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Djokovic, Murray: les nouveaux patrons

Novak Djokovic et Andy Murray ont confirmé ces derniers temps qu'ils incarnaient bien le nouvel aigle bicéphale à la tête du tennis mondial. Le tandem Federer-Nadal semble avoir vécu même s'il ne faut jamais jurer de rien.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Novak Djokovic et Andy Murray ont-ils signé un bail avec le circuit ATP pour en partager les clefs ? Ce serait aller un peu vite en besogne que de reléguer Rafael Nadal au passé ou de rouvrir l'éternel débat sur le déclin de Roger Federer, mais le constat est implacable.

Nadal reviendra-t-il au sommet ?

L'Espagnol est absent depuis sept mois et aucun grand joueur de l'ère Open ne peut se prévaloir d'une "deuxième carrière" aussi riche que la première après une aussi longue éclipse. Bjorn Borg a tenté deux come-back, en 1982 et en 1983, sans réussite. Echec aussi pour John McEnroe après sa pause en 1986. Quant à Boris Becker ou Andre Agassi, ils n'ont jamais stoppé aussi longtemps même s'ils sont revenus des tréfonds du classement pour reconquérir des grands titres. En fait, le seul contre-exemple vient de Tomas Muster qui a carrément gagner Roland-Garros (1995) après avoir eu le genou en vrac (il avait été percuté par une voiture en 1989 et beaucoup le pensaient mort pour le sport).

Nadal, qui domina la concurrence de 2008 à 2010 (7 succès dans les Majeurs entre RG 2008 et RG 2011 + les JO 2008, contre 4 à Federer), jouera très gros cette saison. Il devra montrer à ses détracteurs que son corps peut encore supporter les charges de travail imposées par son immense volonté. A 26 ans, il est clairement à un tournant de sa carrière.

Federer moins exceptionnel

Pour Roger Federer, il s'agit davantage de l'usure du temps (sur ses huit dernières demi-finales majeures, l'Helvète en a perdu six, alors qu'il en avait gagné 22/25 avant). A 31 ans, le Bâlois évolue encore à un très haut niveau mais il est moins exceptionnel qu'avant, lors de ses années de règne absolu (12 sacres en Grand Chelem entre Wimbledon 2003 et l'US Open 2007 !). L'ère Federer avait déjà pris fin en 2008 lorsque Rafael Nadal était passé devant en allant s'imposer à Wimbledon, dans son jardin, mais le Suisse gardait alors la mainmise sur tous les autres prétendants, Djokovic et Murray inclus.

Depuis 2011 et la Petit Chelem du Serbe, une redistribution des cartes s'est opérée en faveur des deux plus jeunes du quatuor magique*. Le Big Four s'est certes partagé les titres du Grand Chelem en 2012 mais il semblerait que ce fût comme un chant du signe pour les lauréats de Roland-Garros et Wimbledon, maîtres chez eux une fois de plus (la septième sacre pour chacun d'eux, sur terre et sur gazon).

Murray monte en puissance

Finaliste à quatre reprises dans les grands rendez-vous entre 2008 et juillet 2012, Andy Murray a enfin vaincu le signe indien en remportant coup sur coup les JO de Londres puis Flushing Meadows à l'été 2012. Il tentera de confirmer dimanche à Melbourne sa capacité à triompher dans les évènements qui comptent. Ivan Lendl avait remporté huit titres du Grand Chelem après avoir perdu ses quatre premières grandes finales. L'Ecossais donnerait beaucoup pour suivre le sillage de son coach.

Il trouvera face à lui le ténor actuel, le troisième homme du trident de rois cannibales qui n'ont laissé que des miettes à leurs sujets durant un septennat (entre RG 2005 et Wimb 2012, seul un Grand Chelem  sur 30 n'a pas été remporté par Federer, Nadal ou Djokovic, l'US Open 2009 remporté par Juan Martin Del Potro).

Djokovic, le boss depuis deux ans

Victorieux de cinq Majeurs (dont quatre depuis janvier 2011), Novak Djokovic peut se prévaloir du titre honorifique de leader du tennis mondial. Numéro 1 fin 2011 puis fin 2012, le Belgradois n'a loupé que deux grandes finales sur neuf depuis deux ans (RG 2011 et W 2012). Il ne remet pas son sceptre en jeu dimanche vu qu'il est assuré de rester aux commandes quel que soit le résultat de dimanche.

Mais en tant que double tenant du titre en Australie, et s'il veut maintenir l'impression globale qu'il demeure le cador des courts, il ferait bien de battre son rival british (25 ans également). Sinon, Murray accomplira un exploit que personne n'a réalisé dans l'ère Open, à savoir faire suivre immédiatement son premier titre du Grand Chelem par un deuxième. Surtout, il laissera s'immiscer le doute dans l'esprit de "Nole" et parmi les observateurs du circuit: ne serait-ce alors pas lui le véritable crack ?

*pour la première fois depuis 2003, il va y avoir deux finales de Grand Chelem de suite sans Federer ni Nadal

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