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Saison terminée pour Tsonga

Touché au genou gauche, Jo-Wilfried Tsonga a annoncé aujourd'hui son forfait pour la fin de saison et donc pour les deux échéances qui lui tenaient à coeur: le Masters 1000 de Paris-Bercy et la finale de la Coupe Davis que l'équipe de France jouera en Serbie début décembre. Un coup dur pour le clan tricolore mais aussi pour le Manceau qui aura vécu une saison 2010 tronquée. "c'est un peu une rechute après ma blessure de cet été", a confié le Français.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
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Ce qu'on pressentait est malheureusement arrivé. Jo-Wilfried Tsonga est contraint de déclarer forfait pour la fin de saison. En conséquence, le Sarthois ne disputera pas la finale de la Coupe Davis avec ses potes de l'équipe de France. Plus que son forfait à Paris, c'est bien son renoncement à la reconquête du Saladier d'argent, du 3 au 5 décembre à Belgrade, qui suscite le plus de regrets, pour lui d'abord et pour la formation dirigée par Guy Forget ensuite. Car la France sans Tsonga, c'est un peu comme la Serbie sans Djokovic, une équipe sans son leader. Certes, les Bleus disposent d'un panel de joueurs assez étoffé pour palier à l'absence de son numéro 1. Mais perdre le seul joueur qui possède un bilan positif dans ses confrontations avec "Djoko" est une mauvaise nouvelle.

"Putain de genou"

Pour "Jo", la nouvelle est terrible même si le finaliste de l'Open d'Australie 2008 a senti venir le coup. Samedi dernier, dans son duel fraternel avec Gaël Monfils à Montpellier, Tsonga a ressenti une douleur assez vive dans son genou gauche. Il n'a pas chercher à expliquer sa défaite à cause de cette blessure -Monfils ayant d'ailleurs fait un bon match- mais il a immédiatement senti que c'était suffisamment grave pour le priver de ce qu'il aime le plus: le défi collectif, a fortiori quand il s'agit d'aller défier les Serbes chez eux pour rapporter la Coupe Davis en France 9 ans après le sacre de Melbourne. "Putain de genou" s'était écrié à plusieurs reprises le Français sur le court central de l'Open Sud. Aujourd'hui, Tsonga peut tourner la page d'une année 2010 qu'il n'avait pas imaginée comme ça.

Une rechute

Arrêté trois mois cet été, déjà à cause de son genou gauche, le Manceau a fait sa rentrée le 5 octobre à Tokyo mais s'est de nouveau fait mal la semaine dernière en demi-finale du tournoi de Montpellier face à Gaël Monfils. Il a passé des examens médicaux mardi à Paris qui ont révélé une nouvelle inflammation du tendon sous-rotulien gauche. "Je ne vais pas jouer Bercy et la Coupe Davis a cause de ma blessure contractée à Montpellier, c'est un peu une rechute après ma blessure de cet été", a déclaré Tsonga lors d'une conférence de presse ce mercredi à Paris. "Mon tendon a de nouveau lâché". La fin de saison prématurée de Tsonga constitue également un nouveau coup d'arrêt terriblement frustrant pour le 13e mondial, athlète surpuissant mais  fragile qui est poursuivi par les blessures depuis son adolescence.

Djokovic va être déçu

Pour Novak Djokovic l'absence du Français, actuellement blessé, à la finale de la Coupe Davis, est vraiment dommageable. Une véritable "déception", avait déclaré le Serbe mardi en marge du tournoi de Bâle en Suisse. "Vous ne voulez jamais voir quelqu'un blessé. Tsonga est le leader de l'équipe de France depuis 2 ans. Ce serait vraiment une déception s'il ne pouvait participer à la finale" qui débutera le 3 décembre. "La France peut choisir Monfils, qui joue actuellement un des meilleurs tennis de sa carrière et Llodra qui est toujours coriace en Coupe Davis. Il y a aussi Simon et Gasquet. Ils ont vraiment une bonne équipe mais nous pouvons battre n'importe quelle équipe sur n'importe quelle surface, dans n'importe quel pays", avait conclu le Serbe.

