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Luc Alphand: "Le ski français n'est pas à la cave"

Consultant de France Télévision pour ces Mondiaux de Schladming, Luc Alphand nous a expliqué les raisons de la réussite française en Autriche. L'ancien vainqueur de la Coupe du monde se félicite de cette embellie.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
 

"Ce n'est pas évident d'expliquer la réussite française sur ces Mondiaux 2013 alors que ni Gauthier de Tessières ni David Poisson ni Marion Rolland n'étaient attendus. En fait, ça dépend du contexte. A Vancouver, le ski français arrive avec des ambitions de médailles et on fait choux blanc. La DTN vend des médailles potentielles en se basant sur les podiums des épreuves de Coupe du monde alors qu'on sait bien que tout est aléatoire en ski alpin. Le Jour J est plus difficile à appréhender que le 100 m en athlétisme ou en natation.

Présents le Jour J

Il y a des paramètres extérieurs difficiles à manier: il peut y avoir des rafales de vent pour vous et pas pour celui d'après, du soleil qui part et revient, il peut neiger puis ça peut s'arrêter d'un coup, la neige peut être douce au début puis durcir ensuite (ou le contraire). C'est super dur de réussir en ski et notamment d'être champion olympique vu que c'est tous les quatre ans.

Après, les Français ne sont peut-être pas toujours assez joueurs par rapport à certains pays comme le Canada ou les Etats-Unis qui ont une culture du Jour J. Si tu n'es pas champion olympique ou du monde aux Etats-Unis, tu n'es pas grand-chose. Les skieurs français sont parfois un peu trop complexés, ce qui n'est pas le cas ici. Les trois médaillés de la première semaine ont un parcours différent.

Comme le Danemark 1992

Gauthier de Tessières ne savait pas trop avant qu'il allait courir. C'est un peu le Danemark 1992 à l'Euro foot. Il avait fait de ces Mondiaux son objectif mais il n'est pas sélectionné. Finalement, le téléphone sonne au dernier moment, le Super-G lui convient et il a un peu de "cul" au tirage au sort. Il a su saisir sa chance. C'est énorme.

David Poisson, c'est la médaille d'un mec qui travaille depuis longtemps. Il est revenu malgré les accidents, les blessures, le manque de forme. C'est un gros bosseur et les favoris étaient un peu moins bien ce jour-là.

Rolland, la revanche éclatante

Marion Rolland, c'est la médaille de la revanche. Elle était au fond du trou après Vancouver en 2010. Elle avait à cœur de prouver qu'elle pouvait le faire et elle a trouvé des ressources sur une piste qui lui convenait. Elle avait obtenu l'an dernier les deux seuls podiums de sa carrière en Coupe du monde à Schladming.

On a aussi des contre-exemples dans le ski français. En 2009, Jean-Baptiste Grange peut repartir avec deux médailles d'or de Val d'Isère. Les deux fois, il a eu la "nouille" entre les jambes alors qu'il allait plus vite. Certains grands favoris comme Tina Mazé, Svindal ou Ligety arrivent en leaders, avec une grosse force psychologique. Ils ne forcent pas, ils ont engrangé de la confiance avant.

Après, je ne suis pas d'accord avec certains observateurs qui minimisent les résultats des Français en Coupe du monde. Les résultats sont moyens chez les filles mais très bons chez les mecs avec Clarey, Théaux, Pinturault. On ne sera jamais l'Autriche mais on n'est pas à la cave".

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