Alexis Pinturault, l'ambition géante
"Je ne vais pas trop en faire à l’approche des Jeux". Avant Sotchi, Alexis Pinturault voulait être prudent. Se préserver. Une volonté qui ne l’a pas empêché de remporter le dernier Super-Combiné avant les Jeux à Kitzbühel. Lui qui souhaitait "commencer correctement l’hiver" avant d’anticiper un quelconque objectif à Sotchi a parfaitement tenu son rang : deux victoires (Kitzbühel et Wengen en slalom) et trois podiums. Plus largement, dans ses disciplines de prédilection (super-combiné, slalom, et slalom géant), il n’est jamais descendu au-delà de la 5e place en Coupe du monde cette saison. Cela n’a donc surpris personne quand il a annoncé qu’il renonçait au Super G aux JO. "Ces trois disciplines sont celles où je peux faire bonne figure", annonçait-il en début de saison. Cela s’est traduit dans les faits. Et s’il n’arrivera finalement pas aussi frais qu’espérer, les podiums et les bons résultats l’ont boosté.
Nouveau Killy
Les anciens et les modernes concordent: Alexis Pinturault est peut-être le polyvalent, le plus doué skieur que la France ait produit depuis un demi-siècle. L'éventuel triplé qu'il pouvait espérer l'aurait fait entrer dans la cour des très grands, où siège notamment Jean-Claude Killy. Pour sa première olympiade, l’exploit aurait été majuscule ! Le rapprochement avec le triple champion olympique en 1968 à Grenoble, est tentant, en terme de qualité et de polyvalence. Mais la comparaison avec Killy et les stars des années soixante a ses limites. "Le physique a pris une importance considérable. On a affaire désormais à des mutants, de véritables spécialistes, en slalom notamment", souligne un entraîneur. Le skieur de Courchevel cultive de grandes ambitions et entend laisser sa trace dans l'histoire. Il est le premier convaincu de ses qualités. Au point d'apparaître prétentieux, quand il répète, avant chaque course: "je viens pour gagner". C'est dans sa nature et son éducation. "Simplement Alexis ne supporte pas de perdre", soulignait à l’AFP son père Claude, hôtelier cinq étoiles dans la station savoyarde, repère préféré de Russes fortunés.
Chien fou
Le père, comme la mère, norvégienne, ont joué leur rôle dans cette course à la victoire. Un comportement et un palmarès qui, à 22 ans, impressionne déjà. "Il a de la dynamite dans les jambes", souligne, admiratif, l'ancien Julien Lizeroux, double vice-champion du monde 2009 (slalom et super-combiné). Parfois, cela lui a joué des tours. Des sorties de piste ça et là, notamment en début de saison. Et à Sotchi lors du Super Combiné. Il a fallu dompter la bête, ce "chien fou" selon l'expression de Gilles Brenier, directeur de l'équipe de France. La canaliser, mais aussi la protéger des attentes, aussi grandes que son ambition. "Conscience d’avoir changé de statut ? Ca fait un petit moment déjà. Ca ne me dérange pas. J’arrive à me détacher de tout ça. Les médias ? C’est bien mais ce n’est pas grâce à eux que je skie. Il faut que je pense à moi", tempère-t-il. C’était avant le super combiné. Son 23e chrono en descente et sa sortie en slalom ont un peu déçu. Cinq jours après, il retourne en piste avec toujours la même ambition : gagner.
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