Biathlon : qui est le Français Eric Perrot, qui a décroché à 22 ans sa première victoire en Coupe du monde ?
Il a rejoint les annales du biathlon français. Sur les pistes de Soldier Hollow, dans l'Utah (Etats-Unis), Eric Perrot a signé sa première victoire individuelle en Coupe du monde, samedi 9 mars, en remportant le sprint (10 km) devant un autre tricolore, Emilien Jacquelin. A seulement 22 ans, il se présente de plus en plus comme l'avenir du biathlon masculin français.
Aux Etats-Unis, il a aussi débloqué la machinerie des Bleus, enrayée depuis le 10 mars 2022, date de la dernière victoire française, chez les hommes, sur une course individuelle de Coupe du monde. A l’époque, Quentin Fillon Maillet, fort de ses cinq médailles olympiques raflées à Pékin, remportait le sprint à Otepää, en Estonie. "Je suis tellement fier de le faire à deux [avec Emilien Jacquelin], de faire le premier doublé de la saison (...) J'avais besoin de voir ce que c'est d'être devant et c'est la première fois que ça m'arrive, je suis tellement content, a réagi le biathlète au micro de La Chaîne L'Equipe. Les prochaines étapes, je vais essayer d'être plus régulier. Je vais prendre cette victoire et, dès demain [dimanche], j'ai une nouvelle chance de pouvoir le faire."
Seule la victoire compte
Ce succès intervient trois ans après ses débuts en Coupe du monde. "C'est fou. Cela fait un moment que j'en parle, que je dis que je cours après ça [une première victoire]. Je m'étais promis de ne pas finir cette saison sans en avoir gagné une, j'y ai pensé dans le dernier tour", a encore expliqué tout sourire le jeune biathlète. Objectif atteint à un week-end de la fin de la saison.
Jusqu'ici, Eric Perrot n'avait pris qu'une troisième place lors de la mass start à Östersund (Suède), en mars 2023. Cette saison, il a terminé à deux reprises au pied du podium, lors de l'individuel à Oslo (Norvège) la semaine passée, et lors du sprint aux Mondiaux de Nove Mesto (République tchèque) en février. Une montée crescendo enfin payante. "C'est quelqu'un de très mature pour son âge. Il l'a montré aujourd'hui [samedi] avec une très belle gestion de course, il a su finir très fort, il a fait une très belle course à 100% de son potentiel du jour", a salué Simon Fourcade, l'entraîneur des Bleus.
Une histoire franco-norvégienne
Son potentiel, Eric Perrot le travaille et l'affine depuis des années. Et il a de qui tenir. "Mes deux parents ont pratiqué à haut niveau, j’ai un peu grandi là-dedans", expliquait-il à Nordic magazine en mars 2023. Sa mère, l'ancienne athlète norvégienne Tone Marit Oftedal, a été sacrée championne du monde juniors du relais féminin en 1993, avant de mettre un terme à sa carrière. Son père, le Français Franck Perrot, vainqueur de l’individuel en 1992, est devenu le premier tricolore champion du monde junior. Son autre fait d'armes : une médaille de bronze en relais aux Mondiaux d’Antholz (Italie) en 1995. Mais pas de quoi intimider leur progéniture.
"Je suis vraiment détaché de ça. J’ai vraiment de la fierté par rapport à ce qu’ils ont fait, c’est génial. Mais j’écrirai mon parcours à mon rythme."
Eric Perrot, biathlèteà "Nordic magazine"
Il a presque toujours habité en France, en dehors d'une année en Norvège quand il avait 12 ans. Là-bas, il rencontre des futurs biathlètes professionnels, comme Martin Uldal, Eirik Idland et Martin Nevland avec qui il se lie d'amitié. Ces trois-là, restés sur le circuit secondaire, partagent avec Eric Perrot la même passion du biathlon et se disputaient les podiums chez les juniors.
Mais chez les jeunes, Perrot peinait à monter sur la première marche du podium, à l'inverse de ses amis."Il était beaucoup plus petit qu'Eirik ou Martin et en retard physiquement", se souvient son entraîneur de l'époque, Kent Trodal Borsheim. Mais ses capacités au tir lui ont permis de combler le retard sur les skis. "On savait que, le jour où il rattraperait son retard physique, il serait le plus fort", admettent ses amis d'enfance, qui le décrivent comme quelqu'un de "très motivé" depuis toujours, "en permanence prêt à apprendre" et "loyal".
Aujourd'hui, il prend ainsi sa revanche en brillant en Coupe du monde et même en IBU Cup (le circuit inférieur), où là, il bat ses amis norvégiens. "J’adore cette rivalité. Et avec Martin Nevland et Martin Uldal, c’est encore plus spécial. On est amis d’enfance, donc c’est d’autant plus fort que contre quelqu’un de mon pays", confie-t-il. Avec sa double nationalité, le natif de Bourg-Saint-Maurice (Savoie) se sent "fier" de courir pour la France, car "la maison, c’est en France, appuie-t-il, même si je me sens naturellement chez moi en Norvège".
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