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L'arme à gauche n'est plus mortelle

Cette 1ère journée du BNP Paribas Masters de Bercy plaçait six gauchers sur le terrain. La logique du classement a été respectée aux dépens de Martin Klizan et Thomaz Bellucci. Avec les duels Feliciano Lopez - Albert Ramos et Florian Mayer face à Alejandro Falla, le 2e tour était forcément assuré, les quatre joueurs étant gauchers. Il est loin le temps des John McEnroe, Jimmy Connors et Guillermo Vilas, maîtres du circuit avec leur patte gauche.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Slovaque Martin Klizan

Un seul gaucher parmi les vingt meilleurs joueurs du monde. Rafael Nadal se sent bien seul dans l'élite à tenir la raquette de la main gauche, même si Fernando Verdasco (N.23), Florian Mayer (N.27), Jurgen Melzer (N.28), Martin Klizan (N.29) et Thomaz Bellucci (N.30) sont proches du Top 20. Selon les études, il y aurait entre 10 et 15% de gauchers dans la population mondiale. Mais pendant de nombreuses années, être gaucher semblait donner un avantage sur les courts de tennis. Le plus illustre est sans aucun doute Rod Laver, seul joueur à avoir réalisé le Grand Chelem à deux reprises en tant qu'amateur puis professionnel, et qui compte 11 tournois du Grand Chelem à son actif en simple (plus six en double) et cinq Coupes Davis. Et il est loin d'être le seul à avoir marqué l'histoire du jeu avec son bras gauche. On peut citer les anciens N.1 mondiaux John McEnroe, Jimmy Connors, Guillermo Vilas, Marcelo Rios, Thomas Muster, mais aussi Goran Ivanisevic, Manuel Orantes, Tony Roche, Roscoe Taner, Neale Fraser, ou les Français Henri Leconte ou Guy Forget.

Le revers à deux mains réduit l'influence du gaucher

"Ce qui a réduit l’influence des gauchers, c’est la qualité en retour de service et les revers à deux mains", analyse Patrice Dominguez, gaucher raquette en main et consultant France Télévisions. "Même si l’envergure est moindre avec le revers à deux mains. Avant, les gauchers avaient l’avantage à 30-15, à 40-30, sur les balles de jeux, mais cela a disparu un peu avec le revers à deux mains. Cela a supprimé ce dont parlait Rod Laver : 'Etre gaucher au tennis, c’est comme donner 1m sur un 100m à un sprinteur'. La marge s’est réduite, mais il n'en reste pas moins qu’un très bon gaucher représente toujours un grand gaucher." Souvent redoutés pour les trajectoires de leurs balles, pour leurs coups de génie et leurs coups de poignet inattendus (McEnroe, Nadal, Leconte...), les gauchers ne semblent plus aussi redoutables que par le passé à l'heure de la surpuissance physique, de la vidéo et des saisons à rallonge qui multiplient les affrontements et réduisent l'effet de surprise. "Avant, avec son service, le gaucher montait très vite à la volée derrière un service slicé et plaçait sa volée croisée, dans un grand classique", se souvient Patrice Dominiguez. "Le fait que le tennis se soit orienté vers le fond de court, et plus dans une attaque de fond de court, cela a contribué à diminuer l’influence des gauchers. Mais un Nadal utilise toujours cette séquence là lorsqu’il vient sur le gazon."

Hormis l'ère Laver, l'âge d'or des gauchers se situe à la fin des années 70 et début des années 80, avec McEnroe et Connors, rivaux acharnés sur les courts et pour monter sur le trône des tournois du Grand Chelem comme de celui de l'ATP. Si l'on excepte Rafael Nadal droitier dans la vie mais gaucher sur le court, depuis, les gauchers ont connu des fulgurances, des sommets, mais n'ont pas duré.

Les gauchers gênent tout le monde, même les gauchers

L'isolement de l'Espagnol tout en haut de la hiérarchie, et la relative discrétion des gauchers, s'est vérifiée sur les terrains de Bercy lors de cette première journée. Premier à y pénétrer, le jeune Martin Klizan a bien failli être le premier à frapper fort, en menant 2-6, 6-2, 5-2 contre Andreas Seppi, qui le devance de sept places au classement mondial. Mais le Slovaque n'a pas réussi à finir le travail, commettant même une terrible double-faute pour offrir le break à l'Italien qui recollait alors à 4-5, avant de s'imposer au jeu décisif (7-5). L'odeur de la victoire, Tomaz Bellucci ne l'a même pas sentie. Opposé à Kevin Anderson, le gaucher brésilien a été balayé en un peu plus d'une heure de jeu (6-2, 6-1) par le Sud-Africain, 39e mondial. 

Pour assurer la présence d'un gaucher au 2e tour, deux matches offraient des garanties. Mayer-Falla et Lopez-Ramos, c'était simplement deux gauchers opposé dans chaque match. Le Colombien, 56e mondial, a été le premier à se diriger vers le 2e tour, en dominant l'Allemand, 28e mondial, 7-6 (7/3), 6-2. Comme le rappelle Patrice Dominguez, "le jeu du gaucher est fait à base d’angle, d’effets, qui sont forcément gênants car plus rares sur le circuit. Mais le plus embêtant pour un gaucher, c’est de jouer un gaucher".

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