France-Suisse, la finale de rêve
L’équipe de France espérait affronter son homologue suisse pour au moins deux raisons. D’abord parce que la rencontre était certaine de se dérouler dans l’hexagone, alors que les Transalpins auraient reçu en cas d’une finale Italie-France. Ensuite, en termes de prestige, défier la paire Federer-Wawrinka est un challenge autrement plus excitant que de batailler avec Fognini ou Bolelli, n’en déplaise aux intéressés. Les Bleus ne partiront pas favoris, mais les Helvètes ont quelques failles à exploiter.
La Suisse favorite sur le papier
Sur le papier, La Suisse est meilleure que la France. Roger Federer, numéro 3 mondial, et Stan Wawrinka (N.4) évoluent à des hauteurs que les Français n’ont jamais connues. Jo-Wilfried Tsonga n’a jamais fait mieux que 5e du classement ATP (12e actuellement), Gilles Simon 6e (26e), Richard Gasquet 7e (21e), Gaël Monfils 7e (18e) et Julien Benneteau 26e (29e cette semaine).
Federer compte 17 titres du Grand Chelem et Wawrinka un, depuis Melbourne fin janvier, lorsqu’il a dépucelé son palmarès en Majeurs. Les Tricolores ont parfois échoué au port (Tsonga en finale de l’Open d’Australie) mais n’ont jamais conclu. Jo, Richard et Gaël ont pourtant longtemps évolué dans la même catégorie que Stan, souvent même au dessus, mais c’est l’outsider suisse qui a réussi l’exploit de dominer Djokovic puis Nadal –certes diminué- dans un même Grand Chelem. Et comme Rodgeur plane à des sphères inatteignables*, le pedigree helvète présente bien mieux que les tuniques bleues.
La rencontre de deux mythes
Cela n’empêche pas les Français d’adorer les Suisses. Roger Federer fait l’unanimité pour sa classe et sa gentillesse, et Stan Wawrinka est très pote avec les Tricolores notamment Benoît Paire et Jo-Wilfried Tsonga. Le Lausannois s’entraîne parfois avec le numéro 1 français en Suisse, où la plupart des Français résident.
Un France-Suisse en finale de Coupe Davis, c’est surtout la rencontre de deux mythes : le mythe Federer et le mythe des Mousquetaires, qui a ressuscité lors de ce France – République tchèque joué à Roland-Garros, stade construit en 1928 suite aux exploits des vrais Mousquetaires (Cochet, Lacoste, Borotra, Brugnon). Le septuple vainqueur de Wimbledon a décidé de se consacrer à fond sur l’épreuve cette année alors qu’il l’a délaissée du temps de sa splendeur, faisant souvent l’impasse sur le premier tour pour venir sauver la patrie lors des barrages de septembre. Aidé par la montée en puissance de Stan Wawrinka, le Bâlois a décidé de tout mettre en œuvre pour rafler le plus grand trophée qui manque à sa collection.
La France encore à domicile
Ca tombe bien, les joueurs français ont également choisi cette saison pour aller chercher le prestigieux Saladier d’argent que la France attend depuis 2001. Richard Gasquet avait dit dès l’US Open 2013 qu’il faisait de la conquête de la Coupe Davis son objectif principal pour 2014. Et les autres ténors du tennis hexagonal lui ont emboîté le pas, sentant bien le poids du temps qui passe (Gasquet, Tsonga, Monfils et Simon s’approchent doucement de la trentaine). L’avantage de disputer tous les matches à la maison a permis aux Bleus d’éliminer l’Australie et l’Allemagne avant de couler les Tchèques.
Les hommes d’Arnaud Clément rêvent de conquérir le plus beau trophée collectif de la petite balle jaune afin de ne pas usurper le titre de Mousquetaires que certains journalistes leur ont donné un peu prématurément.
Le délicat choix de la surface
Sur quelle surface faudrait-il alors recevoir la Suisse ? Deux options présentent chacune des avantages et des inconvénients. Si les Français veulent jouer sur les faiblesses de Wawrinka, un dur assez rapide sera privilégié. Tsonga est redoutable dans ces conditions indoor, le service de Monfils claque très bien aussi, et le double français sera plus à l’aise que sur terre. En choisissant la surface ocre, les Bleus miseraient sur la relative faiblesse de Federer sur terre battue. Une faiblesse à relativiser car le Suisse a disputé cinq finales à Roland-Garros même s’il est nettement plus fort sur surface rapide. Et Wawrinka, qui a déjà battu Tsonga, Gasquet et Monfils Porte d’Auteuil, serait plus difficile à dompter dans ces conditions.
L'état de forme primera
« Je suis persuadé que l’équipe peut être performante partout », a dit Arnaud Clément sans se mouiller. Tsonga abonde : « Ca ne doit pas nous faire peur de choisir. Nos forces sont davantage sur du dur rapide, un tout petit peu moins sur terre. Mais on a déjà battu Federer et Wawrinka sur terre donc ce sera un dilemme. Mais de toutes façons, c'est l'envie qui fera la différence, pas la surface ». « Ce qui comptera le plus, ce sera l’état de forme », a conclu Gilles Simon. "Cette semaine, la terre nous a été avantageuse, mais le lieu a aussi beaucoup compté", a quant à lui précisé Julien Benneteau, la voix cassé par la fête de la veille.
Adulé par la très grande majorité des fans de tennis français, Roger Federer sera pour une fois l’ennemi numéro 1 lors de ce rendez-vous en terre inconnue. La rencontre se jouera peut-être dans l’enceinte du stade Pierre-Mauroy de Lille qui n’a encore jamais reçu un tel événement. L’ambiance promet d'être chaude. On a hâte d’y être.
* Federer possède un bilan positif contre tous les joueurs français susceptibles d’être alignés en finale : 11-5 contre Tsonga, 8-2 contre Monfils, 12-2 contre Gasquet, 5-2 face à Benneteau et 4-2 devant Simon. Wawrinka a un bilan beaucoup plus mitigé. Il est mené 3-2 par Tsonga et 3-1 par Benneteau, il fait jeu égal avec Monfils (2-2) et Gasquet (1-1), et mène devant Simon (2-1).
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