Llodra facile, Simon succombe, Federer tremble
Michael Llodra ne savait pas vraiment à quoi s'attendre en affrontant Flavio Cipolla. Certes, les deux hommes se connaissaient pour s'être croisés à deux reprises dans leur carrière, la première fois en 2006 sur la moquette de Belgrade et la deuxième fois en 2010 lors des qualifications du Masters 1000 de Rome. A chaque fois, le Parisien s'était imposé en deux manches, avec à chaque fois un jeu décisif. Mais le 160e mondial avait sorti en trois manches lors du 1er tour l'Américain Andy Roddick (N.12), il est vrai pas aussi à l'aise sur terre que sur gazon. Issu des qualifications, le Transalpin n'a pas pu rééditer sa performance de lundi, le Français ne lui laissant aucune chance en 1h16 de jeu pour l'emporter 6-4, 6-2, n'ayant qu'une seule petite balle de break à défendre, mais qu'il perdait d'ailleurs lors de la première manche. En s'imposant, le 27e mondial décroché sa deuxième victoire consécutive de la saison sur terre-battue, lui qui avait été écarté au 1er tour de Monte-Carlo par le Canadien Raonic. "Ca n'a pas été simple aujourd'hui", racontait Michael Llodra. "J'étais un peu tendu parce que forcément je savais que c'était un match à ma portée. On sait que dans ce genre de tournois, il y a beaucoup de points, beaucoup d'argent et il faut être présent. C'était encore un très bon match. Plus dans la tête où j'ai dû batailler au début, et puis après c'était beaucoup mieux au deuxième set. On est en altitude, ce sont de bonnes conditions pour un joueur comme moi qui fait service-volée. Le service prend encore plus de dimension, et aujourd'hui une nouvelle fois j'ai très bien servi, donc c'est sûr que d'évoluer sur des courts rapides m'avantage un peu plus. Plus jeune, je faisais trop de fixation sur la terre battue. Je peux être très bon sur terre battue. J'ai appris à jouer sur cette surface, donc je n'ai pas de gêne particulière. Je glisse plutôt pas mal. Après c'est plutôt mon jeu qui pouvait de temps à autre n'être pas bon. J'ai progressé techniquement, mon jeu est bien plus stable, donc ça permet de gagner de très bons matches." Il faudra encore qu'il sorte une grosse partie au prochain tour, puisqu'il affrontera Daniel Gimeno-Traver. En temps normal, ce nom de ne fait pas frémir outre-mesure les cadors du circuit, mais l'Espagnol, après avoir éliminé Gasquet au 1er tour, s'est offert Jurgen Melzer (N.8) au 2e. Issu des qualifications, l'Ibère l'a emporté 7-6 (10/8), 6-3 en 1h34 contre le gaucher autrichien.
Simon rate l'occasion
Le parcours s'est arrêté là pour Gilles Simon. Opposé à Andy Murray, il a lutté durant 2h23 pour finalement s'incliner en s'effondrant au troisième set et perdre 6-4, 3-6, 6-0. Le Niçois, qui n'a plus battu Murray depuis leur première confrontation en 2007 (six défaites avec celle-ci), pourra se mordre les doigts d'avoir laissé échapper plusieurs opportunités de break (2 sur 10) et commis quelques erreurs coûteuses. Mais comme il y a quelques semaines en 8e de finale à Monte-Carlo, ou comme en 2008 ici-même à Madrid en finale, à l'époque où le tournoi se jouait encore sur dur, c'est le Britannique qui a eu raison de la résistance du Français. Chaque échange a demandé aux deux joueurs, qui ont un peu les mêmes aptitudes défensives, de déployer des monceaux d'énergie. Le match s'est prolongé pendant 2 h 23 min. Même dans le