Roland-Garros 2022 : le crépuscule des "Mousquetaires" Tsonga, Simon, Gasquet, et Monfils, épilogue de 17 années proche des sommets
Gaël Monfils, qui a dû déclarer forfait pour les Internationaux de France, manque à l'appel pour la dernière participation au tournoi de Gilles Simon et Jo-Wilfried Tsonga.
Ils ont rythmé l'enfance, l'adolescence ou la vie adulte de nombreux fans de tennis. Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet et Gaël Monfils auraient dû se retrouver une neuvième et dernière fois ensemble à Roland-Garros à partir du dimanche 22 mai, 17 ans après leur première expérience commune porte d'Auteuil. Le talon de "La Monf'" en a décidé autrement. Trop diminué, le Parisien a jeté l'éponge, le 16 mai, afin de se soigner.
Avec la retraite de "Jo" à l'issue de ces Internationaux de France et celle de "Gillou" en fin de saison, les "Nouveaux Mousquetaires" (un surnom qu'ils n'apprécient pas forcément), ne formeront plus ce quatuor magnifique qui a marqué le tennis français. Les quatre joueurs ont été classés dans le top 15 en août 2011, et chacun d'eux a intégré le top 10 à un moment dans leur carrière. Leur malchance : avoir joué au même moment que les plus grands joueurs de l'histoire que sont Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic, 61 titres du Grand Chelem à leur actif (sur les 74 mis en jeu depuis le premier sacre de Federer à Wimbledon en 2003). Aujourd'hui, si Monfils pointe encore à la 22e place, Gasquet (75e), Simon (159e) et Tsonga (267e) sont loin.
Leur histoire commune sur le circuit ATP s'est écrite dès 2005, avec l'apparition dans le tableau principal du Majeur parisien de trois nouveaux noms. Tsonga, Simon et Monfils découvrent alors l'ocre du Grand Chelem français. Pour Richard Gasquet, il s'agit déjà de la quatrième participation après des débuts précoces (16 ans en 2002). Ces quatre-là ne se quitteront plus dans les tournois les plus prestigieux de la planète, et formeront l'une des meilleures équipes du monde en Coupe Davis, même si la campagne victorieuse en 2017 s'est faite sans Monfils, blessé.
Jo-Wilfried Tsonga, le chef de file
Il a annoncé début avril que ce Roland-Garros serait le dernier tournoi de sa carrière. Jo-Wilfried Tsonga prendra donc sa retraite porte d'Auteuil, pour sa 13e participation au Majeur français. Vainqueur de deux Masters 1000, à Bercy en 2008 face à David Nalbandian puis à Toronto en 2014 face à Roger Federer, il est le seul de la bande à avoir remporté des tournois de ce niveau.
Le Manceau possède le deuxième plus beau palmarès du tennis masculin français de l'ère Open avec 18 titres. Seul Yannick Noah a fait mieux avec ses 23 sacres (dont un Grand Chelem), même si Tsonga a remporté la Coupe Davis comme joueur.
En Grand Chelem, son principal fait d'armes restera la finale de l'Open d'Australie perdue en 2008 face à Novak Djokovic, qui a conquis là le premier de ses 20 titres majeurs. Ces deux semaines exceptionnelles à Melbourne l'auront notamment vu dompter Andy Murray et balayer Rafael Nadal.
En disposant finalement de Novak Djokovic en Australie en 2010 puis de Roger Federer en quarts de finale à Wimbledon en 2011, au terme d'une remontée folle après deux premiers sets perdus (il devient alors le premier joueur à vaincre le Suisse après avoir été mené deux sets à zéro), le Manceau est le seul Bleu à avoir battu les quatre membres "Big Four" en Grand Chelem.
Avec cinq éliminations en demi-finales de Grand Chelem et neuf en quarts de finale, Tsonga aura été au rendez-vous de nombreuses deuxièmes semaines et de matchs à enjeu. Cinquième joueur mondial en 2012, derrière les quatre monstres sacrés, il est au final l'un de ceux qui a le plus pâti de cette génération incroyable.
Gilles Simon, monsieur plus
Deuxième mousquetaire à raccrocher cette saison, Gilles Simon a, lui aussi, vaincu tous les joueurs du "Big Four", mais pas en Grand Chelem. En battant une fois Nadal, une fois Djokovic, deux fois Murray et deux fois Federer, le Niçois n'a pas autant crevé l'écran que Tsonga, mais il fait partie d'un petit groupe de joueurs ayant réussi à trouver la solution contre les légendes du tennis du XXIe siècle.
Titré à 14 reprises sur le circuit professionnel, Simon n'a remporté qu'un seul ATP 500 et aucun Masters 1000 malgré ses deux finales, à Madrid en 2008 et à Shanghaï en 2014. Sixième joueur mondial à son apogée, en janvier 2009, juste devant "Jo", "Gillou" n'a participé qu'à deux quarts de finale de Grand Chelem, en Australie en 2009 (face à Nadal) et à Wimbledon en 2015 (face à Federer). Si le Français n'a remporté aucun grand titre, il a déjoué les pronostics, tant peu le voyaient arriver à ce niveau-là. Avec son intelligence de jeu, il a su tirer le meilleur de son potentiel.
Richard Gasquet, l'éternel espoir
Numéro 1 mondial junior, passé professionnel dès 16 ans, meilleur joueur de sa génération devant Rafael Nadal, Richard Gasquet devait devenir le nouveau champion français, quasiment deux décennies après Noah. Mais le Biterrois n'a finalement jamais atteint les sommets, contrairement à son rival espagnol de toujours. "Richie" n'a d'ailleurs jamais battu "Rafa" sur le circuit ATP en 17 confrontations.
Lors de ses trois demi-finales en Grand Chelem et ses trois finales en Masters 1000, Gasquet a buté sur Nadal, Djokovic ou Federer. Pas simple d'évoluer avec des géants. A Roland-Garros, il n'a jamais fait mieux que son quart de finale en 2016 face à Andy Murray. Au total, le Tricolore a remporté 15 tournois, exclusivement des ATP 250 et s'est hissé jusqu'au septième rang mondial en 2008. Celui qui possède l'un des plus beaux revers du circuit n'aura pas réussi à faire mouche lors des grands rendez-vous.
Gaël Monfils, l'ambition inassouvie
Des "Nouveaux Mousquetaires", il est celui qui continue d'avoir des résultats et de gagner des titres. Vainqueur à Adélaïde et quart de finaliste à l'Open d'Australie en début de saison, le Parisien a connu deux fois le dernier carré en Grand Chelem : à Roland-Garros en 2008 face à Roger Federer puis à l'US Open en 2016 contre Novak Djokovic. Le Serbe, véritable bête noire de "La Monf'", l'a battu à 18 reprises en autant de rencontres, un record historique d'invincibilité face à un même adversaire.
Avec onze titres, il est également le "Mousquetaire" avec le moins de sacres. Ses 22 finales perdues pèsent lourd. Sixième joueur mondial en 2017, Monfils s'est notamment incliné à deux reprises en finale du Masters 1000 de Paris-Bercy et une fois à Monte-Carlo. Si son corps le laisse tranquille, il pourra toutefois encore enrichir son palmarès.
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