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Ça s'est passé un 8 juin 2008 : Rafael Nadal inflige à Roger Federer sa plus lourde défaite en finale d'un Grand Chelem

C'est une leçon de tennis que va subir Roger Federer en ce dimanche 8 juin 2008, face à Rafael Nadal. Pour la troisième année consécutive, les deux hommes se disputent la Coupe des Mousquetaires à Roland-Garros. L'affiche est alléchante mais le duel tant espéré va tourner à une démonstration sur le Philippe-Chatrier. Le Suisse n'existera pas lors de cette rencontre et se verra infliger sa plus lourde défaite en finale d'un Grand Chelem. Un scénario que personne ne pouvait alors imaginer.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Si pour les supporters de l'équipe de France de football, l'épisode de Séville contre la RFA (Allemagne de l'Ouest) en demi-finale de la Coupe du monde 1982 demeure un traumatisme, les fans de Roger Federer sont encore hantés par ce dimanche 8 juin 2008. Pourtant, le public de la Porte d'Auteuil ne pouvait pas rêver meilleure finale pour fêter les 80 ans du stade Roland-Garros. C'est simple, Nadal-Federer, c'est l'opposition ultime depuis trois ans. S'étant déjà incliné face au Majorquin, en quatre sets, au cours des deux dernières éditions, le Suisse va vivre, dans cette confrontation, un véritable enfer. 

Un Nadal expéditif

Tête de série n°1 au moment d'arriver aux Internationaux de France, le natif de Bâle élimine successivement Julien Benneteau (huitièmes de finale), Fernando Gonzalez (quarts de finale) et Gaël Monfils (demi-finales) sans trop de difficulté, mais en concédant tout de même un set à chaque match. 

En revanche, l'Espagnol ne fait pas dans la demi-mesure. Déjà trois fois vainqueur de suite à Roland-Garros (2005-2006-2007), le futur champion olympique à Pékin souhaite égaliser la légende suédoise Björn Borg (auteur de quatre titres consécutifs Porte d'Auteuil). Il ne perd pas le moindre set dans le tournoi et distribue les corrections comme des petits pains. En 18 sets remportés, le joueur de 22 ans a infligé deux 6-0 et huit 6-1. La finale confirmera cette tendance ahurissante.

6-1, 6-3, 6-0 en 1h48 

Nadal - Federer acte III à Paris ne sera que poussière. Et c'est pourquoi cette rencontre va marquer les esprits. Ce face-à-face garantit pourtant un spectacle hors-norme, majestueux, mais le duel va tourner court. Ce qui devait être un choc des titans, va laisser place à une démonstration. Premier set 6-1 pour le numéro 2 mondial en 32 minutes. 

C'est alors que Federer va tenter de se révolter. 3-3 dans la deuxième manche, balle de break en sa faveur mais son revers termine dans le filet. "Ce fut ma meilleure chance, mais cela n'aurait peut-être rien changé" a-t-il reconnu après la rencontre. Force est de constater qu'il ne marquera plus le moindre jeu dans cette finale. Le Majorquin le coupe, à nouveau, dans sa quête du seul titre qui manque à son palmarès. Le tout, en 1h48 ! Habitué au victoire expéditive tout au long de sa carrière, le Suisse a subi, ce jour-là, une défaite qu'il qualifiera lui-même de "cuisante" : 6-1, 6-3, 6-0.

"C'est une défaite difficile à encaisser" avoue-t-il. "Je ne m'attendais pas à ça. Le score est dur, c'est sûr. Il a été bon aujourd'hui. C'est peut-être le "Rafa" le plus fort que j'ai jamais vu. Il a fait un tournoi énorme, il a dominé tout le monde." Nadal marche sur les traces de Borg.

4 petits jeux inscrits et pas moins de 35 fautes directs

Jamais Rafael Nadal n'a autant pris le dessus sur Roger Federer que lors de ce match. Celui qui a fait de Wimbledon son jardin n'a inscrit que quatre petit jeux et seulement 52 points. Jamais le Maestro n'a encaissé de 6-0 en finale d'un Grand Chelem ! Pire encore : il s'agit de la plus lourde défaite du Suisse dans l'un des quatre tournois majeurs et de la plus grosse défaite de l'ère Open à la Porte d'Auteuil après le cinglant 6-0, 6-3, 6-0 infligé par l'Argentin Guillermo Vilas à l’Américain Brian Gottfried, en 1977.

"Roger a commis des erreurs inhabituelles. Je n'en croyais pas mes yeux" a souligné Nadal à l'issue de cet effroyable revers. Et pour cause, son adversaire n'a commis pas moins de 35 fautes directes contre sept pour l'Espagnol. Le Bâlois a aussi connu des difficultés sur son jeu de service, avec seulement 69% de premières balles et cinq points remportés sur sa seconde balle en 24 tentatives.

Si Federer a déjà concédé un 6-0 à Roland-Garros (contre Patrick Rafter lors de sa première participation en 1999, ce qui lui vaudra une élimination au premier tour, ndlr), cet échec est une véritable plaie, qu'il aura bien du mal à cicatriser. À tel point qu'il perdra en finale à Wimbledon contre un certain... Rafael Nadal ! Juste après, il passera à côté des Jeux olympiques de Pékin, éliminé en quarts de finale par James Blake. Malgré la perte de fauteuil de numéro 1 mondial au cours de l'année 2008, il se consolera, tout de même, avec la médaille d'or en double (avec Stanislas Wawrinka, ndlr), aux JO et la victoire, en simple, à l'US Open.

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