Cascade de glace : un sport extrême où la France recommence à briller
Les Championnats d’Europe de cette discipline qui consiste à escalader des parois glacées ont lieu ce week-end sur la Tour de glace de Champagny-en-Vanoise en Savoie. Parmi les meilleurs grimpeurs au monde, il y a deux Français, les frères Ladevant.
Le décor est somptueux : un vallon cerné par les montagnes blanchies par d’importantes chutes de neige tombées dans la nuit. Au loin, on aperçoit quelques bouquetins qui profitent d’un franc soleil. À l’ombre, sur l’un des endroits les plus froids du massif, entre les sapins, se niche une énorme structure composée de trois pieds recouverts de glace. C’est la Tour de glace de Champagny-en-Vanoise (Savoie), haute de 24 mètres. Une structure unique en Europe où se déroulent, du 22 au 24 janvier, les Championnats d'Europe de cascade de glace.
Une discipline d'ancien "grimpeur pur"
Connue dans le monde entier, la Tour de glace de Champagny-en-Vanoise a été créée au début des années 2000 pour attirer de nouveaux adeptes de cette discipline qui consiste à escalader des parois glacées."À l’époque, j’étais grimpeur, se souvient Denis Tatoud, président du comité d’organisation des compétitions à Champagny-en-Vanoise. On estimait que c’était une activité qui pouvait avoir de l’avenir pour la rendre accessible au plus grand nombre et ce n’est pas le cas quand elle se déroule en milieu naturel où là, c’est beaucoup plus exigeant en termes de technique et de sécurité."
C’est à Champagny-en-Vanoise que s’entraînent les frères Ladevant : Tristan, l’aîné, bientôt 23 ans, et Louna, à peine 20 ans. Tristant est l’un des plus jeunes compétiteurs du circuit et il a décroché la saison dernière le classement général de la Coupe du Monde de la discipline. "On a commencé en étant grimpeur pur dans l’escalade, raconte Louna Ladevant qui vit avec son frère à Grenoble. On a été vite attirés par le milieu de l’alpinisme, en regardant par exemple des vidéos d’expédition qui nous faisaient vachement rêver. Mon frère a fait une rencontre avec l’entraîneur des équipes jeunes de l’époque. Ça a commencé comme ça et nous voilà."
Le froid et la perte de sensibilité
Avec des chaussures à crampons et des piolets, il faut grimper dans un temps donné sur des parois très raides et très froides. Les grimpeurs se retrouvent parfois à l’horizontale au-dessus du vide avec des passages inclinés à 45 degrés."On n’a aucune sensation qui vient directement de notre corps, explique Tristan Ladevant. On n’a aucun contact avec le matériel sur lequel on grimpe : avec nos pointes au pied et des piolets assez longs, on n’a pas de sensations au toucher. Et donc au début, il faut réapprendre à trouver la sensation malgré les extensions."
Il faut aussi dompter le froid. Ce week-end, à l’occasion des championnats d’Europe, les températures sont négatives. À cause des contraintes sanitaires, impossible de se réchauffer à l’intérieur des bâtiments, des réchauds sont installés au bord de la Tour de glace pour éviter un engourdissement des mains trop douloureux. "Plus l’ascension est longue et plus on a de risques d’attraper une onglée, on perd la sensibilité du bout des doigts", détaille Louna Ladevant.
"On a les mains qui se crispent, on ne peut même plus les ouvrir. Du coup, ça nous fait lâcher les piolets. Mais avec les entraînements, on commence à savoir gérer ça."
Louna Ladevantà franceinfo
Malgré leur jeune âge, les deux frères sont parvenus à rivaliser avec les meilleures nations mondiales : la Russie et la Corée du Sud notamment où la cascade de glace est devenue un sport national. "On est même en avance sur ce qu’on avait prévu, se réjouit Luc Thibal, directeur technique national à la Fédération française des clubs alpins de montagne. Il y a cinq ans, on est repartis de zéro. On a décidé sur la dernière olympiade d’avoir un projet sportif ambitieux. L’objectif était d’être la troisième nation mondiale et que les Français puissent remonter sur les podiums internationaux. C’est fait avec la victoire de Louna Ladevant la saison dernière."
La crise sanitaire a un peu contrarié les ambitions de Louna et Tristan mais ces grimpeurs, qui ont fait de leur passion un métier, fourmillent de projets. Ils devraient partir cet été au Kirghizistan pour une expédition de plusieurs semaines.
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