Tennis : à Monte-Carlo, Novak Djokovic lance en favori sa quête d'un 23e Grand Chelem à Roland-Garros
Premier test d'envergure pour Novak Djokovic depuis l'Open d'Australie. Pendant que d'autres cravachaient sur la résine des tournois américains, le Serbe a pu tranquillement apprivoiser l'ocre de Monte-Carlo, dont le Masters 1000 débute dimanche 9 avril. Au repos forcé en raison de son statut vaccinal, qui l'a empêché de participer à la tournée américaine, Novak Djokovic n'a disputé qu'un tournoi depuis son sacre à Melbourne, le 29 janvier. C'était à Dubaï début mars, avec une défaite en demi-finale face à Daniil Medvedev.
Si Djokovic s'avance comme le favori logique en jouant aussi peu, c'est aussi en raison de la concurrence : Rafael Nadal et Carlos Alcaraz sont forfaits sur blessure. Il échappe ainsi à la présence de ses deux prédécesseurs sur le trône mondial. Sans l'homme qui a conquis 14 titres sur la terre parisienne (en y ajoutant 11 sacres à Monte-Carlo, et huit à Rome), et sans son compatriote, qui a atteint trois finales sur les quatre derniers tournois auxquels il a participé, le Serbe voit sa cote augmenter.
Depuis la fin du tournoi de Dubaï, il foule la terre battue sur le Rocher, en rongeant son frein. "Il prend les choses du bon côté car il n’a pas le choix. Il ne rate pas de Grand Chelem cette année, et il retrouve même la place de n°1 sans jouer", rappelle notre consultant Arnaud Clément. "J'ai appris au cours de ma vie que les regrets ne font que vous retenir et vous font vivre dans le passé, ce que je ne veux pas faire", expliquait d'ailleurs le Serbe, le 21 mars dernier.
Repos forcé et fraîcheur maximale
Djokovic arrive donc à Monte-Carlo, où il se lancera mardi lors du deuxième tour, avec de la fraîcheur, mais sans résultat probant depuis son 22e sacre. Un handicap ? "A chaque fois qu’on l’a vu reprendre, il a été performant. Ça reste de plus en plus difficile avec les années, mais ca se passe toujours très bien. Ça lui ménage des plages de repos", analyse Arnaud Clément.
De quoi le considérer comme le favori logique pour Monte-Carlo, là où il n'a pourtant été couronné que deux fois et où il n'a plus rejoint la finale depuis son titre face à Tomas Berdych en 2015 ? "Oui c’est sans doute le favori, tranche l'ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis. C’est une situation encore particulière : quand il marchait très bien, qu’il gagnait Indian Wells et Miami, il arrivait avec un peu de repos et quelques entraînements sur terre. Là, c’est différent. C’est le favori, mais il faut aussi trouver ses marques sur terre."
Sinner, Tsitsipas et Rune sur la ligne de départ
Trois noms pourraient néanmoins se mettre en travers de sa route: Jannik Sinner, Stefanos Tsitsipas et Holger Rune. "On a envie de voir Sinner, qui a progressé. Tsitsipas est double tenant du titre, son jeu est un peu plus naturel sur cette surface. Holger Rune, qui a des niveaux très variables, aura un peu plus de temps pour poser son jeu, ce qu’il n’arrive plus à faire depuis quelque temps", énumère Arnaud Clément. Mais le Grec n'a vaincu le Serbe que deux fois en 13 duels, l'Italien ne l'a jamais battu en deux matchs, et le Danois l'a dominé une fois en deux rencontres.
Avec 38 Masters 1000 et 22 tournois du Grand Chelem, le pedigree de "Nole" pèse lourd pour les adversaires. Son niveau plancher aussi : "Il y a des joueurs, dans un grand jour, capables de l’inquiéter, mais ça dépendra beaucoup de son niveau à lui. Djokovic n’est pas toujours au top non plus, mais quand il ne l’est pas, il est quand même plus fort. Si on le voit très fort tout de suite, on n'aura aucun doute sur Roland-Garros", complète notre consultant.
Pourtant, le numéro un mondial n'est pas invincible. Il y a un an, dans une situation comparable (il n'avait joué que Dubaï avant), le Serbe avait subi la foudre d'Alejandro Davidovich Fokina, prenant la porte dès le deuxième tour à Monaco. "Physiquement, il n'avait pas tenu la distance", se souvient Arnaud Clément. Après 15 victoires de suite pour débuter l'année, le Djoker a par ailleurs été sèchement battu par Medvedev à Dubaï (6-4, 6-4). Assez pour instiller un premier doute ? "Ce n’est pas comme s'il arrivait sur dur où on sait qu’il n’a aucun souci. Ça reste la terre battue. Attention sur les premiers tours. On a pu voir, par moments, que ça pouvait encore manquer d’automatismes", avertit Arnaud Clément.
Le 23e Grand Chelem à Paris, objectif ultime
Il faudra donc passer sur le corps d'un Djokovic reposé, mais dont la saison ne se joue pas sur le Rocher. Impatient d'inscrire seul son nom au pinacle du tennis mondial, Nole a l'occasion de le faire à Roland-Garros, début juin, où il pourrait devenir seul recordman du nombre de Grands Chelem (23). "Je suis persuadé qu’il est déjà tourné vers Roland. Les Masters 1000, il les a tous remportés deux fois", assure notre consultant. Surtout, le faire dans l'antre d'un certain Rafael Nadal, qui l'a tant martyrisé porte d'Auteuil (8 victoires à 2, mais 2-2 sur leurs quatre dernières confrontations), aurait une saveur particulière pour celui qui se sent investi d'une mission, seul contre tous.
D'autant plus si c'est contre le maître des lieux, dont la condition physique reste inconnue à un mois et demi du lancement du tournoi. "Nadal est plus loin au classement [14e], donc la rencontre pourrait se jouer bien plus tôt à Paris. On a dit tellement de fois que l'Espagnol ne reviendrait pas... Mais s’il y a bien un endroit où il peut le faire, c’est Roland", conclut Arnaud Clément. C'est sans doute ce que redoute le plus Novak Djokovic. Mais avant, il a trois Masters 1000 (Monte-Carlo, Madrid et Rome) et toute une saison sur terre pour y penser.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.