Sécuriser un marathon, une mission quasi impossible
"Il n'y a rien à faire contre un attentat a la bombe ou une voiture piégée dans les espaces ou se trouve un public important", affirme Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), pour qui le seul moyen d'éviter un tel drame se trouve "en amont", par "le renseignement pour détecter les préparatifs d'un attentat". "A moins d'avoir une menace précise ou des éléments faisant craindre un attentat, ce qui peut entraîner l'annulation d'un tel événement, sécuriser entièrement un marathon, ce n'est pas possible", corrobore une source policière.
A la fois en raison de la longueur du parcours (42,195 km), des participants et du public, l'équation est complexe. A Athènes en 2004, lors du marathon olympique, un spectateur avait surgi de la foule pour ceinturer le leader de la course, le Brésilien Vanderlei de Lima. L'incident avait montré les failles de sécurité inhérentes à ces épreuves sportives. A Paris, les organisateurs du marathon de Paris, qui s'est tenu le 7 avril, travaillent en étroite collaboration avec les services de la préfecture de police de Paris en amont de l'événement.
"Les réunions qui se passent avec la police sont plus des réunions de coordination de plans de circulation, qui concernent le parcours, le nombre de signaleurs mis en place, les forces de police mises à disposition pour garder les carrefours, etc. La sécurité que nous, nous assurons, c'est plus une sécurité au niveau du confort des coureurs, dans le domaine médical", explique à l'AFP le directeur du marathon de Paris Joël Lainé. "Nous travaillons sur le parcours et sur les zones de rassemblements. Mais le contrôle des participants et des spectateurs reste impossible", assure une source policière.
Problématique pour les services de police
"Il n'y a que les services officiels et la police qui peuvent avoir des éléments et qui peuvent nous demander d'annuler et même nous interdire d'organiser un marathon", résume M. Lainé. Il existe un précédent à Paris. En raison des menaces pesant sur la France, liées à son intervention en Irak, le marathon avait été annulé en 1991. "En 1991, nous avons été alertés par les services de police. Le directeur de cabinet de Jacques Chirac, alors maire de Paris, était l'ancien N.2 des services spéciaux et était parfaitement bien informé", raconte Joël Lainé. "Nous avions eu des bruits qui nous sont revenus concernant des menaces d'attentat. C'est la raison pour laquelle nous avons pris la décision de ne pas programmer le marathon, considérant dans un mouvement de foule important, n'importe qui pouvait pénétrer la foule et perpétrer un attentat", explique-t-il.
Mais lorsqu'aucun renseignement alarmant ne remonte, il s'agit alors d'une gestion sécuritaire classique d'une foule qui est par nature problématique pour les services de police. "On ne peut pas fouiller tout le monde ni poster un policier tous les 100 mètres du parcours", explique notamment une source policière. Un constat partagé par Frédéric Gallois, un ancien commandant du GIGN, qui assure que contrairement aux stades de football et d'athlétisme, où "le contrôle et la fouille des spectateurs sont possibles a l'entrée", cela ne peut se faire pour le public sur "un marathon ou sur le Tour de France".
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