Coupe Davis: Yannick Noah, le discours de la méthode
La voix est posée, le sourire rare mais sincère. Vingt minutes durant, Yannick Noah, nouveau capitaine de Coupe Davis depuis le 21 septembre, s’est adressé à la presse en marge du Masters 1000 de Paris, le BNP Paribas Masters, pour rendre compte de la réunion de samedi lors de laquelle il a rencontré les joueurs français susceptibles de faire partie du groupe dans un futur plus ou moins proche. Étaient présents Tsonga, Monfils, Simon, Paire, Chardy, Mannarino, Pouille, Mahut, Roger-Vasselin, Herbert et Benneteau alors que Gasquet était excusé, jouant sa demi-finale de Bâle le même jour. Une réunion durant laquelle, selon les mots de Noah, les joueurs ont surtout « écouté » faisant preuve de « timidité » pour certains d’entre eux. Timides, il ne faudra plus l’être sur le court avec le maillot bleu sur le dos : le capitaine Noah ne l’acceptera pas.
"Pour motiver les joueurs, il faut connaître les hommes"
Si le vainqueur de Roland-Garros 1983 a voulu réunir tant des joueurs, c’est pour montrer que la concurrence fonctionnera à plein. Le capitaine de l’équipe de France a pointé du doigt le fait que certains joueurs étaient peut-être trop sûrs d’être sélectionnés et qu’il fallait changer la donne. « Je mettrai les joueurs qui sont en forme. Il m’est arrivé parfois de faire des sélections qui ont surpris. Et même si ça a pu nous coûter un ou deux matches, je pense qu’il y a des principes qu’il faut garder », a expliqué Noah. Ce dernier a mis l’accent sur le fait de sélectionner des joueurs prêts, dans leur tête et dans leur corps : « Si certains ne le sont pas, d’autres le seront à leur place », a-t-il prévenu.
Par le passé, certains joueurs comme Gaël Monfils ou Richard Gasquet ont pu montrer des signes de moindre concentration à l’approche d’un rendez-vous de Coupe Davis, Noah n’hésitera pas à les laisser chez eux si ses paroles sont suivies d'actes. C’est en tout cas le souhait de Gilles Simon qui expliquait pour Le Parisien qu’il « aimerait vraiment que ça se passe comme il l’a dit… ». Il est vrai que pour le moment, Noah n’a pas pu réellement se mettre au travail. Le temps est à la prise de contacts y compris pour des joueurs que, de son propre aveu, le capitaine ne « connaissait pas. «Pour motiver les joueurs, il faut connaître les hommes. Pour ça, je dois parler à l’entourage, au coach, aux compagnes », a détaillé Noah. Un investissement total, c’est le leitmotiv de celui que la France du tennis attend comme le messie.
Un discours ferme
Dans le détail, Noah appellera ses joueurs trois semaines avant un rendez-vous de Coupe Davis pour savoir s’ils sont prêts physiquement et mentalement. Ces derniers devront d’ailleurs parfois mettre leur volonté de côté. « Les plannings sont très chargés, certains tournois sont intéressants financièrement. Mais à partir du moment où on se regarde dans les yeux et qu’on se dit que l’objectif est de gagner la Coupe Davis, on fait ces sacrifices-là. Et évidemment la personne qui ira jouer un tournoi qui ne sera pas sur la même surface la semaine d'avant, il ne jouera pas. Et ils le savent », a quasiment menacé Noah. L’ancien vainqueur de la Fed Cup avec les filles de l’équipe de France imagine les semaines de rendez-vous avec des « bonnes séances de travail le lundi et le mardi pour être prêt à jouer le vendredi, le samedi et le dimanche, a-t-il expliqué. Je n’ai jamais entendu parler d’un joueur qui est en demi-finale de Grand Chelem et qui ne joue pas la finale parce qu’il est fatigué ». Le message est passé.
A en croire les déclarations de Richard Gasquet dans le Journal du Dimanche, les joueurs sont prêts à suivre le capitaine : « On attend de Yannick un supplément d’âme pour se sublimer, le petit grain de folie. En France, il n’y a que lui qui a ce truc. […]Il faut qu’on soit des tueurs, chacun au service de l’autre, pour enfin gagner cette Coupe Davis. » Travail, investissement, confiance, tels sont les maîtres mots de la méthode Noah. « Le discours de départ était qu’il fallait responsabiliser les joueurs. S’il y a eu des petites contre-performances, c’était la faute de tous. Il y a eu un fusible, c’était Arnaud mais ce n’est pas parce qu’il n’est plus là que certains doivent se planquer. Un moment il faut se dire les choses clairement. Il n’y a rien de grave mais au moins qu’on puisse se servir des erreurs passés pour créer un truc solide », a-t-il conclu. Un truc assez solide pour offrir à la France sa première Coupe Davis depuis quinze ans ?
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