Semelles en carbone, ski dynamique, foil... Cinq innovations dans le sport dont vous entendrez parler en 2021
À quoi va ressembler le sport dans dix ans ? Évolution, révolution, amélioration... franceinfo vous présente cinq innovations dans différentes disciplines.
De nouvelles règles, de nouveaux matériaux, de nouvelles façons de faire, le sport évolue avec son temps. Alors que nous entamons une nouvelle décennie, voici cinq nouveautés qui marqueront les prochains mois et prochaines années.
Ski alpin : le DLC
Le DLC, ou "Dynamic Line Control", est un bras qui agit comme un piston pour plaquer l’avant du ski à la piste, pour lui apporter stabilité, accroche et puissance. Pour l'instant, seules deux skieuses professionnelles l'utilisent : la Slovaque Petra Vlhová et la Française médaillée d'or Tessa Worley. "C'est une technologie qui permet de limiter les vibrations lors des chocs des skis sur la neige dure et bosselée, explique Dylan Stari, l’un des techniciens de l’équipe de France de ski alpin. C'est fixé de la spatule à la plaque. Mais la matière... Malheureusement, je ne peux pas la dire, c'est secret."
Cette nouvelle technologie reste encore indisponible pour le grand public. "C'est un produit très rigide et il faut avoir une très grosse capacité physique et technique, explique Dylan Stari.
"Tessa Worley l'utilise depuis quatre ans, elle a été la seule pendant deux, trois ans à l'utiliser et avec ça elle a absolument tout gagné."
Dylan Stari, technicien de l'équipe de Franceà franceinfo
Cet aspect technique ravit d'ailleurs la championne française : "J'aime beaucoup travailler sur le côté technique du matériel. Mais en tant qu'athlète, il faut faire la part des choses et arriver à différencier le matériel, pour savoir s'il nous aide dans notre recherche technique ou si, à l'inverse, il nous dessert." Aujourd'hui, il est possible d'utiliser le DLC, mais il faut compter 2 000 euros pour l'adapter sur une paire de skis. Et il faut avoir un excellent niveau.
Sports nautiques : le foil
C'est une technologie qui existe déjà depuis plusieurs années, mais qui se développe à grands pas : le foil, qui permet de s'élever de quelques centimètres au-dessus de l'eau. Le windsurf devient wing-foil, le kitesurf devient kite-foil, le stand-up paddle s'équipe lui aussi d'un "bras" pour voler... Tout comme les plus gros bateaux, comme sur le Vendée Globe par exemple.
Le foil permet en fait de réduire la traînée dans l'eau et donc d'augmenter la vitesse. Développée dans les années 80, longtemps expérimentale, cette technologie est devenue aujourd'hui incontournable. "Avant, on en rêvait devant des ordinateurs et là, le truc génial c'est que le bateau en modèle numérique arrive dans la vraie vie", se réjouit Luc Talbourdet, qui dirige Avel Robotics, une entreprise de fabrication de foils basée à Lorient (Morbihan).
Le foil entraîne de meilleures sensations sur l'eau, pour le grand public, mais aussi de meilleures performances pour les professionnels : "À terme, on va avoir des bateaux qui volent tout le temps", promet Luc Talbourdet.
Tennis : la règle du "no ad"
En matière de tennis, le champ d’expérimentation est inépuisable. Il est question des matchs en deux sets gagnants, des sets de quatre jeux, du coaching, du "super tie-break", d’une seule balle au service... Mais de toutes les règles plus ou moins sérieuses testées, il y en a une qui pourrait être instaurée à plus ou moins long terme, c’est celle du "no ad".
"No ad" est la contraction en anglais de "no advantage". Quand, dans un jeu, les deux joueurs sont à égalité, 40 partout, ils ne se disputent plus le point de l’avantage, mais ils jouent immédiatement un point décisif pour remporter le jeu. Le "no ad" est aujourd'hui en vigueur en double dans tous les tournois, hors Grand Chelem. Peut-on l'instaurer en simple ? "Cela raccourcit un peu les matchs, de ce point de vue je pense que c'est une bonne décision, assure le joueur Pierre-Hugues Herbert.
"Cela amène encore plus de stress, de palpitation, ça peut ajouter quelque chose au spectacle."
Pierre-Hugues Herbertà franceinfo
Car l'objectif est bien de réduire la durée des matchs, les rendre aussi plus attractifs et plus spectaculaires, pour attirer un public plus jeune. "Moi je l'essaierai. Cela permettrait au public d'être toujours sur le qui-vive, avec toujours un moment d'électricité, affirme de son côté Nicolas Mahut. Les télés seraient aussi intéressées, parce que ça réduirait considérablement la durée des matchs."