troisième set, et malgré ce qu'indique le score, Murray a dû arracher chaque point. Dominé dans le premier set, Simon, qui vient de réintégrer le Top 20 (20e) après une année 2010 gâchée par des soucis avec un genou, a profité de gros cadeaux du Britannique sur l'avant-dernier jeu pour remporter la deuxième manche. Mais plusieurs erreurs grossières en début de troisième set l'ont sorti de son match, et donné confiance à Murray qui a maintenant devant lui un boulevard, jusqu'à une demi-finale attendue face à Novak Djokovic. "J'ai juste la sensation d'être passé à côté de quelque chose", regrettait Gilles Simon. "Je n'ai pas servi pour le match non plus. Mais à un moment tu as le sentiment que tu joues mieux que l'autre et ça finit 6-0... J'ai perdu quelques points bêtes, il sert bien ses balles de break. Et à l'arrivée, sans qu'il joue beaucoup mieux que toi, ça fait 6-0. Au début du troisième set, j'ai un mauvais jeu qui tombe mal, et là je perds tout l'ascendant que j'avais. J'ai très, très mal volleyé. Il y a des jours où il m'a battu c'était sans appel, ce n'était pas le cas aujourd'hui. Ce qui fait la différence, c'est un gros mauvais passage au début du troisième. Je me suis posé des questions qu'on ne doit pas se poser à ce moment-là. C'est l'un des 6-0 les plus accrochés que j'ai joués. C'est un joueur très complet, qui couvre très bien son terrain, qui a une lecture du jeu différente de celle des autres. On ne bat pas un Andy Murray par hasard. Il y a la déception de se dire qu'aujourd'hui il y avait un coup à jouer."
Federer frôle la désillusion
Pour son deuxième tournoi sur terre-battue de la saison, Roger Federer a bien failli s'arrêter une nouvelle fois prématurément. Eliminé en quarts de finale à Monte Carlo par Jurgen Melzer, il est passé à deux doigts de l'élimination contre un autre gaucher, Feliciano Lopez. Les deux doigts correspondaient aux deux points qui séparaient l'Espagnol de la victoire dans le jeu décisif de la troisième et dernière manche. Menant 5-2, après avoir accumulé 23 aces dans la rencontre (contre 25 au Suisse), le 39e mondial pouvait avoir la confiance pour rafler deux petits points pour finir le travail. Seulement voilà, en sept affrontements avec l'ancien N.1 mondial, il n'avait jamais réussi à s'imposer une seule fois. Et dans ces moments-là, la confiance fait toute la différence. Et au contraire de Melzer sur le Rocher, qui n'avait jamais battu Federer en trois matches, il a été incapable de garder le bras assez solide pour conclure le match, comme à 5-3 sur ce smash immanquable, mais manqué... Le 3e mondial refaisait son retard pour recoller à (5-5), effaçait d'un ace la seule balle de match de l'Espagnol, et il finissait, après près de 3h de match, par s'imposer 7-6 (15/13), 6-7 (1/7), 7-6 (9/7) et s'ouvrir les portes des 8e de finale. Non sans mal. Et c'est Xavier Malisse qui lui sera proposé. "Je suis soulagé d'être passé. Ce n'était pas facile du tout", a-t-il convenu. "Il servait si bien que ce n'était pas vraiment un match sur terre battue. J'ai plutôt bien joué, mais c'était de plus en plus difficile de retourner son service. Ca aurait été frustrant pour moi si j'avais perdu ce soir parce que j'ai eu mes opportunités, j'aurais pu gagner le premier set et l'obliger à plus se poser de questions", a-t-il ajouté, sans paraître le moins du monde inquiet après ce match.
