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Cluster Covid, "putsch" syndical, disqualification : pour l'image de Novak Djokovic, cette saison 2020 est un désastre

Le numéro un mondial Novak Djokovic a été disqualifié de l'US Open après un geste d'humeur dangereux envers une juge de ligne ce dimanche. C'est la dernière controverse en date d'une saison qui aura vu le Serbe allier la perfection sur le plan sportif, et le très contestable en dehors des courts.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (RECEP SAKAR / ANADOLU AGENCY)

Cette saison 2020 sera, quoi qu'il arrive, celle des extrêmes pour Novak Djokovic. D'un côté, une formidable série d'invincibilité de 26 matches. C'est bien simple : jamais, dans sa carrière, il n'était resté invaincu jusqu'à l'US Open. Certes, la saison a été réduite de moitié en raison du coronavirus. Mais son exploit reste significatif. 

De l'autre côté, le Serbe n'a sans doute jamais fait autant de choix discutables en dehors du terrain. Entre le désastre de l'Adria Tour touché par le Covid, et cette disqualification à l'US Open, il vit l'une de ses pires saisons sur le plan de l'image. 

• Le cluster de l'Adria Tour 

Au départ, c'était une simple tournée de promotion. Une exhibition censée valoriser les Balkans alors que la région avait été touchée par le coronavirus, et aider les joueurs de tennis mal classés. Mais ces bonnes intentions affichées ont vite disparu derrière le désastre de l'organisation en temps de Covid. Lors de la deuxième étape à Zadar, de nombreux joueurs et entraîneurs ont été testés positifs. Le tournoi a dû être annulé dans la foulée. Surtout, les images des soirées entre joueurs ont fait le tour du monde. On y voyait le premier contaminé, Grigor Dimitrov, serrer dans ses bras ses acolytes, sans masque, sans distanciation sociale. 

Très vite, la responsabilité du numéro 1 mondial a été pointée du doigt. Lui-même a été testé positif, et sa première réaction a été...de prendre l'avion pour rentrer en Serbie. A plusieurs reprises par la suite, il s'est exprimé sur ses quelques jours, reconnaissant des erreurs mais condamnant la "chasse aux sorcières" dont il aurait été victime.

"Est-ce que je vais être tenu responsable pour toujours pour une erreur ? A vous de juger si c’est juste. Mais je sais que les intentions étaient bonnes, et si j’avais l’opportunité de faire à nouveau l’Adria Tour, je le referais", avait-il déclaré dans le New York Times plusieurs semaines après l'épisode. 

Quelques jours avant l'Adria Tour, Djokovic avait déjà suscité des critiques lorsqu'il avait dit être "opposé à un vaccin obligatoire contre le coronavirus". "Je veux avoir la possibilité de choisir ce qui est le mieux pour mon corps" avait-il précisé.

• La controversée révolution syndicale 

Début juillet, le joueur américain Noah Rubin, très actif dans les médias sur le sort des joueurs les moins bien classés, a reproché à Novak Djokovic d'avoir manqué à ses responsabilités de président du conseil. "Il n'a pas seulement manqué la réunion téléphonique avec tous les joueurs, l'ATP et l'USTA (concernant le sort de l'US Open et la mise en place de protocoles), il était en train de faire quelque chose qui pourrait blesser de nombreuses personnes (organiser l'Adria Tour, ndlr). Des fédérations pourraient être en difficulté. Des joueurs pourraient perdre de l'argent dont ils ont désespérément besoin. C'est très décevant(...) Encore une fois, 1 % des joueurs prend des décisions qui touchent tous les autres. Sans se demander une seule seconde si ça peut leur nuire"

Régulièrement épinglé par les joueurs moins bien classés, Djokovic a choisi d'initier un nouveau mouvement syndical quelques semaines plus tard, lors du tournoi de Cincinnati. "Après la réunion fructueuse d'aujourd'hui, nous sommes ravis d'annoncer la création de l'Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA)", a écrit le Serbe, N.1 mondial, sur Instagram, publiant une photo de plusieurs dizaines de joueurs réunis sur un court de tennis à Flushing Meadows. 

Voir le post sur Instagram

Dans la foulée, Rafael Nadal et Roger Federer ont appelé à "l'unité, pas à la séparation" en apprenant la création de ce syndicat dissident et des dizaines de joueurs ayant rejoint les rangs du numéro un mondial. L'ATP, créée par des joueurs en 1972 et qui gère seule depuis 1990 le circuit masculin, a également critiqué cette initiative. "Nous reconnaissons les difficultés auxquelles font face nos membres dans les circonstances actuelles, mais nous pensons fermement qu'il est temps de faire preuve d'unité, plutôt que de divisions internes", a-t-elle estimé.

Geste dangereux et disqualification 

Dernier coup de semonce à son image déjà bien amochée ces dernières semaine, cette disqualification en huitièmes de finale de l'US Open. Les images de son geste, de la juge écroulée au sol et de sa douleur manifeste, voire de la façon dont il a tenté de négocier une sanction moins sévère pendant une bonne dizaine de minutes après que l'arbitre lui a annoncé son intention de le disqualifier, risquent de porter fortement atteinte à son capital de popularité auprès du public. 

Novak Djokovic n'en est pas à son premier coup de sang incontrôlé. A Miami, en 2018, il avait arraché la serviette des mains d'un jeune ramasseur de balles, jugeant que celui-ci avait mis trop de temps à venir à lui. S'il n'a pas non plus le passif d'un Nick Kyrgios, d'un David Nalbandian, ou d'un Fabio Fognini en la matière, Djokovic entretient une relation complexe avec le public du monde entier. Lorsqu'il joue face à ses rivaux Rafael Nadal ou Roger Federer, le public prend souvent fait et cause pour ces derniers. A Wimbledon, en 2019, il avait ainsi déclaré :"Quand le public crie 'Roger ! Roger !'j'entends 'Novak, Novak' !". Après cette nouvelle bévue, il n'est pas certain que le public soit plus clément à son égard lors des prochaines échéances. 

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