Cet article date de plus d'onze ans.

Il n'y a plus de Français à Roland-Garros (et pourtant, on y a cru)

Conséquence de la défaite de Jo-Wilfried Tsonga en demi-finale, on attendra encore un an pour trouver un successeur potentiel à Yannick Noah et Mary Pierce.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Alizé Cornet lors de sa défaite contre la Biélorusse Victoria Azarenka, le 1er juin 2013 à Roland-Garros. (STEPHANE MAHE / REUTERS)

 "Je suis déçu. Je n'ai pas fait le match que j'aurais voulu faire", a reconnu Jo-Wilfried Tsonga après sa défaite en demi-finale vendredi 7 juin contre David Ferrer (1-6, 6-7, 2-6). "C'est dommage, je passe un peu à côté." Il n'est pas le seul. Beaucoup de Français ont fait naître des espoirs tout au long de la quinzaine, avant de décevoir.

Lucas Pouille

On y a cru. Ce jeune joueur de 19 ans, 324e mondial, a réussi à passer un tour pour le premier Grand chelem de sa carrière. Certes, contre une autre wild card (invité au tournoi), mais classé 160 places plus haut que lui au classement ATP.

Et pourtant... La logique a rattrapé le Français dès le second tour. Opposé au Bulgare Grigor Dimitrov, 26e mondial, il s'incline en trois sets secs (6-1, 7-6, 6-1). "Je sors de là avec beaucoup de regrets. Mais je suis assez loin quand même", conclut-il.

Alizé Cornet

On y a cru. L'éternelle espoir du tennis féminin français a retrouvé son meilleur niveau. Quand elle est arrivée porte d'Auteuil, Alizé Cornet restait sur une demi-finale à Acapulco et une victoire à Strasbourg. 

Et pourtant... Après un premier set de très haut niveau contre la Biélorusse Victoria Azarenka, la Française a retrouvé ses vieux démons (6-4, 3-6, 1-6). Elle préférait positiver après la rencontre, en conférence de presse : "Ça fait plusieurs matchs que je perds en trois sets contre les meilleures, j’ai le niveau pour les battre, à condition de maintenir ma vigilance jusqu’au bout. Je suis sûre que ce match me servira pour la suite."

Gaël Monfils

On y a cru. Arrivé sur les rotules à Roland-Garros, après avoir joué douze matchs en dix-sept jours pour remonter au classement – en raison d'une blessure, il est retombé autour de la 80e place – il s'est défait en cinq sets de la tête de série n°5, Tomas Berdych, puis du Letton Gulbis, épouvantail du circuit, avant de chuter en cinq sets contre l'Espagnol Tommy Robredo. Robredo qui lui aussi est un miraculé du tennis, absent des courts pendant un an après une opération à la jambe. Le joueur français qui utilise le mieux le public a même eu plusieurs balles de matchs contre l'Espagnol... qu'il a ratées.

Et pourtant... Gaël Monfils était vraiment sur les rotules. "Plus je restais sur le terrain, plus c’était dur pour moi, reconnaît-il après sa défaite. Les adversaires sentent que je commence à tirer sur la corde."

Marion Bartoli

On y a cru. Quand Marion Bartoli débarque à Roland-Garros, elle est sans entraîneur, sans confiance et sans victoire. La n°1 française n'est que l'ombre d'elle-même sur les courts, mais ça passe de justesse contre Govortsova et Duque-Marino. On se prend à rêver d'un parcours comme en 2009, où elle avait atteint le dernier carré en démarrant façon diesel.

Et pourtant... Dès qu'elle a été opposée à une spécialiste de terre battue, on a vu la différence. L'Italienne Schiavone, victorieuse en 2010, n'a fait qu'une bouchée de la Française : 6-2, 6-1. "Je ne m'attendais pas à faire un match aussi pourri, a candidement reconnu Bartoli après la rencontre. J'aurais pu vider le stade tellement c'était nul. Il faut être honnête."

Benoît Paire

On y a cru. Pendant une semaine, on n'a parlé que de ses amortis, de son toucher de balle et de sa propension à manger des pizzas ou des hamburgers avant un match important. Benoît Paire, un des derniers joueurs rock'n'roll du tennis, a séduit la France.

Et pourtant... Ses vieux démons l'ont rattrapé. La concentration n'est décidément pas son point fort. Contre le Japonais Nishikori, en 16e de finale, le Français est sorti de son match en s'en prenant à l'arbitre, qui lui a donné un point de pénalité, puis en s'en prenant à son adversaire – il a hurlé "il a de la chatte lui, il a de la chatte !" – et enfin à sa raquette, qu'il a brisée. Le public a eu beau crier "Benoît, on est là", le joueur français était, lui, déjà ailleurs.

Richard Gasquet

Richard Gasquet lors de sa défaite face à Stanislas Wawrinka, en 8e de finale à Roland-Garros, le 3 juin 2013.  (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

On y a cru. Parce que Richard Gasquet a réussi une entame de tournoi parfaite, avec trois matchs conclus sans perdre un set, et un temps minimum passé sur les terrains.

Et pourtant... Ce n'est pas nouveau que les matchs en cinq sets ne sont pas le point fort de Richard Gasquet, qui n'en a gagné que cinq sur les seize qu'il a disputés. "C’est physique... Physiquement, je suis à mon maximum. A partir de trois heures et demie de jeu, j’étais fatigué", reconnaît le "Mozart du tennis". 

Jo-Wilfried Tsonga

On y a cru. Jo-Wilfried Tsonga a réussi l'entame de Roland-Garros parfaite. Pas de Kuznetsov, de Stebe voire de Wawrinka pour lui barboter un set en cours de route, contrairement à 2012. Pour la première fois de sa carrière, il atteint les demi-finale sans avoir dépensé d'énergie inutile et en position de favori. Et il ne recontre pas un membre du Big Four en demi-finale, mais l'Espagnol David Ferrer...

Et pourtant : Est-ce la pression, l'ambiance curieuse du central, l'apathie du public ou la trop longue attente avant d'entrer sur le court qui a déstabilisé Jo-Wilfried Tsonga ? Le Français manque complètement son entame de match, se rebelle dans la seconde manche perdue du peu, avant de louper son baroud d'honneur dans le troisième set. La défaite est lourde, mais sans appel. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.