Djokovic tout en maîtrise
Novak Djokovic, justement, a logiquement composté son billet pour les 8e de finale. Opposé au Sud-Africain Kevin Anderson, le N.2 mondial a porté à 28 matches sa série d'invincibilité cette année. Pour son deuxième tournoi sur terre battue, après celui remporté dimanche chez lui à Belgrade, le Serbe n'a pas produit un jeu éclatant, mais n'a jamais vraiment été en danger non plus. Djokovic a écarté sans trembler les deux balles de break qu'il a eues à défendre, mais il a éprouvé plus de difficultés à concrétiser ses propres opportunités (2 sur 6 seulement). "Les conditions de jeu ici sont très rapides", a-t-il ensuite expliqué. "Si vous jouez un grand serveur, il faut faire un gros effort pour le breaker. J'ai dû travailler dur pour prendre son service. Je l'ai fait deux fois et ça a suffi." Le Sud-Africain, N.35 mondial, a montré une belle aptitude à se déplacer sur terre battue, malgré ses 2,03 m. Mais Djokovic a finalement saisi sa chance au même moment dans chaque set, au 8e jeu alors qu'il menait 4-3. "C'est avant tout un jeu mental", a remarqué le Serbe. "La différence c'est le mental, votre capacité à rester fort, à jouer le coup juste au bon moment. Ca s'est vu aujourd'hui. Ce sont quelques points qui ont décidé du sort du match. S'il avait pris mon service, qui sait dans quel sens le match aurait pu tourner." Djokovic s'est dit convaincu que la spécificité de la surface madrilène, plus rapide qu'un court en terre battue ordinaire en raison de l'altitude (650 m), était propice à ceux qui ambitionnent de faire enfin chuter sur terre le maître Rafael Nadal. "Avec l'altitude, vous contrôlez moins bien la balle", a-t-il analysé. "Il est donc crucial de rester concentré tout le match. Si vous servez bien, c'est un gros avantage. Je pense qu'il y a plusieurs joueurs qui peuvent le battre ici. S'il y a un court sur terre sur lequel il peut être battu, c'est ici."
En 8e de finale, face à l'Espagnol Guillermo Garcia-Lopez, il aura l'opportunité d'égaler le nombre de victoires consécutives enregistrées en 1986 par Ivan Lendl (29). Personne n'a fait aussi bien depuis. "Ce n'est pas ma priorité", a assuré Djokovic au sujet de son invincibilité. "Jamais je n'aurais imaginé que je resterais invaincu pendant 28 matches. Mais j'ai toujours pensé que je pouvais battre n'importe qui sur n'importe quelle surface. Aujourd'hui, je suis plus mature, plus stable, j'ai plus confiance en moi." Le meilleur début de saison jamais réalisé est l'oeuvre de John McEnroe en 1984 avec 42 succès de rang.
Loin de ces statistiques, Juan Martin Del Potro revient très fort sur le circuit. L'ancien vainqueur de l'US Open, longtemps écarté des terrains en 2010 pour une blessure au poignet, a retrouvé de sa superbe. Le Croate Marin Cilic a pu s'en rendre compte en étant laminé 6-3, 6-0 en 1h04. Demi-finaliste à San José, Memphis, Indian Wells, vainqueur à Delray Beach et la semaine dernière à Estoril (en battant Verdasco en finale), l'Argentin recommence à faire frémir ses rivaux. Cela tombe bien, comme à Indian Wells, il pourra passer un test majeur en défiant Rafael Nadal (N.1), facile vainqueur de Marcos Baghdatis 6-1, 6-3, et qui aimerait bien poursuivre sa série sur terre-battue.
Résultats
2e tour:
Michaël Llodra (FRA) bat Flavio Cipolla (ITA) 6-4, 6-2
Thomaz Bellucci (BRA) bat Florian Mayer (GER) 6-7 (5/7), 6-3, 3-0 (abandon)
Tomas Berdych (CZE/N.7) bat Marcel Granollers (ESP) 6-4, 6-0
Robin Soderling (SWE/N.5) bat Santiago Giraldo (COL) 6-3, 6-3
Novak Djokovic (SRB/N.2) bat Kevin Anderson (RSA) 6-3, 6-4
Xavier Malisse (BEL) bat Lu Yen-Hsun (TPE) 6-2, 6-2
Juan Martin Del Potro (ARG) bat Marin Cilic (CRO) 6-3, 6-0
Rafael Nadal (ESP/N.1) bat Marcos Baghdatis (CHY) 6-1, 6-3
Andy Murray (GBR/N.4) bat Gilles Simon (FRA) 6-4, 3-6, 6-0
Daniel Gimeno-Traver (ESP) bat Jurgen Melzer (AUT/N.8) 7-6 (10/8), 6-3
Roger Federer (SUI/N.3) bat Feliciano Lopez (ESP) 7-6 (15/13), 6-7 (1/7), 7-6 (9/7)
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