Gasquet relancé

Cette année, Tsonga n'aura joué que le premier tour face à l'Allemagne (4-1) avant de manquer déjà le quart de finale face à l'Espagne (5-0) et la demi-finale contre l'Argentine (5-0). En ces deux occasions, c'est le pilier du double, Michaël Llodra qui l'avait suppléé pour disputer le simple vendredi aux côtés de Gaël Monfils. Gilles Simon ou Richard Gasquet sont d'autres solutions de recours envisageables. Le Biterrois, qui peut évoluer en simple et en double (avec Llodra) revient donc carrément dans la course alors qu'il n'avait quasiment aucune chance d'être présent sans la blessure de Tsonga.

Forget: "Une mauvaise nouvelle"

"Il avait tout axé là-dessus, il a d'ailleurs peut-être repris un peu trop tôt là où les médecins lui conseillaient d'attendre peut-être quinze jours de plus, a déclaré Guy Forget au micro de France Info. Mais il savait qu'il lui fallait un minimum de tournois pour être en confiance et moi je trouvais aussi que son planning était bon". Pour Forget, l'absence de son leader est évidemment "une mauvaise nouvelle", d'autant que "Jo jouait de mieux en mieux". Mais le capitaine a également fait remarquer que la France avait "réussi à se qualifier sans lui jusque-là" et qu'elle avait toujours "les moyens d'aller au bout de l'aventure". "Quand on a battu l'Espagne (en quarts) et l'Argentine (en demi-finales), Jo n'était pas là non plus et ses copains avaient assuré de manière remarquable. Aujourd'hui, il n'y a pas de complexe à avoir. A Montpellier, j'ai vu du bon tennis de la plupart d'entre eux. Gilles (Simon) rejoue très bien, Richard (Gasquet) aussi et Gaël a gagné le tournoi. Je touche juste du bois pour qu'il n'y ait pas de nouvelles blessures", a conclu Forget.

Tsonga: "Beaucoup de regrets"

Q: Vous avez donc décidé de mettre un terme à votre saison...
R: "Oui et ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère. Pour moi c'était un rêve de gosse de pouvoir jouer la finale de Coupe Davis. Il y a forcément beaucoup de regrets et un peu d'amertume. C'est difficile, ce n'est pas anodin, je suis atteint. Je tire un trait sur ce qui aurait été un des moments les plus beaux de ma carrière, je suis déçu de ne pas pouvoir faire partie de cette fête. Mais malheureusement je ne peux pas. C'est dommage, je jouais bien, je me sentais super bien physiquement et paf, la douche froide."

Q: Est-ce que c'est un des moments les plus durs de votre carrière?
R: "Oui certainement, comme il y a deux ans lorsque je n'ai pas pu aller aux jeux Olympiques. La Coupe Davis fait partie des choses vraiment magiques. C'est un rêve qui s'envole. Mais pas très loin car une finale de Coupe Davis c'est quelque chose qu'on peut rééditer. Dans les années à venir je vais avoir l'occasion de me rattraper."

Q: Quand la douleur s'est-elle réveillée?
R: "Lors de mon match face à Gilles (Simon, à Montpellier vendredi). Ces dernières semaines, j'ai fait le maximum pour être prêt à temps, j'ai travaillé dur, j'ai été assidu, j'ai pris des risques. J'ai voulu accélérer les choses pour jouer la finale mais ce n'est pas passé. Je n'ai pas le choix."

Q: C'était impossible de tenter le coup pour être rétabli d'ici la finale?

R: "Les médecins m'ont dit stop, que c'était dangereux de continuer. Ce ne serait pas sérieux de tenter le diable. Je ne peux pas prendre le risque d'être blessé pendant six mois. Je vais prendre trois semaines de repos et reprendre la raquette début décembre si tout va bien".

Q: N'avez vous pas envie de maudire ce corps qui vous lâche si souvent?

R: "Oui mais en même temps c'est aussi à cause de lui que je suis arrivé jusqu'ici. Franchement après tout ce qui m'est arrivé, je relativise. Il ne tient qu'à moi de renouveler ça et de me redonner la chance de jouer une finale de Coupe Davis."

Q: Pensez-vous à modifier votre programme dans le futur pour éviter ces blessures récurrentes?
R: "Mais mon programme je le modifie déjà. Je ne peux pas faire grand-chose de plus. A un moment donné on ne peut plus contrôler, la vie est ce qu'elle est. Ce n'est pas non plus la mort, ce n'est pas tragique. C'est juste triste."

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