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L'énorme chantier du futur capitaine de l'équipe de France

Après quinze jours d'imbroglio autour de l'éviction d'Arnaud Clément de sa chaise de capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, la Fédération française de tennis a officialisé le nom de son successeur. Yannick Noah, "un secret de polichinelle" comme l'avait qualifié Arnaud Di Pasquale le Directeur technique national, a retrouvé ce poste. Quelles que soient ses qualités et la constitution de son staff, il sera face un énorme chantier. Paradoxal pour une équipe qui reste sur une finale perdue et un quart de finale.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Des traces de l'éviction de Clément à effacer

"Quel que soit notre point de vue sur Arnaud en tant que capitaine, tout le  monde était d'accord pour dire qu'il a toujours tout donné pour la Coupe (...)  et qu'il faut traiter ces questions et ces personnes-là avec beaucoup plus de  respect que ce qui a été fait. Il y a un processus qu'on n'a trouvé pas correct". Mandaté par l'ensemble des joueurs composant le groupe France, Gilles Simon, dans L'Equipe, a ainsi traduit le malaise général après l'éviction d'Arnaud Clément. En quelques semaines, la Fédération française a réussi à faire l'unanimité contre elle. Et voir son élite s'opposer n'est pas un gage de bons résultats dans le futur. Le prochain capitaine va donc devoir rétablir des relations normalisées entre la FFT et un groupe qui représente la France sur la scène internationale. Et si l'ont ajoute un staff, certainement marqué également par la façon dont Clément a été mis sur le bord de la route, cela fait beaucoup de monde à remobiliser pour pousser vers le même objectif.

Un groupe à ressouder

Cette affaire a mis au jour des dissensions au sein du groupe France. Entre ceux qui ont clairement affiché leur soutien à Arnaud Clément (Julien Benneteau notamment), ceux qui auraient demandé son départ (Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet), et ceux dont on ne sait pas grand-chose (Gaël Monfils, Gilles Simon), le collectif a volé en éclats sur ce sujet. "Certains avaient exprimé clairement leur envie de changer de capitaine,  d'autres leur envie de continuer avec Arnaud et d'autres étaient hésitants", a précisé Simon. Mais ce sujet n'est pas le seul point de désaccord. La finale 2014 contre la Suisse a laissé un Tsonga avec un sentiment de solitude, qui ne semble pas l'avoir abandonné en quarts de finale en Grande-Bretagne. Pour ce joueur, si attaché à la conquête de ce trophée, le passé récent peut expliquer ce ressenti. Gaël Monfils et Richard Gasquet n'ont, en effet, pas toujours affiché une grande motivation pour passer au-delà des douleurs physiques ou psychologiques. En 2013, en quarts en Argentine, le Biterrois avait préféré ne pas jouer, comme cette année face aux Britanniques au Queen's, alors que dans les deux cas il représentait intrinsèquement la meilleure chance de ramener un point. Le Parisien, pour des soucis extra-sportifs, avait fait de même en 2014 contre l'Australie et l'Allemagne, et a préféré ne pas prétendre à la sélection pour jouer les Britanniques cette année, étant donné son peu d'amour pour le gazon. Quant à Gilles Simon, il a longtemps traîné un blocage psychologique dans cette compétition. Bref, Tsonga a parfois pu se sentir bien seul pour mener l'équipe de France.

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Jo-Wilfried Tsonga se livre pour Stade 2

C'est à cela que devra s'attaquer le prochain capitaine: avoir un collectif à même de renverser des montagnes, comme l'ont fait les Belges qui se retrouvent en finale avec le 15e et 59e mondial. Avec cinq membres du Top 30 (dont trois du Top 20), la France doit faire beaucoup mieux. En s'ouvrant tant au niveau des joueurs (Paire, Chardy en simple, Herbert en double) que du staff ? Depuis la finale à Belgrade en 2010, Llodra et Clément sont sortis du groupe, que seul Nicolas Mahut a intégré cette année. Pour le reste, ce sont les mêmes joueurs. "On a tous le même  objectif, c'est de gagner la Coupe. On n'est parfois pas d'accord sur la façon  de le faire. Mais l'amour du maillot sera toujours là", a résumé Gilles Simon ce week-end.

Une équipe de double à imposer

L'an dernier, Arnaud Clément a mené l'équipe de France en finale en alignant à deux reprises (contre l'Australie et la République tchèque) le duo Tsonga-Gasquet en simple et en double. Sur les deux autres rencontres (Allemagne et Suisse), l'un d'eux au moins manquait à l'appel en raison de blessures. Le résultat a toujours été positif, sauf en finale (paire Gasquet-Benneteau décidée le jour-même). Cette défaite finale en double rappelle une règle: le double réclame des automatismes. Entre les deux joueurs sur le terrain, et pour chacun afin, pour avoir des séquences "automatiques", sans réflexion. Si le talent individuel peut parfois compenser (Federer-Wawrinka en finale), lorsque le score est très serré, c'est cela qui fait les différences. Et ni Tsonga, ni Gasquet ne jouent le double régulièrement durant la saison, contrairement à des Forget, Leconte et Noah dans le passé. Aujourd'hui, la France dispose, en Mahut-Herbert, d'une association victorieuse à l'US Open et finaliste à l'Open d'Australie. La titulariser permettrait en plus d'en finir avec le récurrent débat sur l'enchaînement de matches sur les trois jours pour les joueurs de simple. Plus que jamais, le double est vital pour la France, car en simple, les Djokovic, Federer, Murray ou Nadal rapportent presque systématiquement leurs deux points du week-end. Il faut donc faire le plein dans les autres matches lorsqu'on affronte leur équipe, ce qui arrive tôt ou tard. 

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