce que ça peut donner sur un match en cinq manches. Il y a encore quelques incertitudes là-dessus.

L'affaire de dopage rendue publique mardi et dans laquelle il est impliqué peut-elle affecter sa performance à New York ?

C’est quelque chose qui peut être lourd à porter. Pour l'avoir vu jouer à Cincinnati, je pense qu'il avait déjà cette affaire en tête. On ne l’a pas vu sourire, ni célébrer son titre de manière joyeuse. Il a eu une attitude plus fermée, et je me demande si ça ne l'affecte pas déjà. A l'US Open, Jannik Sinner, n°1 mondial, va forcément être interrogé à ce sujet en conférence de presse. Ça peut très clairement être pesant dans un premier temps.

Peut-on espérer voir Novak Djokovic s’imposer une cinquième fois à l'US Open quelques semaines seulement après son titre olympique ?

Djokovic a touché son Graal en remportant la médaille d’or olympique. C’était le dernier titre qu’il voulait gagner, et il l’a eu. Son résultat va dépendre de la manière dont il réussit à se remobiliser. Il y a forcément un questionnement par rapport à cela, même si, en général, quand il attaque un Grand Chelem, ça se passe plutôt bien au niveau de sa préparation.

Carlos Alcaraz a été éliminé par Gaël Monfils dès son entrée en lice à Cincinnati. En conférence de presse d’après-match, il a déclaré avoir joué "le pire match de sa carrière". Doit-on s’en inquiéter, à quelques jours du début de l’US Open ?

On a vraiment vu Alcaraz saturer à Cincinnati, c’est une grosse déception. Il a montré une attitude très négative et il a cassé une raquette, lui qui a toujours le sourire sur le court. Son tennis s’exprime de manière assez admirable, même quand il est sous pression, car il garde cette forme de décontraction et de plaisir qu’il fait partager avec son entourage et avec le public. Et ça, il l’a un peu perdu sur ce tournoi, donc il faut qu’il parvienne à le retrouver.

Au-delà de ces trois favoris, quels sont les joueurs qui auront le statut d’outsider ?

Alexander Zverev est très bon, et beaucoup plus constant depuis un moment. Mais on a vu sur la finale de Roland-Garros, qu'il a perdue face à Carlos Alcaraz en juin, qu’il lui manquait certaines choses pour gagner en Grand Chelem. Medvedev est également très bon, et il a le mental pour aller remporter un Grand Chelem, car il l’a déjà fait.

Cet US Open est particulier, car il se déroule seulement trois semaines après les Jeux de Paris. Cela peut-il changer quelque chose au résultat final ? 

Cette saison est particulière, car les efforts demandés aux joueurs qui ont participé aux Jeux olympiques, dans les semaines et les mois qui viennent de s’écouler, ont été colossaux. L’US Open arrive aux deux tiers de la saison, et la [nécessité d'avoir de la] fraîcheur est encore plus importante. Au-delà de cet enchaînement de tournois, ce sont tous les changements de surface que l’on a pu avoir, et les changements de continents, qui ne sont pas faciles. Pour les corps, les années olympiques sont extrêmement exigeantes. En tenant compte de tout cela, on pourrait avoir une surprise.

Que peut-on attendre des joueurs français pour cette édition 2024 ?

On a des joueurs qui ont progressé, qui sont têtes de série, et qui jouent très bien sur dur. Pour aller jouer les premiers rôles, c’est peut-être un peu difficile, mais des joueurs comme Ugo Humbert et Arthur Fils sont capables d’aller loin dans le tournoi. Après, bien sûr, au vu de leur classement, il faut battre de très gros joueurs en début de deuxième semaine. Il faut donc en battre trois ou quatre pour gagner, ce qui me paraît compliqué. Par contre, arriver en huitièmes de finale en jouant très solide, et réussir à faire un ou deux matchs exceptionnels pour aller chercher une place en quarts ou en demies, je pense que c’est possible.