ENTRETIEN. Mondiaux de ski - Jean-Baptiste Grange : "J'ai les jambes pour aller chercher la médaille en slalom"
Bonjour Jean-Baptiste, comment ça va mentalement et physiquement avant le départ de ce slalom ?
Jean-Baptiste Grange : "Tout va bien. On a eu deux semaines de break depuis Chamonix, ça a fait du bien après neuf courses en un mois et dix jours, avec beaucoup de trajets. J’en suis sorti bien rincé, surtout à 36 ans (rire). Pour nous, slalomeurs, les Mondiaux c’est particulier parce qu’on passe toujours le dernier jour. Il faut savoir gérer l’attente, rester tranquilles. On voit les copains attaquer, certains faire des résultats et nous on est devant la télé, impatients. Après moi, ça va, j’ai été bien occupé cette semaine. On s'est entraînés pas loin de Madonna di Campiglio."
Cortina, ce sont vos sixièmes Mondiaux. Comment les abordez-vous ?
JBG : "Assez sereinement, puisque c’est une course que je connais bien. En cinq championnats du monde, j’ai eu trois médailles (le bronze en 2007 et l'or en 2011 et 2015) donc j’ai envie de me servir de cette expérience pour donner le meilleur. En plus, j’ai 36 ans, j’arrive sur la fin de ma carrière, donc je n’ai pas de pression de résultat. Je suis capable d’être dans le coup, mais pour cela il faudra se mettre dans les bonnes conditions. Sur une course d’un jour, c’est particulier, il y a une tension différente, plus de nervosité et de motivation pour tout le monde. Mais sur le podium, il n’y a que trois places. J’ai le ski nécessaire dans les jambes pour aller chercher la médaille, mais il faut que les conditions soient réunies : la neige, le tracé, les sensations…"
Est-ce que c’est différent d’arriver à des Mondiaux quand on a déjà été sacré deux fois ?
JBG : "Oui. Paradoxalement, j’ai moins de pression parce que j’ai déjà gagné. Surtout que j’ai vécu la pression extrême en 2011, où j’étais dans une forme telle qu’une deuxième place aurait été un échec. Aujourd’hui les choses sont différentes avec la fin de carrière, je ne suis pas du tout dans les favoris, mais j’ai envie. La pression je me la mets tout seul pour qu’elle soit positive, j’ai besoin de ça pour être focus sur la course. Il faut trouver le juste milieu : ne pas arriver trop détaché, trop libéré. Les Mondiaux, c’est la vérité d’une course : tu peux être le meilleur skieur du monde et ne pas être médaillé pour autant. Ce slalom, cette médaille, il faut aller les chercher."
À 36 ans, on peut se poser la question : serez-vous là aux prochains mondiaux à Courchevel en 2023 ?
JBG : "Aujourd’hui, je suis dans un processus de réflexion qui avance, je n’ai pas forcément envie de trop me projeter. Après c’est vrai que ma vie a changé un petit peu, j’ai une petite fille de cinq mois et demi. Ca fait un ou deux ans que j’ai un peu plus de mal à partir de la maison, à être en déplacement, tout le temps dans les valises, ce qui est normal à 36 ans. Le processus est en cours, mais pas encore fini : je suis focalisé à bloc sur la course. Après, c’est sûr que Courchevel 2023, ça fait loin".
Vous partagez votre chambre avec Clément Noël en Coupe du monde. C'est l'héritier du slalom français ?
JBG : "Clément, je l’aime bien, c’est quelqu’un de calme, toujours détendu. Il ne se prend pas trop la tête, il profite de la vie. C’est très plaisant de le côtoyer. On est sur la même longueur d’onde. Il est assez drôle. Quand tu arrives à 34, 35 ans, ce vent de jeunesse qu'il t'inflige fait du bien. Il a l’insouciance de la jeunesse. J’essaie de lui amener une certaine sérénité, mais je ne suis pas là pour l’entraîner. Nos discussions nous sont utiles à tous les deux. Son début de saison en demi-teinte l'a un petit peu perturbé. On en a parlé avec les coaches, il restait sur deux ou trois années de réussite où tout allait bien, mais une carrière de haut niveau ce n’est pas que ça. Il est en période d’apprentissage là, il en sortira plus fort pour gagner encore plus régulièrement. Pour moi, ça reste ce qui se fait de mieux au niveau mondial en slalom en ce moment."
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