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Suta, le Bleu inattendu

A l'image de son équipe de Toulon, Jocelino Suta effectue un excellent début de saison, qui lui a ouvert les portes de l'équipe de France. Presque sans le vouloir: "Ce n'était vraiment pas un objectif pour moi", dit-il. "Ca me semblait inaccessible. Déjà, jouer en Top 14, c'est énorme." Arrivé dans ce sport "par hasard" à 18 ans en commençant par le rugby à VII, le Wallisien fait ses premiers pas en Bleu à l'âge de 29 ans.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Toulonnais Jocelino Suta

Jocelino Suta fait partie des nouveaux appelés en Bleu. Mais il n'est pas aussi jeune que les Dulin, Fickou et autres Plisson. A 29 ans, il a découvert le Centre national de rugby de Marcoussis. Enfin, pas totalement puisqu'il y était déjà venu avec ses clubs de Toulon et de Mont-de-Marsan. Age et expériences passées contribuent certainement à le laisser sans pression: "Je ne suis pas intimidé", assure-t-il. "On n'a pas le temps d'être intimidé. Le temps est trop court." Le fait qu'il retrouve également Yoann Maestri, avec qui il a joué une saison à Toulon, ajoute du confort..

"Je n'oublie pas mon parcours"

Pourtant, le 2e ligne toulonnais, capable aussi d'évoluer en 3e ligne, aurait de quoi ressentir de l'émotion en intégrant l'équipe de France. Il n'y a pas si longtemps, les Bleus lui paraissaient loin. Très loin. Le rugby, il ne l'a connu qu'à 18 ans, après avoir touché au volley. "C'est par hasard que j'ai joué. Avec les copains, on jouait à VII alors qu'on n'avait pas vraiment les gabarits pour ça, histoire de s'occuper le mercredi après-midi", raconte-t-il. "J'étais beaucoup plus lourd", rigole-t-il maintenant. "Je faisais 125kg, avec plus de matière grasse", continue-t-il sur le même ton. Tout a changé en 2001, lors du tournoi des Dom-Tom disputé à Bordeaux avec la sélection de Nouvelle-Calédonie. Mont-de-Marsan le remarque et il intègre le club. La suite, c'est une progression, trois saisons avec le Stade Montois avant de prendre la direction de Toulon en 2008, à 25 ans. Mais il n'a rien effacé: "C'est pas loin tout ça. Je n'oublie pas mon parcours". La preuve, chez lui, il a conservé sa voiture immatriculée 40 (les Landes, Ndlr) en y ajoutant une immatriculée dans le Var, et il s'est installé un boulodrome pour poursuivre l'une de ses passions de jeunesse.

Les blessure ont retardé son appel en Bleu. A moins de trois semaines de son trentième anniversaire, il fait désormais partie de l'élite. "Ce n'était vraiment pas un objectif pour moi. Déjà, jouer en Top 14, c'était énorme. Je badais (sic) l'équipe de France. C'est un cran au-dessus. Pour moi, c'était inaccessible", affirme-t-il. Ses sélections en équipe de France militaire comme en France A, ainsi que le fait de jouer sous les ordres de Philippe Saint-André et Bernard Laporte au RCT ont participé à sa progression. "J'ai pas mal évolué au niveau de la discipline", estime-t-il.  "Cela compte énormément dans le haut niveau, et Bernard le répète souvent. J'ai progressé physiquement, sur la communication également." A tel point qu'il est devenu le leader de l'alignement toulonnais. Malgré les Botha, Van Niekerk, Kennedy, Shaw ou Masoe, c'est lui qui décide des combinaisons en touche. Là-aussi, c'est un peu par hasard qu'il a endossé ce rôle si important: "Le staff a trouvé que j'annonçais bien à l'entraînement. Et lors d'un match contre le Racing, je suis rentré et on m'a confié les annonces", raconte-t-il humblement.

"L'un des meilleurs 2e ligne en France"

Lors de l'annonce du groupe des 33, Philippe Saint-André avait dit à son propos: "Il démontre à chaque match que c'est devenu un des meilleurs 2e ligne en France.". Avec son mètre quatre-vingt-quinze, Jocelino Suta n'était pourtant pas prédestiné à se trouver là. "Je ne suis pas le plus grand, mais j'essaye d'être plus dynamique, d'amener de la vitesse, de la tonicité, dans l'alignement comme dans les déplacements", explique-t-il. Et lorsqu'on lui demande s'il préfère la 2e ou la 3e ligne, il répond sans hésitation: "Je me sens très bien 'dans la cage'. Je suis au chaud", sourit-il. C'est donc là que ses parents le verront samedi, sur France 2, malgré le décalage horaire de 11h.

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