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Saint-Moritz : Lindsey Vonn, dernière reine des Mondiaux pour une médaille en descente

Peu en réussite jusqu’ici, Lindsey Vonn a une ultime chance de ramener une médaille de Saint-Moritz lors de la descente prévue ce dimanche (si la météo le permet). Lara Gut forfait, l'Américaine, 32 ans, est la dernière reine des neiges de ces Mondiaux.
Article rédigé par franceinfo
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La skieuse américaine Lindsey Vonn (MICHAEL KAPPELER / DPA)

Un hélicoptère qui s'envole dans le ciel de Saint-Moritz, en même temps que des espoirs. Ceux de Lara Gut. Son genou a craqué. La Tessinoise ne sera pas sacrée lors de ces Mondiaux, sa saison est terminée. Une blessure grave et un désarroi immense que connaît bien sa grande rivale de la vitesse, Lindsey Vonn. Entre gravement blessées, on se comprend. L'Américaine n’a pas tardé à témoigner sa sympathie à la meilleure skieuse de la saison 2016 et médaillée de bronze du super-G.

Vonn a eu son lot de blessures ces dernières années. En 2013, son genou l’empêche de participer aux JO de Sotchi. En février 2016, rebelote, le genou lâche encore. Puis en novembre, elle se fracture le bras. Son retour est encore différé. L’image de sa cicatrice postée sur Twitter fait froid dans le dos. Mais l’Américaine n’est pas fait du même métal que les autres. La "femme bionique" remonte sur les skis quelques semaines après et remporte fin janvier la descente de Garmisch. Son 77e succès en Coupe du monde, un record évidemment.

"La skieuse est très impressionnante, avoue Tessa Worley, avec ses victoires et la manière dont elle se remet de ses blessures". Admirative, la Française qui a mis quelques saisons à retrouver son niveau d'avant sa blessure en décembre 2013. Les deux skieuses se sont croisés sur le super-G en ouverture des Mondiaux de Saint-Moritz. La Française a terminé 8e, l’Américaine est sortie. Mais trois jours plus tard, Vonn terminait cinquième du combiné alpin avec une descente réalisée avec une visibilité réduite par rapport au duo suisse notamment. Bref, elle n’est pas passée loin d’une septième médaille mondiale.

VIDEO. Mondiaux : Lindsey Vonn sort en Super-G

La famille, sa force

Cette descente de dimanche est donc l’ultime chance pour Vonn de rajouter une nouvelle ligne à son immense palmarès, deux ans après le bronze en super-G à Beaver Creek. Pour remonter à son dernier titre, il faut faire un bond de huit ans en arrière, à Val d’Isère (2009) où elle avait réalisé le doublé super-G/descente. Ces Mondiaux, elle les avait cochés sur son agenda. "Remporter une médaille serait pour moi la cerise sur le gâteau", a-t-elle dit dans les colonnes du Sport-Bild. Et tant pis si elle doit souffrir pour ça. A Saint-Moritz, elle se scotche le bâton dans la main droite pour éviter de le perdre, comme cela avait failli être le cas lors du super-G. Une tolérance de la souffrance qui "vient de sa mère" assure-t-elle.

"Ma mère a subi une attaque à ma naissance, elle ne marche pas bien et je n'ai jamais eu la chance de skier avec elle. Mais elle est toujours positive, je tiens ça d’elle", raconte-t-elle dans L’Equipe Magazine. "Dans ces moments-là, je pense à ma mère et cela me force à mettre les choses en perspective". L’aînée d’une fratrie de cinq enfants puise sa force dans cette éducation, celle donnée par un père "très travailleur". "Je suis l'aînée de cinq enfants. J'ai donc toujours été la meneuse. J'ai toujours été responsable, car je devais m'occuper des autres. Cela m'a aidée", explique-t-elle.

Strass, paillettes et féminisme

Lindsey Vonn est un cas à part dans le ski féminin. Talentueuse, belle, star de son sport, charismatique, elle en est LE visage, l’ambassadrice. Plus que Lara Gut, qui entend suivre ses traces, ou Mikaela Shiffrin, l'autre star américaine, moins glamour. A Saint-Moritz, tout le monde veut lui parler, l’appelle, la hèle, espère un mot, une interview, un sourire. L’Américaine le sait. Elle en joue. Elle est l’une des seules à arpenter la zone mixte sans masque et casque, apprêtée, en arborant un sourire Colgate. "On n’est pas dans le même sphère, résume Tessa Worley, elle est plus jet-set. C’est sa célébrité qui veut ça".

L’ex de Tiger Woods est une star, une vraie. Les soirées mondaines ont quasiment autant de secrets pour elle qu’une descente de Coupe du monde. Les photos d’elle en tenues de soirée - encore une réminiscence de l’enfance où elle aimait être "très girly" - fleurissent dans les pages people. Aussi à l’aise sur tapis rouge que sur duvet blanc, elle ne voit pourtant pas ces deux mondes (le ski et les strass) de la même façon. "Quand je m'habille et que je suis invitée sur les tapis rouges, je n'ai jamais l'impression que c'est vraiment moi. C'est comme lorsque vous vous déguisiez, enfant. C'est de la fantaisie. Vous vous sentez belle, c'est excitant. Mais, ensuite, vous revenez à la maison, c'est fini. C'est sympa, mais ce n'est pas réellement moi. Mais j'aime ça. Et c'est fun de jouer le jeu (rires)", analyse-t-elle dans L’Equipe Magazine.

Face aux hommes?

Une exposition qui pourrait faire des jalouses. Tessa Worley n’est pas de cet avis : "Elle sert le ski féminin, ça le met en lumière et on a toujours envie de le mettre en avant". Ses photos de mode, parfois dénudées, sont autant de messages pour les femmes et l’acceptation de leur corps. C’est le message véhiculé par son dernier livre "Strong Is The New Beautiful". "Vous devez avoir confiance en vous, en ce que vous êtes. Je veux que les femmes s’acceptent pleinement. Qu’elles soient fières de leur corps", assène-t-elle.

Vonn où l’ambassadrice du Girl Power, une fille sûre d’elle, prête à défier les hommes sur les skis. "J'aimerais pouvoir faire ça en décembre 2018", révèle-t-elle. Pour elle, pour se tester, pour le défi. Pas pour prouver qu’elle est la plus grande skieuse de son époque, juste pour s’améliorer. Et pour montrer aux femmes qu’elles peuvent. Si la FIS accepte, ça sera après les JO de PeyongChang, son "grand but". 2018, c’est loin. D’ici là, elle aura sans doute garni encore son palmarès. Dès ce dimanche?

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