"Avec un joueur de la classe de Rafael Nadal, tout peut se passer", estime Arnaud Clément à l'aube du retour de l'Espagnol

Absent en compétition depuis son élimination au deuxième tour de l'Open d'Australie le 18 janvier 2023, l'Espagnol retrouve les courts au tournoi de Brisbane (Australie), dimanche.
Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Rafael Nadal à l'entraînement à Brisbane (Australie), le 28 décembre 2023. (PATRICK HAMILTON / AFP)

Trois cent quarante-sept jours plus tard, Rafael Nadal est de retour sur un court de tennis en compétition. Dimanche 31 décembre, il retrouvera le frisson d'un match officiel à l'occasion du premier tour du tournoi ATP 250 de Brisbane (Australie), face à un joueur issu des qualifications. "Après une année sans compétition, il est temps de revenir", avait-il annoncé au début du mois, dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.

L'Espagnol reprend donc le fil d'une carrière interrompue ici même, Down Under, lorsqu'il avait été éliminé au deuxième tour de l'Open d'Australie par l'Américain Mackenzie McDonald (6-4, 6-4, 7-5), le 18 janvier, à cause d'une hanche récalcitrante. Celle-ci l'aura finalement écarté des terrains pendant près d'un an. "Il y a eu beaucoup de doutes, il y a eu des moments où il semblait impossible que ce jour arrive, mais j'ai conservé la motivation et l'espoir", se réjouissait-il sur ses réseaux sociaux, quelques jours après l'officialisation de son retour.

Déjà handicapé au pied de manière chronique par le syndrome de Müller-Weiss dont il souffre depuis ses 18 ans, le gaucher a subi deux opérations en 2023 : la hanche et le psoas. Mais vibrait toujours en lui cette envie de rejouer, "de ne pas finir comme ça", en référence à sa défaite surprise à Melbourne.

"Prêt à faire de grandes choses"

Alors Rafael Nadal a travaillé dur, tel un acharné, afin d'être en capacité de rejouer. Il a multiplié les séances d'entraînements avec plusieurs joueurs. Arthur Fils a partagé le court avec lui début décembre au Koweït. Richard Gasquet aussi, il y a quinze jours, pendant 3h15. "Je me sens bien", a-t-il déclaré, à l'occasion d'un événement promotionnel en Australie vendredi.

"Il va bien jouer cette année. Au début, il faut du temps. Mais il sera compétitif, je n'ai aucun doute", affirmait dans la foulée le Français, dans les colonnes de L'EquipeCarlos Alcaraz ne disait pas autre chose, mercredi : "J'ai vu des vidéos de lui à l'entraînement, il est à 100 %. Je pense qu'il est prêt à faire de grandes choses cette année aussi."

"Il sait comment son corps réagit à l'entraînement, mais pas encore comment il va réagir à la compétition, nuance Arnaud Clément, consultant pour Franceinfo: sport. La différence peut être importante sur l'enchaînement, l'intensité et la difficulté des matchs."

Dès lors, que peut-il espérer à Brisbane - son troisième ATP 250 seulement depuis 2017 - alors qu'Holger Rune (8e mondial), Grigor Dimitrov (14e) ou encore Ben Shelton (17e) participeront ? "Je sais que c'est un tournoi difficile, mais j'espère être prêt à jouer, je n'aspire à rien d'autre, juste à être compétitif", admet-il. "Je ne vais pas me plaindre, je me sens bien mieux que je n'aurais pu l'espérer il y a un mois, mais il est impossible de penser à remporter des tournois aujourd'hui. Rien n'est impossible, mais pour moi, rien que le fait d'être ici est une victoire", a-t-il dévoilé vendredi.

"Il est prêt dès le premier tournoi et a envie de reprendre sur dur, une surface plus exigeante pour son corps. Cela veut dire qu'il a un certain degré de confiance par rapport à sa préparation, estime Arnaud Clément. Avec un joueur de cette classe, tout peut se passer."

Objectif Paris (bis) ?

Rapidement, l'Open d'Australie (du 15 au 28 janvier) lui permettra de se jauger sur la plus grande scène possible, même si l'actuel 670e mondial, qualifié grâce au système de classement protégé (permettant à un joueur blessé pendant au moins six mois d'être qualifié automatiquement pour neuf tournois de son choix), pourrait défier une tête de série d'entrée.

Ensuite, il se tournera forcément vers Paris où les Internationaux de France et les Jeux olympiques 2024 se dérouleront à Roland-Garros à deux mois d'intervalle. "Il a quelques mois pour monter en puissance avant de retrouver une surface (la terre battue) sur laquelle il n'a plus besoin de faire ses preuves", analyse Arnaud Clément. L'ex-numéro un mondial a forcément dans le viseur un 15e Roland-Garros ou un deuxième titre olympique en individuel (après Pékin 2008) voire en double (après Rio de Janeiro 2016). "On rêve tous d'une association avec son compatriote Alcaraz", poursuit notre consultant.

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Rafael Nadal : une carrière entachée par les blessures . (.)

"Il n'est pas du genre à revenir sur le circuit juste pour jouer, imagine Novak Djokovic, désormais détenteur de deux tournois du Grand Chelem (24) de plus que son rival (22). Il veut gagner des titres, il veut être le meilleur, c'est pourquoi il est ce qu'il est : une légende de notre sport. Je suis sûr que son entraînement et sa préparation sont faits avec l'intention de gagner un Grand Chelem."

"Probable que ce soit ma dernière année"

Dès l'automne, sur la chaîne espagnole Movistar+, le Majorquin avait relativisé les attentes dont il est objet : "L'idée n'est pas de revenir pour gagner Roland-Garros ou l'Open d'Australie. Que les gens ne soient pas surpris, tout cela est bien loin, je suis conscient des difficultés que je rencontre." Un constat lucide qui n'a pas varié au moment de son grand retour. "Ce n'est pas comme si je m'étais entraîné avec une forte intensité lors des six derniers mois. Je me suis seulement entraîné avec une très bonne intensité durant le mois dernier", a expliqué Nadal vendredi.

"Je ne me vois pas jouer pendant très longtemps."

Rafael Nadal

le 29 décembre

Si ce n'est pas sa première longue pause, l'homme aux 92 titres espère réussir à se montrer moins intransigeant envers lui-même. "J'attends de moi de ne rien attendre en particulier, expliquait-il début décembre. Avoir la capacité de ne plus exiger de moi-même ce que j'ai exigé de moi pendant toute ma carrière." Ce sera certainement compliqué. "Je pense qu'il n'acceptera pas, sur le terrain, d'être moins exigeant qu'avant mais qu'en dehors, il mettra moins de temps à digérer", pense Arnaud Clément.

Preuve qu'à 37 ans, "le Taureau de Manacor" se rapproche inéluctablement de la fin de sa carrière. "Dans mon esprit, c'est normal ou très probable que ce soit ma dernière année, avance-t-il. Mais je ne veux pas l'annoncer comme tel parce qu'au final on ne sait pas ce qui peut arriver. Je pense que cela n'a pas de sens de se fixer une limite." Ses premiers coups de raquette, dimanche, permettront d'en savoir davantage sur la suite (et la fin) d'une épopée longue de 22 ans.

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