"Quand on a instauré le tie-break, les traditionnalistes s'étaient élevés contre ça, en disant qu'on enlevait l'essence du jeu", se souvient Jean-François Caujolle, le directeur de l'Open 13 de Marseille. "Je pense que le 'no ad' ajouterait aujourd'hui un peu de piment et de suspens supplémentaire." Pour l'instant, il n'est pas question que le "no ad" soit instauré en simple, mais l'idée fait son chemin.
Athlétisme : les semelles en fibre de carbone
Elles sont apparues en compétition il y a un peu plus d'un an : ce sont des chaussures qui disposent d'une semelle en fibre de carbone. Les spécialistes de course de fond les ont utilisées en premier, avec des performances spectaculaires, notamment dans les marathons. Dans un proche avenir, ce sont les sprinters qui vont bénéficier de cette nouvelle technologie. Entraîneur emblématique du sprint tricolore, Guy Ontanon en précise les avantages : "Cela va permettre un meilleur renvoi sur la piste, c'est-à-dire que le temps de réponse que l'on va avoir au moment de la reprise de contact et la phase de renvoi va permettre de gagner à la fois en puissance, à la fois dans les longueurs de foulées et dans les temps de contact également."
Il n'y a pas que sur les semelles des chaussures que l'on cherche à innover. En collaboration avec une société spécialisée, Guy Ontanon travaille depuis quelques semaines sur l'amélioration des pointes, qui se trouvent sous ses semelles : "Aujourd'hui, la plupart des équipementiers équipent les chaussures avec des clous 'droit', sans se préoccuper du type d'attaque et de type de course de chaque sprinter, qui est totalement individualisée, particulière, singulière."
"Je veux bien qu'on aille vers un sport plus spectaculaire, plus dynamique, plus télégénique. Mais il ne faut pas dénaturer non plus les bases de l'athlétisme."
Stéphane Caristan, ancien athlèteà franceinfo
Des voix se sont élevées ces derniers mois pour critiquer cette course à l'innovation. Certains ont même parlé de dopage technologique. Pour Stéphane Caristan, ancien champion d'Europe du 110 mètres haies, il faut en effet être vigilant pour ne pas dénaturer l'athlétisme : "On est un sport chronométrique, si tout le monde a ces chaussures-là, la hiérarchie restera la même. Mais il ne faut pas que ce soit un sport de riches, parce que ces chaussures coûtent jusqu'à 500 euros la paire et tout le monde n'aura donc pas les moyens de se payer ces chaussures."
La fédération internationale d'athlétisme a mis en place l'été dernier un groupe de travail sur les nouvelles chaussures. Il réunit des experts mandatés par la fédération et des représentants des fabricants de chaussures, avec pour objectif d'établir si possible des garde-fous et de contrôler ces évolutions technologiques.
Cyclisme : la préparation aux fortes chaleurs
Le sport n'échappe à la problématique du réchauffement climatique. Les fortes chaleurs, le thermomètre qui dépasse les 40 degrés et fait fondre le bitume, les coureurs y ont bien sûr déjà été confrontés, comme lors du Tour de France 2019. "40 degrés parfois, c'est plus dur encore que monter certains cols", décrivait à l'époque Stéphane Rossetto.
Mais avec le réchauffement climatique, Thierry Gouvenou, en charge du tracé du Tour de France, mais aussi président du rassemblement des organisateurs de courses cyclistes, est bien conscient que ces phénomènes vont s'accélérer dans les prochaines années : "Par exemple, nous qui organisons des courses au Moyen-Orient, on sait très bien qu'on ne peut pas aller au-delà du 15 mars. On n'ira pas très au sud pour un départ du Tour de France, sachant qu'on pourrait tomber sur des températures à plus de 40."
"Clairement, on sait que ça va nous arriver de plus en plus souvent."
Thierry Gouvenou, en charge du tracé du Tour de Franceà franceinfo
Pour les coureurs, il s'agit d'apprendre à affronter au mieux ce genre de conditions climatiques. Cela fait désormais partie intégrante des préparations de la saison, au même titre par exemple que les stages en altitude pour aborder la montagne, explique Jacky Maillot, le médecin de l'équipe Groupama-FDJ : "Au mois de juin, on fait travailler les coureurs en ambiance chaude, soit de manière passive, donc on fait du sauna régulièrement pour habituer le corps à de fortes chaleurs, soit des entrainements en milieu très chaud. Cela crée des adaptations qui servent après."
Quant aux organisateurs, pas question pour le moment de bouleverser le calendrier, ou d'envisager des départs d'étape aux aurores ou tard le soir pour éviter les fortes chaleurs, mais un protocole a été créé par l'Union cycliste internationale (UCI), en cas de conditions extrêmes en course. Mais le plus difficile à gérer pour les organisateurs, ce sont les conséquences du réchauffement climatique, les orages qui en découlent, difficilement prévisibles même avec l'aide de tous les outils météo.
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