Stan Wawrinka, l’outsider devenu prédateur
Stan Wawrinka a déjà gagné Roland-Garros. C’était en 2003. Professionnel depuis moins d’un an, le Suisse venait de fêter son dix-huitième anniversaire, et s’était alors offert le tournoi junior des Internationaux de France, battant en finale Brian Baker (7-5, 4-6, 6-3). "Je me souviens de tout, de mon premier match sur le court 7 en Junior, se remémore-t-il. C’était une finale très étrange, en trois sets, mais c’était avant tout un grand moment". une confrontation dantesque contre le futur lauréat Novak Djokovic, en huitièmes de finale. Un marathon de plus de cinq heures au terme duquel le Suisse dépose certes les armes (1-6, 7-5, 6-4, 7-6, 12-10), mais prend surtout conscience qu’il peut rivaliser avec ceux qu’il croyait intouchables. Trois mois plus tard, il se tatoue sur l’avant-bras une citation de Samuel Beckett : "Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better." ("Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Mais échoue un peu moins"). Il reste fidèle à cette maxime en enchaînant avec un quart à Roland-Garros et une demie à Flushing Meadows. Puis, début 2014, c’est le sacre à Melbourne, face à Rafael Nadal. Sa victoire en Coupe Davis ne fera qu’accroître encore son capital confiance. Avec son coach, Magnus Norman, il ne regarde plus le tableau en se demandant qui va bien pouvoir atteindre les quarts, les demies : il les joue. "Je ne comprends toujours pas qui m’arrive. Mais si je suis là, c’est parce que je le mérite".
Stan et les mutants
S’il lui arrive encore de craquer nerveusement, Wawrinka est désormais sûr de son talent et de là où ce dernier peut le hisser. "Je me sens bien dans tous les compartiments de mon jeu, assure-t-il. Je me sens fort (…) Lorsque je joue à mon meilleur niveau, je sais que je peux battre n’importe qui". Et ce n’est ni les railleries concernant son short, ni les sifflets du public parisien qui l’ont raccompagné aux vestiaires vendredi, ni même la perspective d’affronter le numéro un mondial pour sa deuxième finale en Grand Chelem qui vont le faire douter. "Je ne fais pas partie du Big 4, ces joueurs qui ont fait 25 finales chacun et qui en ont gagné je-ne-sais-pas-combien, reconnaissait-il vendredi. Les joueurs qui l’ont réussi étaient pour moi des mutants, tout simplement (…) Mon rêve était de participer à Roland-Garros, pas de gagner ou d’atteindre la finale. Mais je me sens à ma place". Décomplexé ? Disons plutôt réaliste.
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