Coupe Davis : Pouille, un leader aux pieds d'argile
Yannick Noah l'a résumé avec des mots doux. Son leader a passé, comme d'autres de ses compatriotes, un "été difficile", a-t-il lâché au moment d'annoncer sa sélection pour affronter l'Espagne à Villeneuve-d'Ascq, dans sa région du Nord de la France. On pourrait y ajouter le printemps. Car la saison de Lucas Pouille, depuis le mois de mars, s'apparente à un long chemin de croix, que rien pour l'instant n'est venu égayer. Cinq matches seulement gagnés en Grand Chelem, sans jamais goûter aux deuxièmes semaines, et deux petites victoires en Masters 1000. De quoi se morfondre...
Sérieusement dévisser
Après une saison 2017 solide, avec certes une seule deuxième semaine en Grand Chelem (US Open) mais trois titres engrangés (Vienne, Stuttgart, Budapest) le propulsant au pied du top 10, le Français était forcément attendu. On imagine mal, hors blessure, une trajectoire aussi ascendante, dévier de sa ligne. Mais le tennis est loin d'être une science exacte. Son début de saison est plutôt timide, mais pas inquiétant. Sa défaite au premier tour de l'Open d'Australie contre le 171e mondial, le Belge Ruben Bebelmans ? Vite classé comme un accident lié à son nouveau statut sur le circuit. Un début de saison est toujours difficile à gérer, il faut digérer la préparation, s'accoutumer à sa nouvelle place.
Et surtout, après Melbourne, Pouille semble bien. Il engrange son premier titre un mois plus tard à Montpellier en s'offrant les scalps de Benoît Paire, Jo-Wilfried Tsonga et de Richard Gasquet en finale. Deux semaines plus tard, il s'incline contre Kachanov en finale de l'Open 13 de Marseille. Rien de grave. Il va d'ailleurs battre le Russe la semaine suivante à Dubaï dans un ATP 500, pour s'incliner seulement en finale face à ... Bautista Agut, qu'il risque de recroiser à Villeneuve-d'Ascq. Rien ne peut annoncer ce qui va suivre. Car à partir de là, le Français va sérieusement dévisser. Indian Wells, Monte-Carlo, Madrid, Rome... Trois "first" (défaite au 1er tour) et une seule victoire, en trois sets, face à Andrea Seppi (Rome). Pas un super bilan pour préparer Roland-Garros. Sur la terre battue parisienne, il ne fait pas de miracle, mais sa défaite au 3e tour n'a rien de déshonorant.
Frustration
Vivement l'herbe pense-t-il, l'une de ses surfaces de prédilection. Mais d'entrée il perd son titre à Stuttgart, battu en demi-finales par Raonic, et la spirale ne le quittera plus. Sa défaite au 2e tour à Wimbledon face à Novak, 171e mondial, lui fait mal. Cela se sent dans ses mots. "Là je pense surtout à partir en vacances. Je n'ai plus vraiment envie de voir la raquette", lâche-t-il. Mais ce break ne le relancera pas, sorti quelques semaines plus tard au premier tour à Toronto par Felix Augier-Allassime, 133e mondial. "Je ne vais pas vous dire que c'est une super saison au niveau des Grands Chelems", a-t-il reconnu après sa défaite au 3e tour à l'US Open contre le Portugais Sousa. Je l'attribue à quoi ? Là, maintenant, avec la frustration, je ne vais pas répondre parce que je vais dire beaucoup de conneries. Il sera temps de faire un point à la fin de la saison."
Il ne semble pourtant pas loin de son meilleur niveau, sur certains bouts de match. Et Pouille peut encore espérer se refaire un peu avec deux Masters 1000 à venir (Shanghai et Bercy). Mais aussi grâce à la Coupe Davis. Il a tellement montré d'envie et d'engagement pour cette compétition, au point d'ailleurs de s'en prendre frontalement avec l'ITF qui a voté sa disparition la saison prochaine. L'ambiance, la perspective d'une finale, un cocktail qui pourrait aider au déclic. Il suffit parfois d'un match...
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