Tsonga tombe de haut, Gasquet comme d'habitude
C'est une première à double titre, et elle ne sonne pas de façon positive pour Jo-Wilfried Tsonga. Il a en effet connu pour la première fois de la saison la défaite, contre Kei Nishikori qui devient le premier Japonais à atteindre les quarts de finale d'un tournoi du Grand Chelem depuis le début de l'ère Open, en 1968. Vainqueur du tournoi de Doha, le Manceau ne cachait pas ses regrets: "J'ai un peu un sentiment d'inachevé", a-t-il avoué. "Je n'ai pas fait un match extraordinaire. Je ne contrôlais pas très bien la balle. Elle volait beaucoup. J'ai fait beaucoup de fautes directes. Il m'a attendu, m'a attendu, jusqu'à ce que je rate parce que je ne contrôlais pas très bien."
Le Français a aisément remporté le premier set. Mais il a perdu le fil du match après une interruption à 40-40 dans le deuxième jeu du deuxième set, le Japonais s'étant plaint de l'apparition de cloques sur le court. Une pause dans le match mais un coup d'arrêt pour le Français. Les jambes coupées, le Français a ensuite péché physiquement, forçant ses frappes et manquant de lucidité. "Je savais qu'il allait me faire courir, qu'il allait me faire son cinéma. Il a fait comme s'il était à l'article de la mort mais j'étais au courant", dit Jo-Wilfried Tsonga. "Ce qui m'a perturbé le plus, c'est cette interruption au début du deuxième set. Ca a coupé mon rythme, surtout au service. Mais elle était justifiée, en raison de l'état du court. Je me fais breaker et il est de retour dans le match. Le résultat est triste, j'ai donné ce que j'avais"
Une interruption "coupe-jambes"
Au bout de deux heures, Kei Nishikori menait deux manches à une. A son tour, celui-ci était victime d'une légère défaillance et le numéro un français en profitait pour recoller à deux sets partout. Mais dans la cinquième manche, Jo-Wilfried Tsonga encaissait une rafale de quatorze points perdus, ce qui le laissait à 1-4. Un handicap insurmontable pour le Tricolore, malgré l'obtention de deux balles de "débreak" dans le septième jeu. Eliminé au troisième tour par l'Ukrainien Alexandr Dolgopolov l'an passé, il n'a pas pu faire la différence dans le dernier set, tombant sous les impressionnants retours de service du Japonais le mieux classé de l'histoire (depuis l'instauration du classement ATP en 1973). Tsonga, qui avait déjà été battu par Nishikori à Shanghai en 2011, et lors du tournoi exhibition de Kooyong la semaine avant l'Open d'Australie, encaisse un troisième revers. Nishikori, qui s'était révélé à l'US Open en 2008, où il avait atteint les huitièmes de finale, avant de voir sa progression entravée par des blessures, a ensuite évolué à un niveau exceptionnel pour remporter son troisième match en cinq sets depuis le début du tournoi. Après avoir déjà battu Julien Robert puis Julien Benneteau au tour précédent, qui avait pourtant eu l'occasion de mener par deux sets à un, le 26e mondial devient le fossoyeur des espoirs tricolores en Australie. Le Japonais rencontrera au prochain tour Andy Murray (N.4), qui n'a passé que 49 minutes sur le court avant que le Kazakh Mikhail Kukushkin n'abandonne, à 6-1, 6-1, 1-0 en faveur de l'Ecossais.
Richard Gasquet: "Je n'ai pas su prendre la balle assez tôt parfois, d'autres fois j'ai été trop attentiste, j'ai fait quelques erreurs."
Dernier Français en lice, Richard Gasquet n'a pas fait mieux. Pas mieux que Tsonga, et pas mieux que ses précédentes sorties contre David Ferrer. Une seule fois, le Français a dominé l'Espagnol, c'était en 2008 à Toronto. Et pour la 6e fois en sept rencontres, il a dû s'incliner. Mais le Biterrois, qui avouait avant le match avoir livré des matches "minables" contre ce joueur, a bien failli renverser la vapeur. Mené 6-4, 3-0, le 18e mondial a fait peu à peu son retard, pour revenir même à (4-4) en profitant de deux doubles-fautes de son adversaire. Le problème, c'est que ce genre d'erreurs, le 5e mondial n'en commet pas beaucoup et pas longtemps, et qu'en plus, Gasquet a été incapable de prendre les commandes, perdant le bénéfice de son break sur son service au jeu suivant (5-4). En menant deux manches à zéro, l'Ibère a ensuite enclenché le rouleau compresseur pour terminer le travail après 1h47 de jeu, sur un score net 6-4, 6-4, 6-1. Si Richard Gasquet avait bien retenu que sa victoire au Canada contre ce joueur avait correspondu à une volonté accrue de monter au filet et de bien le faire, il n'a pas réussi à l'appliquer à Melbourne. Sur ses 32 montées, il n'a gagné que 18 points, soit autant que l'Espagnol qui n'en a tentées que 21. Cela s'appelle l'efficacité...
"Il est solide vraiment partout", a constaté une nouvelle fois Richard Gasquet. "Quand tu montes au filet, il est rapide sur les jambes et il te passe. Si tu es un peu attentiste, il arrive à prendre la balle assez tôt et à te faire courir avec son coup droit. Il est bon au service, il retourne bien. C'est un très bon joueur. Il y a eu des petites occasions, c'est vrai. J'ai eu une balle de break au premier, je suis bien revenu au deuxième. J'aurais pu mieux faire certaines choses. Sur les deux premiers sets, je n'étais pas très loin. Mais après, le problème, c'est qu'il faut gagner trois sets, et au final c'est quand même lui qui a dominé le match. J'ai eu l'impression que je me sentais beaucoup mieux que d'habitude contre lui, que j'arrivais mieux à le jouer. Je pense que je suis capable de le battre. (Mais) il maîtrise mieux les moments importants que moi."
Richard Gasquet n'aura donc pas l'occasion de croiser le fer avec le N.1 mondial Novak Djokovic. En revanche, il aura pu apprécier la leçon de bravoure du vétéran Lleyton Hewitt face au Serbe. Mené deux sets à zéro et 3-0 (6-1, 6-3), l'Australien s'est battu comme un lion pour arracher une manche (6-4) et faire douter "Nole". Un moment décontenancé par cette débauche d'énergie, Djokovic a sorti le grand jeu pour conclure dans le 4e acte et ainsi s'épargner une dernière manche de tous les dangers. "Il faut lui rendre hommage, car il n'abandonne jamais", a réagi Djokovic sur le court. "Pendant deux sets, j'ai très joué bien. Puis j'ai arrêté de bouger. Il m'a fait jouer à chaque fois un coup supplémentaire, j'ai fait quelques erreurs et il m'a forcé à le laisser revenir dans le match. Il est bien connu pour ça." La logique a été respectée mais la leçon était belle. N'est-ce-pas Richard ?
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