Tennis : on vous résume la polémique qui vise Rafael Nadal après ses propos sur le féminisme
Des explications qui ne passent pas. Interrogé sur la question de l'égalité salariale dans le sport et sur sa vision du féminisme dans l'émission "El Objetivo" de la chaîne de télévision espagnole La Sexta, jeudi 15 février, Rafael Nadal s'est retrouvé au coeur d'une polémique, qui n'a pas encore trouvé de dénouement.
Quels propos de Rafael Nadal sont ciblés ?
Face à la journaliste Ana Pastor, l'ancien numéro 1 mondial a dû se justifier sur son nouveau rôle d'ambassadeur de la fédération saoudienne de tennis, un pays où les droits des femmes et des sportives sont bien plus restreints que ceux des hommes, avant d'aborder le thème du féminisme. "Je ne suis pas hypocrite, je n'aime pas dire des choses faciles sur le féminisme. Pour moi, il faut donner aux hommes et aux femmes les mêmes investissements et les mêmes opportunités. Les mêmes salaires ? Non, pour quoi faire ?", rétorque le Majorquin, interrogé sur la question.
Relancé par la journaliste sur les inégalités des conditions au sein des sélections masculine et féminine de football, Rafael Nadal répond : "Si vous me dites qu'être féministe c'est vouloir les mêmes opportunités pour les deux, alors je suis féministe. J'ai une mère, j'ai une soeur." L'Espagnol regrette au passage que le féminisme "soit poussé à l’extrême". "L'égalité ce n'est pas faire des cadeaux, c'est que si, par exemple, Serena Williams génère plus de revenus que moi, elle puisse gagner plus", conclut-il.
Pourquoi est-ce mal passé en Espagne ?
Dans une société espagnole encore marquée par la longue affaire Rubiales, les propos de Rafael Nadal, qui botte en touche au moment d'évoquer les conditions des joueuses de football espagnoles, pourtant championnes du monde, ont du mal à passer. Son excuse "j'ai une mère, j'ai une soeur", répétée 14 fois au cours de l'interview, est jugée maladroite voire désuette. Le quotidien espagnol El Pais y a même consacré son édito vendredi, pour tacler l'homme aux 22 Grands Chelems : "Espérons qu’il a un ami gay, un voisin noir, et nous aurions le forfait tout compris du gentleman pas encore déconstruit."
Les réactions sont vives, dans un pays où les plus jeunes sont particulièrement sensibilisés aux discriminations visant les femmes et où un pacte d'Etat contre les violences de genre a été voté en 2017. La journaliste espagnole Angeles Caballero titre d'ailleurs son édito : "Rafael Nadal, un extraterrestre sur le court, un Espagnol moyen en dehors", sous-entendu un peu macho. "Il nous a montré que sa transformation en José Maria Aznar López est achevée à 98%", cingle l'autrice, le comparant à l'ancien premier ministre espagnol (1996-2004), président d'honneur du Parti populaire, parti espagnol de droite.
Pourquoi continue-t-on d'en parler ?
Les réactions de la société civile et de célébrités comme Luis Figo ont fait traîner l'affaire Nadal jusqu'à trois jours après la publication de l'extrait par le compte X (ex-Twitter) de la chaîne. "Je pense que ce qui vous dérange le plus, c'est qu'il est libre, riche, et l'un des plus grands athlètes de tous les temps et il n'a pas besoin de cet argent pour vivre ! Voilà encore ce qu'il se cache derrière ce faux progressisme", a réagi sur X l'ancien footballeur portugais du Real Madrid, club que supporte Rafael Nadal, à la tribune postée par El Pais.
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