La vie sans Toni, sa santé, l’avenir, la compétition... Rafael Nadal dit tout
La finale de l’Open d’Australie face à Federer
En janvier dernier, Rafael Nadal et Roger Federer se croisaient à nouveau en finale de Grand Chelem. Au terme d’un combat d’anthologie entre les deux plus grands joueurs du XXIe siècle, le Suisse s’offrait une 18e couronne. Cette confrontation, la 35e de leur rivalité historique, le Majorquin n’osait plus trop y croire : "Me retrouver en finale d’un Grand Chelem contre Roger en 2017, ça semblait difficile, oui. Mais impossible non". Selon lui, plus que les éliminations de Djokovic et Murray, respectivement numéro 2 et numéro 1 mondial, ce sont son parcours et celui de Federer qui ont permis ces retrouvailles. "Je crois que c’est après la victoire de Roger sur Berdych et la mienne sur Alexander Zverev, au troisième tour, que cette éventualité a commencé à poindre", avoue-t-il. "Cette finale a aussi été un grand moment de promotion pour le tennis. Bien sûr, j’aurai préféré gagner, mais j’étais content d’être de retour sur un grand match comme celui-là".
La séparation avec Toni
Toni Nadal a annoncé que cette saison 2017 serait la dernière qu’il passerait à côté de son neveu. Tonton Toni, l’homme dans l’ombre de Rafa, l’homme qui l’a façonné (Rafa joue main gauche grâce à lui, ndlr), l’homme, tout simplement, qui lui a mis une raquette à la main. "Sans Toni, je n’aurais jamais joué au tennis. J’aurais joué au foot", assure-t-il. Bref, l’ombre de Rafa sur un court, depuis que Rafa à 4 ans, va quitter le circuit pour se concentrer sur l’Académie ouverte à Majorque l’an dernier. Ce n’est pas une révolution pour Nadal, désormais entraîné par Carlos Moya, "ce sera quelque chose de nouveau pour moi, mais comme dans beaucoup d’aspects de la vie, il s’agira d’une question d’adaptation". "Si Toni a pris cette décision, c’est qu’il pense qu’elle est la meilleure pour lui. Et peut-être pour moi aussi, qui sait ?", rigole-t-il. Âgé désormais de 30 ans, Nadal a sa "propre personnalité, (son) caractère" et prend "(ses) propres décisions". Toni a peut-être moins de poids dans le mode de fonctionnement de son neveu. Encore que, selon Nadal, "(sa) relation avec Toni, sur les dix dernières années, n’a pas changé. Elle est fantastique". La porte n’est toutefois pas fermée et si Toni veut revenir à Roland-Garros en 2018, Rafa "sera ravi qu’il vienne".
La santé, ça va
La saison 2016 avait été noire pour Rafa. Un seul titre, le Masters 1000 de Monte-Carlo, et aucun quart de finale de Grand Chelem, une première depuis 2004. Gêné par une blessure au poignet, il avait dû déclarer forfait avant son troisième tour à Roland-Garros et faire l’impasse sur Wimbledon. Il a mis un terme à sa saison en octobre pour se soigner et mieux préparer 2017. Une bonne chose puisque désormais tout va mieux. "Ce n’est pas tant une question de me sentir à 100% de mes moyens, c’est d’abord le fait d’avoir un corps sain, de pouvoir m’entraîneur suffisamment, avec une intensité très forte parce que mon corps me le permet". Si le corps va mieux, l’esprit, lui, est toujours préoccupé. Quoi de plus normal pour ce grand angoissé qui ne peut dormir sans la lumière allumée. "Le stress est inévitable. Tu ne peux pas être joueur de tennis sans stress", avoue-t-il.
Le jeu
Acteur et spectateur attentif de son sport, Rafael Nadal n’a pas hésité à prendre position sur des sujets tabous. La Coupe Davis notamment. Il parle aussi de l’évolution de son sport qu’il entend promouvoir, notamment à travers son Académie. Soucieux de voir de plus en plus de grands serveurs arrivés et tuer à petit feu les "beaux points", il ne serait pas contre quelques modifications. "Les joueurs sont de plus en plus grands et vont servir de plus en plus fort. Si on veut toujours avoir de beaux points, du show pour le public, pas seulement des aces, il faut réfléchir à la suite. Car ce sont les longs échanges qui provoquent le plus de réactions dans les gradins. Aujourd’hui, les hommes sont bien plus grands qu’il y a cinquante ans mais le filet de tennis, lui, est toujours à la même hauteur, par exemple…", lance-t-il.
L’avenir
Roger Federer, 35 ans et 7 mois, vient de remporter coup sur coup le premier Grand Chelem et le premier Masters 1000 de la saison. Preuve que le temps ne dissipe pas tout, surtout pas le talent. Le Suisse ambitionne de jouer encore jusqu’à 40 ans. Pour Nadal, le futur c’est surtout demain. Car demain, c’est déjà loin. "Pour moi, c’est vraiment au jour le jour en ce moment. Je ne me projette vraiment pas aussi loin que dans cinq ans". Il mesure le chemin parcouru et les épreuves traversées et a conscience de ce qu’il a accompli. "Toutes les années déjà vécues sont une réalité bien plus belle que je ne l’aurais jamais rêvée. Je suis redevable à la vie de m’avoir permis de vivre tout ça", assure-t-il. L’après, Nadal y est préparé. Il a déjà vécu de longs mois sans tennis suite à ses blessures et "tout allait bien aussi dans ces moments-là". Mais le plus dur pour cet incroyable compétiteur sera de tourner le dos à la compétition justement. Impossible même. "C’est vrai, moi, j’ai du mal à imaginer la vie sans compétition. Que ce soit au golf, au football, en tout, il y en aura toujours (…) J’aime quand on cherche à se dépasser, quoiqu’on fasse (…) Oui, vraiment, l’esprit de compétition, j’aime ça".
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