France-Suisse: Monfils-Federer, l'inconnue
de notre envoyé spécial à Lille
Huit victoires pour Roger Federer, et seulement deux défaites. Son bilan contre Gaël Monfils est sans nul doute limpide. Mais voici deux mois et demi, le Français est passé, par deux fois, à un point de la victoire, en quarts de finale de l'US Open. Et les douleurs au dos du Suisse, à l'origine de son forfait en finale du Masters dimanche dernier, ne font qu'attiser la thèse d'un possible exploit tricolore. "Ce sera très spécial pour moi de jouer contre Roger. Il est une véritable légende. Ce match à l'US Open va certainement m’aider", estime le Parisien.
L'ancien N.1 mondial avoue avec gourmandise: "Je suis impatient de jouer contre Gaël. C'est un grand joueur, très amusant à regarder jouer et j’aime jouer contre lui." Mais il ne cache pas les questions qui se posent: "C’est un match difficile, pour n’importe qui et pour moi aussi. Si j’avais été à 100%, cela aurait été difficile en soi à cause du public et à cause de l’adversaire. C’est comme le premier tour d’un tournoi, personne ne sait comment cela va se passer. On ne connait pas bien la terre battue sur court couvert. Il reste beaucoup de points d’interrogations pour tout le monde, et pour moi aussi." Son adversaire, pour sa part, attend une "ambiance de dingue, simplement".
Dominguez: "On ne gagne pas en jouant petit"
"Est-ce que Federer a récupéré physiquement ?", s'interroge Patrice Dominguez. "Est-ce qu'il est capable de produire le même tennis que celui produit ces dernières semaines en indoor sur dur ? Forcément, il aura une crainte car il n'a pas pu se tester véritablement sur terre. Il s'est entraîné, mais très peu, et sans forcer. Même si c'est le roi de l'adaptation, va-t-il digérer tout ça ? C'est le gros point d'interrogation, face à un joueur qui sait qu'il peut l'accrocher, qu'il peut le battre. C'est le challenge ultime pour Gaël Monfils. Il est mieux préparé dans sa tête, tennistiquement et tactiquement qu'il ne l'était en 2010 en finale contre Djokovic.
Il faut qu'il oublie que c'est Federer en face, qu'il oublie qu'il est peut-être diminué. Il va devoir hausser son niveau et sur une période assez longue. Il ne gagnera pas facilement. Un impératif: ne pas démarrer comme un diesel, sinon cela aura un effet négatif sur lui, mais surtout il donnera confiance à son adversaire. Il doit démarrer fort. Il doit imprimer au jeu son jeu, jouer beaucoup sur les alternances, notamment en revers, car Federer a expliqué dimanche qu'il ne pouvait pas faire de revers, lors de son forfait. Il faut aussi le faire reculer, le fatiguer. Gaël Monfils doit dont jouer plus tôt, prendre des initiatives, et bien servir, c'est une évidence, pour ne pas se trouver sous pression. En finale de Coupe Davis, on ne gagne pas en jouant petit. C'est la chance de leur vie. Si on doit oser et jouer avec de l'audace, c'est ce jour-là.
La blessure au dos Roger Federer de va le forcer à s'adapter. On ne peut pas oublier plusieurs jours de souffrance comme ça. Il en reste toujours quelques traces. Aller au filet, c'est écourter les échanges, et face à Gaël, cela peut être une question de survie. Gaël doit le mener dans des filières plus longues. La terre battue est assez rapide, et avec l'augmentation de la température, avec les matches, elle va s'accélérer encore plus. Il faut en profiter dès vendredi, car plus c'est rapide, plus c'est favorable à Federer."
Vidéo : Federer déterminé à jouer malgré son dos
Di Pasquale: "Il est craint par Federer"
"Il y a beaucoup d'incertitudes. Mais je crois que Gaël est craint par Federer, car il n'est pas facile à manoeuvrer, surtout sur terre. Il est capable de défendre pendant des heures. Il a cette complémentarité entre un physique hors du commun et une frappe de balle énorme. C'est très explosif sur terre-battue. Federer a moins d'heures sur cette surface, et a priori, il conserve quelques raideurs dans le dos. Si Gaël arrive à faire abstraction de toutes les discussions autour de Federer, il a toutes les armes pour le chercher.
Le Suisse va certainement vouloir raccourcir les échanges, mais il est moins fort sur cette surface. Il n'est pas naturellement patient, il joue des schémas de jeu assez brefs. Et lorsqu'il doit accepter de faire 7-8, ou dix frappes, cela le gêne. Son tennis est moins inné sur cette surface qu'ailleurs, et si en plus il manque de préparation, Gaël part dans des conditions optimales. Dès qu'il y a beaucoup de monde, un gros match, il adore. Ca le sublime. Il se nourrit de l'énergie transmise par le public. Mais personne ne sait vraiment où en est Roger Federer. Et je souhaite qu'il puisse jouer dans les meilleures conditions possibles."
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