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Les salles de sport finalement ouvertes à Rennes, pourquoi ?

Le tribunal administratif de Rennes a annoncé ce jeudi matin la suspension de l'arrêté préfectoral sur la fermeture des salles de sport dans la ville bretonne. Cette décision était particulièrement attendue par les professionnels du secteur, et pourrait faire boule de neige. Explications.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

• Pourquoi les salles de sport sont-elles fermées ? 

Dans les départements en alerte renforcée ou maximale, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé mercredi 23 septembre de nouvelles mesures visant à freiner la propagation de la Covid-19. Parmi elles, la fermeture des salles de sport et gymnases. Ces mesures ont été mises en application dans les zones concernées par des arrêtés préfectoraux ces derniers jours, interdisant ainsi l'accès à ces espaces de pratique sportive, à l'exception des activités scolaires, aux sportifs professionnels et espoirs, ainsi qu'aux mineurs dans les clubs amateurs. Ce sont donc les préfets au cas par cas qui décident de l'application des mesures et jusqu'à quel point.

• Quelles actions ont été menées par les professionnels du secteur ?

Déjà mises en grande difficulté par le confinement, les salles de sport privées ont très mal vécu ces interdictions prises "sans concertation" rappelle Thierry Doll, président de l'organisation France Active – FNEAPL, seule organisation professionnelle de clubs de sports loisirs. Elles refusent tout d'abord d'être pointées du doigt et de trinquer, au même rang que les restaurateurs et patrons de cafés. "D'énormes investissements ont été réalisés dans les salles pour maintenir la meilleure sécurité sanitaire possible. Nous sommes des très bons élèves", assure Thierry Doll.

Outre le déficit d'image causé, la situation financière des établissements risque également de s'aggraver fortement à la suite de ces mesures gouvernementales. "Cette fermeture a été décidée sans discernement. Elles arrivent qui plus est au plus mauvais moment, quand les salles renouvellent les abonnements. Elles reçoivent désormais chaque jour beaucoup de demandes de résiliations. On se porte totalement en faux vis-à-vis de ce message malheureux sur la dangerosité des salles de sport. C'est un effet ciseau très négatif, qui risque d'entraîner la mise en péril de certaines entreprises." France Active – FNEAPL et plusieurs enseignes ont ainsi déposé des référés en justice, dans 16 régions. 

• Pourquoi l'arrêté préfectoral a été suspendu à Rennes et non à Bordeaux, Nice ou Lille ?

La décision rendue jeudi par le Tribunal administratif de Rennes a de quoi surprendre. Mercredi, ceux de Bordeaux et de Nice avaient débouté les actions en justice déposées par les clubs de sport. Le juge des référés a appuyé sa décision en avançant que "la liste exhaustive des foyers de contamination recensés en Bretagne au 11 septembre 2020, en cours d'investigation ou maîtrisés, ne comporte aucun établissement de cette catégorie". Pour l'instance, "les salles privées de sport ne peuvent pas être regardées comme des lieux de propagation active du virus Covid-19". "C'est un premier pas, nous sommes très satisfaits. Enfin, le tribunal administratif a été sensible à nos argumentations" se réjouit Thierry Doll.

Le président de France Active – FNEAPL explique cette décision comme étant "seulement" la première dans ce sens pour des motifs techniques, notamment à Bordeaux. "Des éléments n'avaient pas été joints à ce premier jugement. Nous avons amené depuis d'autres éléments au vu du jugement de Bordeaux. On nous a opposé que des cas de cluster avaient été détectés dans des salles de boxe thaï et de danse. Mais aucun cluster ne s'est déclaré dans les salles de sport comme celles de fitness. Il y a des attentes spécifiques des pratiquants de sport indoor comme les 5 de Football ou l'escalade, mais les salles de fitness ont des grands espaces. Ce n'est donc pas la même chose que sur une surface moins large."

Chaque référé est traité au regard de la situation de chacun des territoires et l'appréciation des faits est laissée à chacun des juges des tribunaux administratifs. Celui de Lille a ainsi décrit l'arrêté préfectoral du Nord comme "pas disproportionnée au regard de l’objectif de protection de la santé publique poursuivi". A Nice, la justice est, elle, allée à l'exact opposé de la décision du tribunal de Rennes, évoquant que les clubs de sport n'avaient produit "aucun élément vérifiable démontrant que les établissements sportifs couverts ne seraient pas des espaces propices à la propagation du Covid-19."

• Et maintenant ?

11 décisions sont attendues au total rien que sur la journée de mercredi, comme à Lyon ou Grenoble. Rien ne garantit que la justice suivra la voie ouverte par le juge des référés de Rennes et ne suspendent les décisions de fermeture des clubs de sport et des gymnases. "Le combat continue, nous avons d'autres fers au feu" martèle Thierry Doll. Outre les actions judiciaires, les professionnels du milieu sportif ont noué le contact avec les autorités ministérielles pour échanger sur la situation. "Depuis la semaine dernière, on a le sentiment d'avoir été entendu, par le ministère des sports, par Matignon, par l'Elysée… Nous étions encore tard en réunion mercredi soir avec la ministre Roxana Maracineanu."

L'Etat a d'ores et déjà prolongé les mesures de chômage partiel afin de garantir la rémunération des employés des clubs de sport, mais aussi un renforcement du fonds de solidarité à la filière. "Les aides économiques, elles ont le mérite d'exister, on en salue l'initiative, retient Thierry Doll. Mais au-delà, ce que l'on se demande, c'est simplement de pouvoir travailler. Le fonds de solidarité est bien trop juste pour couvrir toutes les charges des clubs. 10 000 euros par mois, cela ne couvrira même pas le loyer des plus gros clubs. Et là, l'effet de deuxième vague économique serait très dangereux." Un impact que le juge des référés de Nice a jugé "limité" à cause des aides gouvernementales.

Désormais, les différentes décisions devraient donner lieu à un long processus juridique puisque les parties perdantes devraient faire appel. "Le temps que ce soit jugé en cassation, la période de fermeture sera finie" déplore le président de la seule organisation professionnelle des clubs de sport.

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