Mathieu Faivre, la renaissance d'un pur géantiste lors d'un mois de février de folie
• Grand spécialiste du slalom géant
Mathieu Faivre n’est pas ce qu’on peut appeler un skieur polyvalent. Contrairement à certains, comme Alexis Pinturault, capables de briller en technique comme en vitesse, le Niçois est mono-disciplinaire. Chaque saison il s’élance quasiment exclusivement en slalom géant, dont il est l’un des grands spécialistes depuis le début de sa carrière. Le skieur d’Isola 2000 a même remporté le titre de la spécialité en 2010 à l’âge 19 ans, aux championnats juniors organisés en France, à Chamonix. Son style est très différent de nombreux concurrents du circuit. Très sobre, il a pour habitude de ne faire aucune marque, de tailler de magnifiques courbes sans forcer, ce qui a longtemps dénoté face à des skieurs très expressifs comme l’Autrichien Marcel Hirscher ou Henrik Kristoffersen.
• Plusieurs podiums en coupe du monde
Pour son éclosion au plus haut niveau, il a fallu attendre 2017, époque où l’équipe de France était la nation la plus dense du circuit mondial en géant. Pour son premier podium, Mathieu Faivre finit deuxième, derrière Alexis Pinturault à Naeba, au Japon. Peu après, il termine troisième lors des finales à Saint-Moritz (Suisse), participant ainsi au triplé français historique, derrière le vainqueur Thomas Fanara et Alexis Pinturault.
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Mais c’est la saison suivante que le sudiste réussissait enfin à lever les bras en coupe du monde. Après avoir signé le meilleur temps de la première manche à Val d’Isère en décembre 2016, Mathieu Faivre confirmait lors de la seconde pour remporter sa première victoire en carrière sur l’Oreiller-Killy. Devant la star Marcel Hirscher, alors au sommet de son art. Une saison qu'il termina à la deuxième place du classement de la spécialité avec trois podiums.
• Une période de doutes
Après deux hivers où Mathieu Faivre était l’un des meilleurs géantistes du circuit, le Français a connu une période plus compliquée, bien maigre en résultats mais surtout en podium. En avril 2018, le Niçois se montrait même très déçu par la saison qu’il venait de vivre. "Ce n’est absolument pas ce que j’en attendais. (...) C’est une multitude de petites choses qui ont fait que ça a été compliqué d’avoir de la constance sur la saison et surtout de donner le meilleur de moi-même", déclarait-il dans une interview accordée à Nice-Matin.
En panne de confiance, il a vécu des Jeux Olympiques très compliqués à Pyeongchang en 2018. Une honorable septième place, loin de ses espérances de médailles, qui va le faire craquer en interview. Interrogé sur les bonnes performances des Français dans cette course, Pinturault 3e, Fanara 5e et Muffat-Jeandet 6e, il fut submergé par l'aigreur. "Je suis dégoûté du résultat, si vous saviez ce que j'en ai à faire du tir groupé collectif... je suis là pour ma pomme, pour faire ma course." Une sortie loin de plaire au staff des Bleus, qui a décidé de le renvoyer en France avant l’épreuve par équipe, malgré un mea culpa.
• Une renaissance inattendue
Malgré deux podiums lors des deux saisons passées, les résultats du Français étaient encore en dents de scie, loin de ce qu’il a pu accomplir par le passé. Cet hiver, il n'a intégré le Top 10 qu'une seule fois en six courses disputées. Mais à Cortina d’Ampezzo, sa rédemption n’est pas venue de sa discipline de prédilection. Lors du géant parallèle en début de semaine, il ne faisait absolument pas figure de favori, lui qui ne comptait comme meilleur résultat qu'une huitième place dans la spécialité.
Pourtant, sans aucune pression sur les épaules, il a créé la surprise en étant particulièrement stable sur les skis pour remporter la premier titre mondial décerné en géant parallèle. La première couronne mondiale de sa carrière ! "Cela fait quatre ou cinq ans que je ne fais pas les saisons que j'aimerais faire, alors oui ce titre est une récompense, ça me soulage de savoir que je suis capable de produire ce genre de ski sur un tel événement", a-t-il déclaré dans une interview accordée à L’Équipe après sa victoire.
Il l’a montré dans sa discipline. Alors qu’on attendait Alexis Pinturault, ogre de la spécialité avec quatre victoires cet hiver, c’est bien le skieur d’Isola 2000 qui a confirmé son retour aux affaires en se montrant impeccable sur le verglas italien de Cortina pour décrocher une deuxième médaille d’or mondiale. Grâce à ce succès, Mathieu Faivre se fait une place de choix dans l’histoire du ski alpin français. Il est premier à décrocher deux titres dans les mêmes championnats depuis Jean-Claude Killy en 1968 à Grenoble... il y a 53 ans !
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• Un appétit aiguisé
Ces deux médailles d'or transalpines ont mis le skieur sur une trajectoire de gourmand. Alors que son seul succès en coupe du monde remontait à la saison 2016-2017, il est de nouveau monté sur la plus haute marche du podium dimanche 28 février, en s'imposant lors du deuxième géant de Bansko. La veille, sur le même tracé, il avait déjà frôlé la "gagne" en finissant à la deuxième place après avoir réalisé le meilleur temps de la première manche. Le Niçois a prouvé qu'il apprenait très vite en ce moment. Encore le plus rapide lors de la manche initiale dimanche 28 février, il a géré la concurrence pour devancer tout le monde à l'issue du deuxième run. Derrière lui, deux monstres qui se chamaillent pour le gros Globe de Cristal : Marco Odermatt et Alexis Pinturault. Mais c'est bien Mathieu Faivre qui est encore premier.
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