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Roland-Garros : Serena Williams, l'éternelle enfin rattrapée par le temps ?

En déclarant forfait en raison d’un tendon d’Achille endolori, Serena Williams a ajouté une ligne au cahier des inquiétudes. A tout juste 39 ans, l’Américaine doit maintenant se remettre sur pied, et voit sa quête initiatique vers le 24e Grand Chelem encore contrariée.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Serena Williams lors du premier tour de Roland-Garros. (ROB PRANGE / SPAINDPPI)

Deux secousses ont retenti mercredi matin sur le site de Roland-Garros. La première, anecdotique, était celle d’un avion de chasse dépassant le mur du son de manière désinvolte. La deuxième, plus immatérielle, était l’oeuvre de l’organisation du tournoi dans un message lapidaire : "Serena has pulled out". La rumeur se répand comme une traînée de poudre : la reine Serena Williams se retire.

A peine extraite du tableau, la voilà déjà en conférence de presse. Dépitée, presque désabusée par son tendon d’Achille récalcitrant depuis l’US Open, l’Américaine est laconique. "Je me suis dit : ‘Cela va s'améliorer, mais si je pense à plus long terme, est-ce que je peux tenir le coup auprès autant de matches ? Personnellement, je ne crois pas. J'ai quelques difficultés à marcher, c'est un petit signe avant-coureur."

Deuxième forfait en 76 Grands Chelem

Serena hors du tournoi à Paris avant le troisième tour, cela n’est arrivé que trois fois en 18 participations : en 2012 (1er tour face à Virigine Razzano) et en 2014 (2e tour face à Garbine Muguruza). Ce forfait, le deuxième seulement de sa carrière en Grand-Chelem (déjà à Roland-Garros en 2018), amorce-t-il le déclin inéluctable de celle qui a tant repoussé l’angoisse du temps qui passe ? "A 39 ans, revenir de blessure est toujours compliqué. Ça ne l’a pas empêchée de jouer mais ça lui fait suffisamment mal pour qu’elle ne se sente pas au top. C’est une décision raisonnable et sur laquelle elle a réfléchi, donc c’est plutôt logique. Mais son âge, ça va devenir de plus en plus difficile de gérer les blessures", explique notre consultante Justine Hénin.

Serena Wiliams lors du premier tour. (ROB PRANGE / SPAINDPPI)

La question sous-jacente derrière ce forfait, qui s’ajoute aux quatre finales de Grand Chelem consécutives perdues, c’est de savoir si Serena a encore la flamme. La flamme qui l’animait depuis si longtemps d’aller tutoyer et dépasser Margaret Smith Court, 24 Grands Chelems au compteur. Bloquée à 23 depuis l’Open d’Australie 2017, devenue maman entre temps, Serena Williams court après le temps et cette unité qui l’empêcher de prendre sa retraite avec sérénité. Si proche mais désormais si loin ? "Elle a toujours sa place puisqu’elle est encore allée très loin à l’US Open. Venus par exemple n’est pas dans les mêmes proportions. ", tempère Justin Hénin, qui l’a battue en demi-finale de l’édition 2003. 

Mater familias

Elle met en avant ce grain de sable qui l’épanouit dans sa vie et bride désormais l’instinct de tueuse qui terrifiait ses adversaires. "Serena a changé sa gestion de l’émotivité, elle laisse plus de place à ses sentiments, elle les partage plus. Elle est maman, ça change beaucoup de choses, continue Justine Hénin. Elle disait à l’US Open souhaiter vouloir redevenir la Serena d’avant, plus hargneuse. Mais je pense qu’elle a changé, sa vie a changé, son regard sur les choses a changé. Cette Serena d’aujourd’hui peut-elle aller chercher le 24e Grand Chelem ? On ne peut pas mettre un non catégorique sur cette interrogation là mais tout le monde se pose de plus en plus de questions."

Lassitude mentale ? Usure physiologique d'un jeu éminemment dépendant de son physique ? Alors qu’elle va devoir observer plus d’un mois et demi de repos, l’Américaine se projette déjà sur 2021. A l’instar d’un Roger Federer, également 39 ans, impossible de les enterrer. Mais le poids des années devient de plus en plus compliqué au moment où la tentation de la retraite se fait de plus en plus récurrente. "Je pense que mon corps est là et a envie de jouer. Si c'était mon genou, ce serait encore pire pour moi. On ne peut jamais dire que je suis trop longtemps sur la touche, parce que cela fait combien de temps que je joue ? 20 ans ?" Vingt-cinq ans, exactement, depuis ses débuts à 14 ans en 1995.

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