La Serbie remporte la Coupe Davis
Les premiers échanges donnaient quelques frayeurs au camp français, Llodra étant mené 0-30 sur son service, mais une fois évacuée la pression, il reprenait le fil de son jeu. Le Français se procurait même deux balles de break, mais le Belgradois se rassurait et égalisait à 1-1. C'était au tour du Parisien de se voir mener sur son service, mais conscient qu'il jouait probablement le match le plus important de sa carrière, Llodra se crispait et les passings de son adversaire le poussaient dans ses retranchements. Breaké une première fois, puis une deuxième, le visage du Français se fermait et le score qui s'affichait n'allait pas le réconforter (1-4). S'en suivait un jeu blanc conclu par un smash rendu très facile (1-5). Le jeu en service-volée de Llodra convenait parfaitement à Troicki qui se faisait un malin plaisir à contrer aussitôt le Français. Après deux balles de set sauvées, le Parisien pouvait regagner son banc à 2-5. Il en profitait pour échanger quelques précieux mots avec son capitaine, Guy Forget, qui tentait de le rassurer et le remettre sur les bons rails. Mais le mal était fait, et après 38 minutes, la première manche s'envolait en faveur du Serbe (2-6).
Le président serbe Boris Tadic, arborait fièrement son écharpe de supporteur, alors que la nouvelle ministre des Sports, Chantal Jouanno, avait du mal à s'enthousiasmer aux côtés du président de la Fédération française de tennis, Jean Gachassin. Alors que les revers qu'assénait le Serbe donnaient du fil à retordre à Llodra, ses coups droits restaient perfectibles, et en fin tacticien, le Français appuyait là où cela faisait mal. Il breakait logiquement en exploitant cette faille, mais retombait aussitôt dans ses travers en commettant de nouveau trop de fautes directes (2-2). Pire, face à un Troicki impérial depuis sa ligne de fond de court, il perdait de nouveau son engagement (2-4). En pleine réussite, le Serbe engrangeait de la confiance et accentuait la pression. Même le filet avait choisi son camp ! Ne parvenant plus à s'imposer sur son engagement, il laissait à son adversaire le soin de mener 5-2. Troicki en profitait pour haranguer la foule déjà conquise, et enlevait la deuxième manche 6-2 après moins d'une heure et demie de match.
Intouchable Troicki
"Un moment incroyable de ma vie" - Viktor Troicki
Menés deux sets à rien, comme dans le double, Llodra sentait que le match lui échappait totalement. D'autant que Troicki réussissait tout ce qu'il entreprenait. Et ce début de troisième manche n'augurait rien de bon pour le camp tricolore, le Parisien devant une fois de plus s'incliner sur son service Quelques supporteurs français trouvaient pourtant le courage d'agiter leurs drapeaux tricolores, mais sur le banc, les camarades de Llodra sentaient bien que cette Coupe Davis allait rester à Belgrade. Mené rapidement 4-1, Llodra trouvait néanmoins les ressources pour revenir à 4-2 sur l'engagement du Serbe. Il redonnait même quelques petites couleurs aux siens en remportant son service sur un jeu blanc (4-3). Mais le 10e sacre de l'équipe de France n'était pas au programme de ce dimanche, et devant un public serbe aux anges, Troicki offrait à son pays la toute première Coupe Davis de son histoire sur le score sévère et sans appel de 6-2, 6-2, 6-3. "C'est un moment incroyable de ma vie", a lancé Troicki au micro de France 2. "J'ai fait un bon match, c'était dur de rester concentré à 100%. Llodra a fait une grande saison en Coupe Davis, c'était un grand moment de le battre lors de ce dernier match", a-t-il indiqué.
"Echouer si près du but, c'est très frustrant" - Michaël Llodra
En larmes dans les minutes qui ont suivi la rencontre, Llodra n'a pas caché sa déception. "Ca a été dur pour moi aujourd'hui, il a été trop fort du début à la fin. J'ai essayé de faire de mon mieux, ce n'est pas facile de jouer un tel match. Je n'ai eu aucun problème physique. Les larmes à la fin signifient beaucoup de choses", a-t-il déclaré. "Dans un premier temps tu culpabilises un peu parce que tu n'as pas réussi à apporter le dernier point à ton équipe, parce que ça ne s'est pas passé comme voulu. J'ai perdu sèchement. C'est une énorme déception. Tu te dis: après tout ce qu'on a fait avec les copains, échouer si près du but, c'est très frustrant. Pour moi c'était un rêve de gamin il y a beaucoup de choses qui arrivent d'un coup. Mais on a un groupe soudé, il faudra compter avec nous dans les prochaines années", a-t-il prévenu.
"Si on est en finale aujourd'hui c'est grâce à Mika (Llodra) et Gaël, il ne faut pas l'oublier" - Guy Forget
Pour Guy Forget, l'émotion était toute autre. "Si on est en finale aujourd'hui c'est grâce à Mika (Llodra) et Gaël, il ne faut pas l'oublier", expliquait-il les yeux rougis par la tristesse. "Je disais à Arnaud Boetsch ce matin que cette Coupe Davis paraissait tellement loin et tellement proche en même temps. Ce qui est terrible c'est que sur les deux matches aujourd'hui, à aucun moment on n'envisage la victoire", a-t-il expliqué. "Et il n'a pas voulu enfoncer davantage encore le malheureux Michaël Llodra. "Mika, je le vois jouer depuis plusieurs mois et je n'ai pas vu un gars le +retourner+ comme Troicki l'a fait aujourd'hui. Il se faisait passer, relancer, il n'avait pas beaucoup de réussite non plus et dans tous les compartiments du jeu l'autre était meilleur. Gaël a été surclassé par un gars plus fort que lui même s'il aurait pu un peu mieux jouer à un moment. C'est aussi frustrant d'avoir été aussi près du but et de perdre", a conclu le capitaine.
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