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Australie : le régulateur des médias juge "non raciste" une caricature controversée de Serena Williams

Le dessin, qui date de septembre, s'était attiré un déluge de critiques, qui étrillaient une représentation raciste et sexiste de la star du tennis.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Serena Williams lors de la finale de l'US Open, le 8 septembre 2018 à New York. (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

La caricature avait été taxée de racisme et de sexisme. Un dessin représentant Serena Williams publié en septembre par le journal australien Herald Sun n'a pas enfreint les règles éthiques de la presse, a finalement estimé, lundi 25 février, le régulateur australien des médias.

Lors de l'US Open, la star américaine de tennis avait écopé de trois avertissements et d'une amende de 17 000 dollars pour une spectaculaire colère lors de la finale, perdue contre la Japonaise Naomi Osaka. Un événement que le caricaturiste australien Mark Knight avait raconté dans un dessin publié par le Herald Sun, où l'on voyait une Williams aux grosses lèvres en train de piquer une crise et de sauter sur sa raquette cassée, avec une tétine tombée sur le court.

Le dessin de Mark Knight paru dans le "Herald Sun" s'était attiré un déluge de critiques. (MARK KNIGHT / HERALD SUN)

Le dessin s'était attiré un déluge de critiques, notamment du Washington Post et de l'écrivain JK Rowling, qui étrillaient une représentation raciste de l'une des plus grandes sportives au monde. Pour enfoncer le clou, le Herald Sun avait republié la caricature en une en qualifiant de "politiquement correctes" les accusations de racisme qui la visaient.

"Une caricature non raciste"

Le Conseil de la presse australienne a indiqué lundi qu'il avait reçu des signalements au sujet de la caricature, sur le fondement qu'elle pouvait "constituer une représentation insultante et sexiste d'une femme et un stéréotype racial préjudiciable des Afro-Américains en général".

Il a expliqué que les griefs portaient sur le fait que la joueuse était représentée avec "de grosses lèvres, un nez plat et large, une queue de cheval afro différente de celle de Mme Williams pendant le match et une posture évoquant un singe". Mais le Conseil a reconnu que l'intention du journal était simplement de dénoncer chez Serena Williams un comportement "puéril en la montrant sautant partout et crachant sa tétine". "Le Conseil considère que le ressort du dessin est l'exagération et l'absurdité", poursuit-il.

"Il accepte les explications de l'éditeur selon lequel il ne présente pas Mme Williams en singe, mais comme quelqu'un qui 'crache sa tétine', une caricature non raciste et évocatrice pour la majorité des lecteurs australiens", poursuit le Conseil.

"Le monde est devenu fou", estime le dessinateur

Le Conseil reconnaît que le dessin a pu choquer certains lecteurs mais ajoute qu'il y avait "un intérêt public à commenter le comportement et le fair-play affiché à l'occasion d'une importante querelle entre une joueuse de tennis à la notoriété mondiale et un arbitre de la finale de l'US Open. (...) Dès lors, le Conseil ne considère pas que la publication n'ait pas pris les mesures raisonnables pour éviter de commettre une infraction, de créer de la souffrance ou de relayer des préjugés, sans justification suffisante de l'intérêt public."

De son côté, le caricaturiste s'était notamment défendu en mettant en avant ses autres caricatures, notamment celle du tennisman australien Nick Kyrgios, comme l'explique le Daily Mail (en anglais). Mark Knight avait estimé que les réactions négatives à son dessin de Serena Williams montraient que le monde était "simplement devenu fou". "J'ai fait ce dessin dimanche soir après avoir vu la finale de l'US Open et vu la meilleure joueuse de tennis au monde faire une colère, ce que j'ai trouvé intéressant, avait-il expliqué sur le site internet de News Corp Australia. Le dessin de Serena porte sur son comportement déplorable, pas sur la race."

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